Le balisage d’exploration 720

Le balisage d’exploration     720

Pour les pratiquants de subterranologie, le balisage d’exploration n’est pas à confondre avec le balisage de visite ou de sécurité, même s’il peut avoir cette fonction, accidentellement ou par défaut.
Comme son nom l’indique, il s’établit lors de l’investissement initial.
Le balisage de visite quant à lui, s’établit selon un codage mathématique reporté sur un plan.

Le plus souvent, le balisage d’exploration va consister à établir un itinéraire périphérique que l’on va suivre à main droite ou à main gauche selon la personne et/ou selon la configuration des lieux.
Cet itinéraire doit suivre scrupuleusement la limite externe de la cavité.
Il faut baliser de sorte qu’il n’y ait pas d’hésitation ou de doute ou d’inquiétude, donc poser un nombre variable de balises selon les cas, mais, même quand tout semble évident quant à la progression, il faut poser une balise de temps en temps pour assurer et rassurer les visiteurs à venir.
Ce circuit permet bien sûr de ressortir, mais surtout de greffer les galeries annexes, transversales notamment.
Pour l’équipe d’exploration il est une garantie de pouvoir ressortir quelle que soit la complexité de la cavité et apporte donc une grande sérénité…au prix de beaucoup de temps, mais c’est aussi un temps qui pousse à l’observation fine.

Nature du balisage :
on optera pour ce qui ne dégrade pas la cavité, ne la pollue pas, et reste à la fois durable et réversible.
Donc on évitera… la peinture ! (pinceau ou bombe)
L’usage de la craie, sur parois durablement sèches, peut convenir, méthode très rapide, mais plus ou moins visible

Les balises textiles, choisies de couleur vives et sur lesquelles on peut écrire sont une bonne alternative, posées ou fixées
Celles tirées d’un textile réfléchissant sont encore meilleures !

Les « riches » opteront pour des balises rigides du commerce, surtout s’il s’agit d’une cavité promise à des visites publiques.
On les fixe alors plutôt sur des supports verticaux.

Mode de fixation :
Selon les cas, on peut se contenter de poser au sol ou sur des objets ou punaiser ou agrafer ou clouer…mais bien sûr en s’adaptant à la situation !
Autant que possible, poser à hauteur des yeux d’un adulte moyen, soit environ 1,5 à 1,7 m du sol.
Mais, dans certains cas, si on veut attirer l’attention avec une anticipation, cette hauteur « standard » peut devenir très différente, tenant compte d’obstacles visuels potentiels.
Idéalement, baliser à deux permet au baliseur d’être piloté par un « usager » qui reste en arrière et critique les positionnements pour les idéaliser.

En moyenne on en consomme une par décamètre.
Rester conscient que ce type de balisage amovible est susceptible d’être dégradé, retiré, modifié par des tiers.

Numérotation :
C’est un ajout capital.
Il peut permettre de retrouver la sortie en toute sérénité, en suivant l’ordre des balises dans un sens croissant ou décroissant selon ce qui est le plus rapide (si la rapidité est un critère).
Mais surtout, il permet de positionner sur document tout ce qui présente un intérêt, géologique, historique, biologique, culturel…
Exemple : balise 12 = citerne à eau,  balise 27 = concrétions,   balise 53 = signatures de carrier, etc.

Accessoirement utile pour fixer des points de rendez-vous d’équipe, des points de ravitaillement ou de bivouac.
Ecrire très lisiblement.

Suggestion économique :

Utiliser les vieux chasubles de sécurité (obligatoire dans les véhicules routiers motorisés) en y découpant des bandes.
Pour des balises de 5 cm x 20 cm dont 4 réfléchissants, la partie jaune se prêtant bien à l’écriture au feutre indélébile.
De cette dimension, on en tire 50 par gilet ! (déjà 500 à 1000 m couverts !)
On peut faire deux fois plus étroit,mais, en pratique, la visibilité se trouve évidemment réduite, et la pose est plus difficile.

Préparation chez soi.
Il peut être efficace de préparer ses balises numérotées bien avant l’exploration, mais il faut un dispositif de stockage qui garantisse de ne les sortir que dans le bon ordre, comme un enfilage sur un fil électrique par exemple.

De plus il faut avoir une idée du nombre approximatif de balises, sinon on risque d’en faire beaucoup trop !

Matériel courant :
Si on opte pour des balises seulement posées sur des blocs ou au sol, elles seules suffisent !
Si on agrafe…une agrafeuse ! Mais agrafes spéciales, très dures, et à réserver à des roches tendres ou aux boisages vulgaires.
Si on cloue, choisir des clous assez grands pour être facilement tenus entre deux doigts gantés, et assez gros pour ne pas se tordre dans les roches au premier coup de marteau…viser les interstrates ou les strates « molles » ou « tendres », ou encore les fissures, les joints de pierre de piliers et hagues, les boisages si ça ne les détériore pas
Balises clous, marteau, feutre…un vêtement avec plein de poches sera bien utile !

Le duo, équipe idéale.
Outre pour les coups de main et la sécurité accrue, le duo autorise la prise de notes à l’allant, soit sur papier soit dans un dictaphone ou téléphone avec cette fonction, en nommant la balise voulue + commentaire.
La retranscription avec compléments est alors très facilitée, et le risque d’erreur quasi-nul.
Le duo permet aussi la photographie avec bien plus de facilité, celui ou celle qui ne fait pas la pose peut s’occuper du reste.
Il permet aussi le transport plus aisé d’un sac, et l’alternance de fonctions entre équipiers/équipières.

Le balisage d’exploration, comme dit précédemment, incite à bien plus observer les lieux et les objets car on se presse moins, et on cherche où baliser ce qui demande un regard qui fouille l’environnement.
Le solo, qui doit alors porter le sac,  graphier, poser les balises, prendre des notes ou commenter, a toujours les mains prises, doit sans cesse lâcher, poser, chercher puis ranger et recommencer, y passe un tempos fou et une fatifue très accrue…en plus de ne pouvoir partager in situ et sur le vif avec quelqu’un(e). Mais c’est faisable…