Aristide Béguine, bonjour ! 174

Aristide Béguine, bonjour ! 174

4 décembre 2018 Spéléologie 0

Aristide Béguine, bonjour de S.J.V. !

Aristide Béguine, brave homme admiré, puis moqué, puis oublié, puis réhabilité aux yeux de son village, nous a laissé quelques souvenirs de ses travaux d’hydraulicien, encore observables de nos jours…à – 30 m sous terre !
Divers textes errent çà et là sur Internet, à son sujet, pas toujours d’accord en tous points, et nous retranscrivons ici une synthèse la plus probablement proche du vécu de l’époque, sans plus de garantie…

Au XIIIème siècle, le village de Saint-Aubin-Château-Neuf connaît des difficultés d’approvisionnement en eau pour sa population croissante, dans la partie haute de la commune, la grosse source du lavoir n’étant guère pratique pour les habitants du « haut Saint-Aubin »…elle se situe à 189 m d’altitude et 300 mètres du centre-ville-Eglise le haut du village étant positionné à une altitude moyenne de 220 mètres…dure était la côte pour les porteurs d’eau !

John le survivant

En 1850, un sourcier-puisatier exceptionnellement doué, détecte la présence d’eau abondante au niveau du N°4 de la rue montant à l’église par le lieu-dit « la Collinerie »…après un creusement remarquable dans 29 mètres de craie dure du Cénomanien ( -90 millions d’années environ) les ouvriers perçoivent nettement près d’eux le ronflement d’une eau agitée, et perforent la paroi sud-est du puits pour découvrir, à moins d’un mètre,  la rivière souterraine qu’on dénommera bientôt « puits bouillant ». Cette dénomination viendra de ce que l’on entend bouillonner l’eau depuis l’orifice supérieure du puits, sauf quand elle est en forte crue, car il n’a  alors plus de communication à l’air libre avec l’extérieur.
Cette rivière peut en effet voir rapidement monter son niveau de 1 à 2 mètres, avec des maxima observés à + 7 m à ce jour…

On marquera ici un temps de grand respect pour cette science infuse de certains sourciers, et pour le travail titanesque des puisatiers capables de perforer des roches dures en une verticale quasi-parfaite et sur 1 m de diamètre…on imagine l’inconfort, la prise de risque, et la rudesse de la tâche !
C’est alors que notre bon Aristide Béguine habitant original de  Saint-Aubin-Château-neuf, à l’esprit inventif, va s’intéresser à ce puits et à ses bouillonnements et va entreprendre d’ explorer cette rivière souterraine vers  1882, ce qui, pour cette époque, n’était pas si évident que cela, monde peu connu, lourd de légendes et de croyances inquiétantes diverses, et avec des moyens d’éclairage peu fiables…il fallait oser !

Dodo la Sherpa

Non content d’avoir réussi (selon toute vraisemblance) à remonter le cours sur au moins 500 mètres, il va imaginer, étant hydraulicien de son état, de se servir de cette eau courante permanente pour construire un bélier hydraulique dans la galerie principale du Puits Bouillant , et pouvoir ainsi alimenter en eau, à peu de frais et pour un moindre effort, les quartiers en hauteur du village.
Il lui faudra d’abord convaincre autour de lui et même acquérir, en février 1887, le droit d’effectuer dans l’intérieur du Puits Bouillant «…tous les travaux , comme d’y poser tous les conduits et descentes de tuyaux nécessaire à faire monter l’eau, sans autre communauté que celle du puits. ».
Par principe, un tel dispositif est susceptible d’élever de l’eau 20 à 25 fois plus de hauteur que celle de la dénivelée de celle qu’il reçoit…bien moins facile dans la pratique !
Le procédé ne date que des années 1792, théorisé par Joseph Montgolfier, et très concrètement mis en pratique en 1857 par Ernest Bollée, qui le breveta. cette belle invention très « écolo » de l’époque, est donc encore très « jeune », et Aristide était donc un promoteur de la modernité ! Avec la troupe des inévitables sceptiques…!

Pour les curieux technologues : http://lagrenouillesavante.blogspot.com/2013/02/le-belier-du-chateau-de-cheverny.html

Gigi la Guibolle

Il semble probable que ce bélier ait fonctionné. Mais sa maintenance fut certainement difficile dans la rivière souterraine qui charrie diverses pierres et des blocs d’argile ainsi que du fait de l’ennoiement fréquent de la galerie, dont l’emplacement de l’installation forcément au point bas…Bien qu’on ne dispose pas de témoignages écrits, il semble que l’exploitation régulière de ce bélier n’ait pas duré bien longtemps…ni survécu à son promoteur et constructeur.
Aristide aurait également eu l’ idée d’une roue hydraulique alimentée par son bélier, afin de construire une usine près de  l’orifice du puits.  Ce projet n’a cependant jamais été mis en œuvre, selon toutes sources d’information connues.

Il avait probablement développé une passion pour le Puits Bouillant, qui l’aurait amené à l’idéaliser voire à le légendariser.  Selon ses écrits il en disait : « On peut aller à 5 ou 6 kilomètres » ou encore « il y a un puits où il y a des paillettes d’or ».
Cependant, ce scientifique ne pouvait à ce point se méprendre. On peut imaginer que « 5 ou 6 km » seraient plutôt « 5 ou 6 hm » et que ce n’est que le graphisme ou la lecture posthume qui en a été faite qui sont trompeurs.
Quant aux « paillettes d’or », nombre de spéléologues ou de subterranologues auront déjà observé de telles « images » sur des parois constellées de minuscules gouttes d’eau, selon l’éclairage, qui, à l’époque était celui de flammes « jaunes »…avec un enthousiasme un peu débordant, on peut facilement se leurrer ! Ou plaisanter !

Tételle Passe-partout

Il aurait aussi écrit « A cette distance il y avait un trou fait par une cascade que je n’ai pu franchir ». Tous ceux qui sont allés dans Puits Bouillant, peuvent penser qu’il s’agit du site « La marmite » à environ 500 m de l’entrée…mais on peut s’étonner qu’un tel explorateur se soit laissé arrêter par cet obstacle tout à fait mineur, qu’une simple canne suffit à sonder pour à peine 1 mètre de profondeur…et par une cascatelle d’à peine 80 cm…
On peut douter de ce qu’il ne soit pas allé bien plus loin !
Rien n’empêche aussi de penser qu’il soit allé vers l’aval…un aval qui se serait trouvé obstrué postérieurement à ses investigations…actuellement inaccessible, et qui comporterait plusieurs kilomètres et une grande et vraie cascade avec grande et vraie marmite jugées infranchissables ! On peut aussi rêver !

Aristide Béguine est donc considéré comme le premier explorateur connu de la rivière souterraine du puits Bouillant…mais rien ne permet de l’affirmer car on peut penser que les puisatiers (ou autres techniciens de l’époque) ne se sont pas gênés pour en explorer au moins une partie durant plus de 30 années avant lui ! 

Koko T’y est !

Il est inhumé le 26 mars 1895 à Saint-Aubin-Châteauneuf, seulement 8 années après son oeuvre, ce qui peut aussi expliquer qu’elle ne lui ait pas survécu bien longtemps, si elle posait trop de problèmes…Il serait mort dans une incompréhension générale et un méjugement regrettable de la population, comme bien souvent pour les « inventeurs originaux »… Pratiquement un siècle plus tard, le 23 mars 1993, sa mémoire sera cependant réhabilitée par l’inauguration d’une plaque commémorative posée au gîte du Puits Bouillant. 

Divers vestiges vont évidemment subsister, en dépit des récupérations des tuyaux de fonte ou d’acier, des pillages successifs, et on retrouve essentiellement quelques segments de conduites forcées vers l’emplacement du bélier, ainsi que le barrage très solide bâti au sortir d’une galerie basse.
Ce dernier a provoqué, durant plusieurs années, l’accumulation de tonnes d’argile sédimentée, qui avaient formé un lac. Des ouvertures pratiquées au bas du barrage ont permis l’évacuation progressive de cet amas, dont il persiste encore de belles banquettes latérales.
C’est tout cela que le groupe de découverte de SJV de décembre 2018 va pouvoir observer et comprendre, avant de poursuivre son chemin aventureux jusqu’à la salle du « restaurant »…dont voici le récit !!!

Kiki le guide…

 

« Au départ quant notre guide « sacré » nous a proposé cette excursion en remplacement d’une autre annulée pour des raisons juridico-administrativo-ecologiques….. il nous la vendue comme une promenade de santé quasiment horizontale (après une descente dans un puits de 29 mètres quant même), souterraine, avec de l’eau et de l’argile.

 Dans ma tête d’aventurier novice je me suis imaginé que nous allions visiter une sorte de centre de balnéothérapie ou de thalasso avec massage à l’argile, détente etc.

Que nenni, la « promenade » était bien différente ! Le terrain parcouru par une rivière était bien à-peu-près horizontal après le puits sans fond mais une horizontale plutôt du style « cross country » ou parcours du combattant souterrain !

Pas les tranchées (quoique…) mais plutôt ce qu’on appelle tout simplement une vraie grotte ou galerie en activité hydraulique. Oui de « l’hydro » il y en avait…et certains se sont même permis un bain quasiment intégral d’argile ou d’eau. Entre le type de roche (craie cénomanienne, 90 millions d’années) et l’âge de la galerie (???) je pense, cette galerie avait finalement peu de concrétions dans les parties inférieures visitables mais le dépaysement et le plaisir d’y être étaient totaux.


 J’ai eu cette sensation rare d’être de nouveau « ailleurs » sans avoir pris aucune substance illicite ou hallucinogène (pour ceux qui suivent, les champignons, c’était la dernière fois). Ma première impression de spationaute était plutôt que notre équipe avait échoué cette fois-ci à l’intérieur d’un astéroïde fou !

Mes ressentis suivants ont plutôt été dans le dépassement de soi et de tout simplement pouvoir se dire plus tard « je l’ai fait »et ça pour un grand sportif comme moi c’est quasiment unique et tellement intense…

La galaxie est très vaste mais je pense avoir déjà atteint une bonne partie de mes limites…Cependant je ne renonce pas à certains types de « suites » bien sûr ou je me laisserai encore plus émerveiller, mais ou les faiblesses de mon organisme bien éprouvé seront un peut moins mises au défi.

Pour en revenir à cette grotte d’aventure, oui, en plus de l’eau il y avait de l’argile et l’argile… ça glisse parfois et ça colle parfois aussi, si bien qu’au bout de quelques minutes nous avons vite ressemblé a un mélange d’êtres des cavernes et de statues gigotantes de pierre. La « chose » de Marvel en quelque sorte (pour ceux qui connaissent). 

Pour finir mes explication, nous n’avons pas non plus eu droit aux massages à l’argile mais plutôt à la fin de l’expédition, avant la remontée, à un brossage mutuel ou, là encore la situation incongrue et la bonne ambiance ont fait miracle pour emplir nos têtes de rires et de dépaysements. !

 

Pour mes amis d’aventure, que j’ai beaucoup sollicités, et qui ont fait preuve de solidarité et d’un dévouement mutuel à mon égard, devenu si rare à notre époque troublée, je livrerai juste deux petite pensées philosophiques à ma sauce :

C’est quand on est coupé du monde que l’on voit le mieux la beauté de ce monde.
Et…Cette aventure non grot(t)esque fut pour moi « Effroyablement géniale ».

Encore merci à tous et toutes et un gros merci à notre merveilleux et presque magique guide et Ami ! « 

C’était enfin fini pour moi, ce soir-là, mais j’ai encore tenu jusqu’à minuit, choucroute garnie et diaporama au programme !

Moi….JOHN…le survivant ! 🙂 !

 

 

 

 

  ET c’est le banquet final annoncé…!

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