J’ai testé la via corda-ferrata des Oiseaux 590

J’ai testé la via corda-ferrata des Oiseaux 590

29 octobre 2022 Spéléologie Via ferrata 0

J’ai testé la via corda-ferrata des Oiseaux     590

Aux fins de formation, de perfectionnement, d’entraînement, SJV s’est doté d’outils et de sites à peu de distance de son siège social, du fait de son implantation dans une région qui ne compte quasiment rien d’exploitable en matière de verticalité et cavités naturelles.
Mur d’escalade villeparisien, SPC(hêne), SPP(uits), VCFDO, à moins de 15 km, Carrière des Loups ou Sablibum nemourien à moins de 100 km.
A l’occasion d’une visite francilienne anticipée d’un jour, Nanou s’est offert le trio SPC / SPP /VCFDO et a eu envie de s’exprimer à ce propos, bien que ce ne fut pas tout à fait sa « première » en ces lieux !

Sortie improvisée à Villeparisis…

Me voilà de retour en cette ville que j’ai habitée quelques années, pour une petite sortie express et tout à fait improvisée….

 

Départ à vélo pour le Spéléchêne :-)… Entre le ronronnement de l’autoroute et le chant des oiseaux, nous voilà au pied de deux beaux chênes. Je suis aux manettes et je commence par la mise en place d’une corde au point le plus haut du chêne le plus équipé… c’est une manière de reprendre contact avec la hauteur. La seconde « mission » sera de descendre en installant des fractionnements et de remonter en déséquipant… c’est un petit atelier technique ludique et formateur.

Direction chêne plus discret pour un entraînement tout en oblique : il s’agit là de monter en fractionné-déporté pour atteindre la cime et de descendre sur une corde installée en rappel avec un petit raboutage noué pour atteindre le sol.

 

 

Cette chaude journée d’automne est un cadre parfait pour nos retrouvailles franciliennes et ce petit entraînement technique bienvenu et très formateur. Le soleil nous accompagne sous la canopée multicolore et il ne reste plus qu’à déséquiper… on ne disposait que de trois heures…et elles se sont vite passées !

Après un petit repas bien agréable, nous enfilons nos bottes direction Ouest pour une visite souterraine baptisée Spélépuits. Je connais l’endroit pour l’avoir visité une fois il y a quelques années et pour en avoir beaucoup entendu parlé et beaucoup lu. Je sais donc que nous allons descendre un puits artificiel carré de 42 m et je sais aussi que d’anonymes bénévoles ont énormément travaillé à son aménagement autant en profondeur que sur les parois du puits, durant quelques années…je me suis même laissé dire que l’un des aménageurs est décédé depuis… C’est donc un peu ancien, donc plus ou moins dégradé, vaguement entretenu par tel ou tel pratiquant.

La descente me laisse en effet entrevoir le parcours qui nous attendra à la remontée en via corda-ferrata et les noms d’oiseaux (de vrais oiseaux !) donnés aux différents passages ! Pour l’heure, c’est la descente : directe et impressionnante dans le grand noir. Nous nous enfouissons dans les entrailles de la roche. Brrr… C’est une baignoire et un coin salon que je découvre en atteignant le point bas : des chaises de jardin sont disposées là. C’est un lieu d’accueil, de vie et de partage comme cette carrière l’a été du temps de son exploitation.

Nous partons pour l’exploration de la grotte… le circuit est balisé, mais de façon parcimonieuse, il faut chercher un peu…. De petits numéros sur fond brillant nous guident afin de circonscrire la zone. Les piliers sont immenses, la voûte s’élève au dessus de nos têtes, nous crapahutons dans les dédales… Le sol est parfois taluté et glaiseux ou de poudre de pierre voire d’ amas rocheux, parfois  lisse et confortable comme une allée de jardin public. Le plafond se présente lui aussi sous diverses facettes : haut ou bas et selon les couches géologiques taillé en cathédrale gothique ou plat. Il apparaît souvent rassurant mais parfois aussi (très) inquiétant au regard des fissures qui se dessinent et du « ventre de ciel » qui alerte d’un effondrement prochain !

La balade est rythmée par des affichettes plastifiées en honneur à des personnes ayant marqué leur époque et pour certains le cours de l’histoire. Beaucoup se sont battus pour que l’humanisme, l’art, l’égalité, la justice et les femmes aient droit à la reconnaissance due. Ces petits bouts d’histoire rapportés entrent en échos avec les vestiges trouvés sur place : rails de chemins de fer, bonbonne, poutres en bois, restes d’outils ou câbles… ampoules aussi… Tous témoignent de la vie et du travail qui s’agitaient en ce bas monde. L’humidité a fait son œuvre : le métal est recouvert de rouille, et le bois est traversé par l’humidité permanente qui en fait la proie des champignons qui y trouvent un lieu de vie.

Il est temps de remonter. La pénombre appelle la technique spéléo mais nous laissons nos équipements en bas, accrochés aux cordes installées pour la descente et attaquons les premières échelles avec nos longes et nos casques en via ferratistes nocturnes. Il n’est pas aisé pour moi de trouver mes marques car une via dans un puits artificiel parfaitement carré et immense, dans une atmosphère humide où la rouille et les champignons règnent, bouscule tous mes repères. La verticalité y est absolue et permanente…

Cependant, chacun des ingrédients objectifs de la via se décline ici : la hauteur, la régularité des prises, la variété des agrès et bien évidemment la ligne de vie. Le ou les concepteur(s) ont particulièrement veillé à la diversité des agrès, elle est digne des plus belles « vias » ! Se côtoient ici échelles en tous genres (étroites, en pointe, en dévers, en pigeonnier, molles sur corde ou confortables), mâts, ponts de singes ou encore passages sur poutres. Nous progressons à la montée bien sûr mais quelques passages, qui peuvent surprendre, sont à la descente, d’autres encore sont de petites traversées horizontales. Nous explorons chaque mètre carré de la paroi de ce puits qui donne à voir un assez beau rideau de concrétions vaguelé dans sa partie inférieure.

Malgré mes années de pratique en via, je me sens parfois perdue car la luminosité manque et la densité des installations rend difficile la lecture du parcours à venir. Je m’arrête l’une ou l’autre fois pour faire un point et suivre la ligne de vie des yeux, anticiper le cheminement et apprécier le travail de conception et d’installation fait par ces discrets travailleurs clandestins de la nuit…dont il est bien difficile de situer les interventions dans le temps, hormis quelques réparations qui paraissent assez récentes.


Je me montre prudente…toujours au moins trois points d’appui et de sécurité…et je teste les barreaux rouillés !
Même la ligne de vie peut susciter le doute, la corde n’est pas toute neuve !!!
Après un petit moment, la lumière se fait plus présente et l’appel du haut bien fort…Hmmm !
Nous ressortons réchauffés par cette exploration, je suis heureuse de ce nouveau moment partagé avec mon coéquipier !

Merci à lui !

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