Histoire d’une prospection réussie 134

Histoire d’une prospection réussie 134

2 mai 2018 carrières diverses Spéléologie 0

Histoire d’une prospection réussie

Histoire vécue par le groupe CARAC-RASC, en 7 étapes, qui illustre bien la démarche et la progression d’une équipe de prospection en recherche de cavité naturelle ou artificielle, parfois hybride.

Etape N°1 : le repérage de terrain.
Cette étape est souvent précédée d’une suspicion d’existence de cavité, par ouï-dire ou suite à des lectures ou observations fortuites qui laissent penser qu’il y a une ou plusieurs cavités possiblement visibles voire accessibles. En l’occurrence, des balades dans un bois, pour photographies naturalistes, quête de champignons, ou détectorisme amateur finissent pas amener un membre CARAC devant une ouverture d’environ 1,2 m de diamètre, à flanc de falaise, encombrée de végétaux et dotée d’une grille inamovible fortement scellée. Il pense aussitôt à une ex-entrée en cavage, donc à une carrière abandonnée. Etant seul ce jour-là, et peu équipé, il se contente de bien repérer l’accès et de prendre des photos…dont une à bras tendu et au flash qui révèle une suite verticale de quelques mètres. Il transmet alors les clichés à des personnes susceptibles d’en tirer des informations et/ou de contribuer à une investigation plus avancée. L’histoire ira-t-elle plus loin ???

Etape N°2 : L’analyse des données et première opération de reconnaissance

Une équipe de deux s’est formée après que diverses informations aient été recensées.
Une situation géographique précise a été réalisée, dont l’altitude, élément important car rapporté ensuite à une carte géologique. Il ressort de cette étude documentaire que l’orifice se trouve dans la série marno-gypseuse du Bassin Parisien, et à la base de la strate de haute masse. Il s’ensuit une forte probabilité que la cavité artificielle découverte soit un accès à la seconde masse gypseuse, situation assez fréquente, les carriers partant d’un front de taille de première masse pour descendre à la seconde par cavage. D’autres recherches sont menées par Internet, dont Plan de Prévention des Risques souterrains, fonds de cartes postales anciennes, témoignages recueillis par les Sociétés d’histoire locale…qui, sans apporter  plus de précisions, viennent conforter l’hypothèse.
Rendue sur le  terrain, l’équipe entreprend une entrée physique, sans avoir à forcer l’ouverture, un passage suffisamment large s’étant formé latéralement par érosion de la roche gélive hiver après hiver…
Le début est bien un petits puits vertical d’1 mètre de diamètre dans la paroi duquel persistent des moignons de barreaux métalliques permettant aisément de descendre à un palier terreux pentu, 3 mètres plus bas. Ce dernier donne accès à un tunnel pentu de 1 m de largeur et encore haut de 50 à 80 cm que l’on peut parcourir sans difficulté sur une distance de 4 à 5 m avant de trouver un second puits de même diamètre, porteur, lui aussi, de moignons de barreaux. Ce puits se révèle comblé de matériaux naturels, roches et terres, déversés de l’extérieur, destinés à le rendre inaccessible.
Quelques mesures et photographies sont prises pour envisager une suite ou non. L’histoire prend forme…!

Etape N°3 : Aménagement technique, sécurisation, début de désobstruction.

Après concertation, une nouvelle équipe de deux est constituée, avec un objectif de préparation à une désobstruction du second puits. Un lourd matériel est alors transporté à dos et à bras d’homme. Du fait d’une certaine exiguïté et d’une volonté de discrétion et de ne pas modifier les structures en place, le transfert de ce matériel s’avère assez long.
Une couverture du puits inférieur est réalisée, aux fins de protection contre les chutes de pierres et objets, sur la moitié de sa section. Cette « étagère » permettra aussi de stocker une partie des déblais.
De même, le tunnel est divisé en deux par une cloisonnette, créant une seconde zone de stockage de déblais.
L’équipe entame alors la désobstruction sur  1  mètre. Quelques photos sont prises. L’histoire avance…

Etape N°4 : Aménagement technique, sécurisation, améliorations diverses.

Après une étude des volumes de déblais extractibles sans évacuation extérieure, une opération de préparation technique est menée. L’option est de remonter les déblais jusqu’au puits supérieur et de les tasser au sol jusqu’à ne laisser que 40 centimètres sous le plafond, ce qui permet encore de ramper. Le volume admissible est ainsi presque double de celui que permettrait la formule du demi-tunnel vertical. Des planches de retenue en terrasses sont donc posées.

Afin de permettre le travail d’une future équipe de trois ou quatre membres, un palier de manœuvre doit être installé à 1,5 m de la bouche de puits. Il doit permettre le passage facile des seaux pleins maniés à la corde, le dépôt provisoire des gros blocs de roche et les appuis fiables et confortables du manutentionnaire. Sa forme sera donc annulaire de diamètres 77 et 98, complété d’une étagère en demi-lune.
Cette installation repose sur 8 crampons de 10 mm et 20 cm dont 10 cm enfoncés à force dans les moellons de gypse après forage à la perceuse sans fil. Très grande résistance.
Par ailleurs des contreforts sont posés pour mieux assurer le maintien des déblais latéraux et poser une corde d’assurance. Quelques roches sont extraites.  L’histoire se précise clairement…

Etape N°5 : Désobstruction à son rythme de croisière…

Suite à cette préparation, une équipe de trois va pouvoir agir et sortir près d’un m3 de déblais soigneusement remontés et tassés en terrasses. On est alors descendus à  -3,5 m dans le puits inférieur.
Les manœuvres sont d’extraction sont manuelles pour les gros blocs ou usant d’un seau hissé pour le reste.
Le déblaiement est réalisé à la martelette de maçon et à la truelle plâtrière. Les trop gros blocs sont fracturés à la massette. Il n’y a que très peu de déchets hormis diverses bouteilles de verre non brisées.  L’histoire se développe et crée l’attente…de la suite !

Etape N°6 : Nouvel aménagement technique et désobstruction.
Du fait d’une difficulté à composer une nouvelle équipe dans de brefs délais, une action en solo va être menée, pour un avancement intermédiaire. Ceci va supposer une nouvelle stratégie car la remontée complète des déblais serait titanesque et interminable pour un homme seul. Cette stratégie repose sur une technique particulière consistant à ne creuser que sur la moitié verticale et à déverser les déblais sur l’autre moitié.
Mathématiquement, on ne peut pas évacuer sur plus profond qu’il n’y a de hauteur libre à compter du niveau de départ du creusement.  Ici, 3,5 m…donc profondeur atteignable de 7 m dans ce puits, en tout.
Si cette technique est facilement mise en ouvre dans des puits larges, il en va autrement pour un puits d’à peine 1 m, mais c’est réalisable bien qu’inconfortable !

Cela suppose d’installer un nouveau palier en demi-lune, sur de bons crampons, et des montants verticaux destinés à recevoir et retenir des ridelles installées peu à peu. Ce travail effectué, le creusement commence.
Près d’un mètre sera dégagé pour découvrir un nouveau tunnel incliné, à – 4,5 m de profondeur.
Ce tunnel n’est pas complètement  obstrué. Après élargissement permettant de s’insinuer sur 1 m, il s’avère que la suite s’élargit ce qui permettra de dégager des déblais en les repoussant vers le bas, cette fois…beaucoup pus facile et rapide !
L’objectif est alors atteint : carrière de gypse de seconde masse, à – 13 m de l’entrée pour un parcours total de  16 m environ.
L’histoire entre dans sa seconde phase : l’exploration…de la cavité recherchée.

Etape 7 :  Suspense….

 

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