Longe-côte trans-côtier vers Tatihou 333

Longe-côte trans-côtier vers Tatihou 333

6 septembre 2020 Randonnée 1

Longe-côte trans-côtier vers Tatihou    333

Le longe-côte est une pratique déjà ancienne, une marche dans l’eau, généralement au-dessus de la taille.
Comme son appellation l’indique, cette marche est censée longer une côte, et les pratiquants dosent l’effort en gérant la profondeur d’immersion, en variant la nature du terrain (le plus souvent du bon sable bien régulier !) en allant avec ou contre les courants côtiers…en jouant sur la saison, avec température de l’eau et les vents, la vitesse de progression, etc.
Mais bien sûr, il existe des variantes dont celle visant à passer d’une côte à une autre, c’est à dire plus ou moins perpendiculairement à ces côtes opposées. 
Cela suppose de gérer la profondeur en fonction de l’éloignement, de la marée locale avec toutes ses caractéristiques, et de gérer le temps de passage, là encore avec divers paramètres à intégrer…le longe-côte trans-côtier, assez différent donc,  pourrait alors plutôt se nommer « trans-côte » !
Nous l’avons expérimenté vers l’île de Tatihou.


Il s’agissait de franchir la chaussée du  » Run », une voie de roulage submersible de  1400 mètres en zone recouverte lors des marées , dont 1000 mètres entre les lignes de niveau zéro (marées moyennes).
Le « Run » (se prononce « rin ») est en fait le nom donné au fort courant qui s’établit entre l’île et le continent, et, par extension, la localisation du passage piétonnier carrossable, repérable sur carte IGN.
Dans cet espace de 1000 m, il y a une dénivelée d’environ 1,2 à 1,3 m au maximum, sur quelques dizaines de mètres seulement. Cela signifie que partant à pied sec ( à environ 20 mètres de la digue de Saint-Vaast-la-Hougue, niveau « zéro ») il y aura de l’eau à hauteur de poitrine, approximativement.
S’il n’y a pas de houle, bien sûr…
Cette traversée, compte tenu de la difficulté à marcher dans l’eau, de plus en plus immergé, sur fond gravillonneux, dure environ 15 à 20 minutes…voire davantage.
L’entamer à marée descendante est évidemment une garantie de facilité !
A marée montante, il faut davantage « calculer son coup »…car si le marnage est, par exemple, de 6 mètres, cela signifie qu’en marée montante, le niveau s’élèvera (approximativement) de 50 cm la première heure,  1 m la seconde heure, 1,5 m la troisième et autant la quatrième, puis à nouveau 1 m en cinquième heure et 0,5 m en 6 ème heure…
Il faut bien réaliser que, en 10 minutes, en mi-marée, le niveau s’élèvera de 20 à 30  cm ! (dans l’exemple pris ici)

Cette précision sécuritaire étant apportée, voyons l’intérêt et le bon côté des choses…
Tandis que 99% des gens renonceront à traverser face à la large langue de mer qu’ils observent, de plusieurs centaines de mètres, ou bien opteront pour une traversée payante (avec vente forcée de billet de musée) en navette nautique, les adeptes du trans-côte vont s’offrir une jolie traversée inimitable !


Le rituel amène à ne pas marcher pieds-nus, (bien que ce soit faisable) car les gravillons ou cailloutis ne sont pas tendres et peuvent amener des pertes d’équilibre.
Le plus souvent, porter un maillot de bain va faciliter les choses, il suffira de ranger les affaires à garder sèches dans un sac porté haut sur le dos ou carrément au-dessus de la tête.
On peut aussi, selon fréquentation (…) opter pour une nudité très agréable que l’on va développer progressivement, donc de plus en plus loin des regards restés au sec !
Il suffira de se revêtir tout aussi progressivement en s’approchant de la côte de l’île (et inversement).

A l’opposé, certains et certaines opteront pour une combinaison néoprène mince ou un « Shorty »…si eau trop froide !

Bien entendu, tout n’est pas toujours si facile, notamment si la transparence de l’eau et/ou l’agitation de la surface de l’eau ne permet pas de bien voir où on marche, car sortir de la chaussée du « Run » expose à trébucher méchamment dans des rochers ou dans des parcs à huîtres, dont bouts de ferraille très offensifs !

Mais aussi s’il fait très sombre et même…nuit ! Car bien sûr, c’est faisable de nuit…encore mieux !)
Tâter le sol de la semelle est un bon repère mais pas suffisant.
Il s’agira alors de démarrer au droit de la Rue du Bout-du-Fil (huîtrerie) et de suivre le cap 120° sur 1000 mètres environ pour atteindre la zone rocheuse de l’île dans laquelle il restera environ 400 m à 140° (mais cette zone se trouve encore à sec si on a pu passer à pied).
En revenant, évidemment, on inverse ! (cap 320°sur 400 m puis cap 300° sur 1000 m ).
Si traversée nocturne, nous recommandons de ne pas la tenter à marée montante, sauf si experts en la matière…. Surtout en vives-eaux !

Rien n’empêche de loger ses affaires dans un bidon ou un sac étanches et donc de ne même plus avoir à se préoccuper d’elles, ni même à les porter…ça flottera !

Rien n’empêche, si les conditions générales sont favorables, de pousser l’affaire encore plus loin en décidant alors qu’une partie sera nagée…dans ce cas, se méfier des courants latéraux, très actifs, qui feront dévier le nageur vers le Nord-Est à marée descendante, vers le Sud-est à marée montante…gare alors à la reprise de pied, là encore dans les parcs à huîtres qui sont des deux côtés de la chaussée du Run !!!

 

Si le « longe-côte » est soit une détente, soit un sport, voire une compétition, le « trans-côte » en est un ou une autre !
Il s’ajoute en effet une maîtrise des éléments divers qui le caractérisent, il s’ajoute un peu plus d’aventure donc de risque, un isolement voire une solitude que d’aucuns apprécient donc recherchent…et des sensations particulières, pourquoi s’en priver ?
Partout où deux côtes ou deux portions d’une même côte sont séparées par une langue de mer, le trans-côte est imaginable, selon le contexte, à apprécier…

 

Une réponse

  1. Davoult dit :

    Le run est le courant latteral. Pas le chemin caillouteux.
    Autre erreur : le courant est Est à marée descendante (Emmène vers la pointe de Jonville) et ouest à marée montante (emmène vers la grande jetée)

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