Les enfants spéléologues… 562

Les enfants spéléologues… 562

7 juillet 2022 Spéléologie 0

Les enfants spéléologues     562

Pour suivre cet article, il importe de préciser sa portée, car les définitions de l’ « enfant » varient peu ou prou selon les analyses.
Médecins, psychologues, juristes, bon sens populaire, puristes en tous genres, chacun et chacune y vont de leurs critères !
Si la considération biologiste, censément objective, amène à définir l’enfance comme la période de vie allant de la naissance à la puberté, on se heurte à la grande variabilité de l’apparition de cette puberté, entre 9 et 19 ans selon les ethnies et les individus…sans parler des êtres humains qui ne connaissent pas cette puberté.
Pour les psychologues et psychanalystes, on va plutôt parler de naissance à l’adolescence, ce qui introduit encore plus de flottement !
Pour les sociologues et juristes, c’est le plus souvent de la naissance à l’âge civilement adulte (donc tous les « mineurs »), donc variable selon les pays (19 ans en Algérie, 14 ans au Mali…).
Restent l’OMS et la Convention des droits de l’Homme (Droits Humains si on  préfère) qui, « ratissent » large, en cadrant l’enfance de la naissance à 18 ou 19 ans, qui parle d’adolescence de 10 à 19 ans, ou encore de « jeune » de 15 à 24 ans…toutes ces limites étant bien sûr arbitrairement établies.
Nous avons donc choisi ici d’adopter le plus large point de vue : De zéro à dix-neuf ans !

Dans notre exposé, on ne fixera aucune limite d’âge inférieure ou supérieure quant aux aptitudes et aux acquisitions, car cela peut varier énormément d’une personne à l’autre selon des facteurs intrinsèques comme extrinsèques.
Proposer à un enfant une activité spéléologique, soit en anticipant son éventuelle demande en ce sens, soit en y répondant, peut avoir des effets « négatifs », on ne peut l’exclure, mais nous ne considèrerons ici que ce que nous pensons être « positif »…sachant bien que cet adjectif n’a pas forcément la même valeur pour tout le monde, rapporté à un contexte et à des référentiels pédagogiques ou sociaux par exemple.
Nous n’entendons pas tenter d’ « imposer » nos points de vue, lectrices et lecteurs restant évidemment les meilleurs juges…selon les enfants concerné(e)s et dans leur intérêt premier.
Voilà donc ce que nous pensons  a priori bénéfique pour les enfants spéléologues…

 

La rencontre et la découverte du monde souterrain, et ses particularités sensorielles, obscurité, jeux d’ombres, froid, humidité, odeurs, silence ou bruits spécifiques, ce qui met presque tous les sens en éveil (vision, ouïe, tact, odorat)

L’apprentissage de diverses techniques de progression avec ou sans agrès, en secteurs larges ou étroits, de l’horizontale à la verticale en passant par toutes inclinaisons y compris déversantes.

Apprendre à franchir ou contourner tous obstacles ou presque, nul n’étant cependant tenu à son impossible…

Se pencher sur les formes de vie du passé (fossiles et traces) et les actuelles, plus ou moins propres au milieu, des plus adaptées au plus « accidentelles ».

 

Acquérir progressivement, et à son rythme, une autonomie corporelle de plus en plus performante, entre la force, la souplesse, l’agilité, l’équilibre, la latéralisation, les mensurations …

Connaître et reconnaître les constituants du milieu souterrain, leurs éventuelles fragilités, qu’ils soient minéraux ou biologiques, et donc les respecter, les protéger.

Apprendre à partager ce que l’on voit, entend, comprend, et même ressent, mettre les compétences et les forces en commun, vivre en équipe conviviale.

Développer la fraternité, la solidarité, l’entraide, la bienveillance, voire le dévouement…ce qui ne signifie pas « sacrifice ».

Savoir évaluer ses aptitudes, ses compétences, ses moyens techniques, distinguer ses limites, savoir renoncer. Et parfois, savoir dire « non ».

Apprécier ses émotions, les développer ou les contrôler, s’en servir plutôt qu’en être asservi.

 

Acquérir des compétences techniques de plus en plus évoluées, en décryptant le comment et le pourquoi, notamment avec les appareils et accessoires diversement utilisés selon les situations.

Explorer tout ce que la karstification a pu créer, le concrétionnement, et chercher à en comprendre les modes de  formations.

Mûrir et grandir en menant des choix réfléchis car éclairés, et en prenant des décisions en conséquence.

S’intéresser en détail à la flore et la faune actuelles, notamment insectes, arachnides, mollusques, crustacés, mammifères les plus fréquemment rencontrés sous terre, champignons souterrains et végétation des entrées de cavité.

Faire confiance aux autres, avoir confiance en soi, avoir confiance dans le matériel personnel et l’équipement général.

Se déplacer en exploitant toutes les formes de motricité que permet un corps humain sans se blesser, en fonction du milieu, de sa corpulence, de son matériel.

Forger un socle de connaissances géologiques de plus en plus étendu, associé à l’hydrologie

Établir un projet partagé, se fixer des objectifs, élaborer un processus, une organisation pour les atteindre.

Savoir préparer sa sortie, équipement personnel, alimentation, matériels utiles.

Apprendre à s’orienter, à lire carte et boussole, à utiliser un GPS et les informations disponibles collectées auparavant.

Essayer d’observer les éléments géologiques en présence, et de comprendre comment ils ont pu se former ou se déformer

Faire l’effort de garder une mémoire maximale du vécu et la transposer en dessins, en images et en textes, pour soi-même et pour les autres.

Se repérer dans le temps et dans l’espace, tant à l’extérieur que sous terre, apprendre à évaluer les réserves  et ressources disponibles.

Progresser en sachant tirer le meilleur parti de ses réussites et de ses échecs, en surmontant ses difficultés physiques, techniques ou mentales.

Évaluer et s’auto-évaluer, critiquer et s’auto-critiquer, valoriser et  se valoriser, améliorer et s’améliorer.

La liste n’est pas exhaustive bien évidemment, et surtout, n’entre pas dans les détails d’autant que chacune et chacun n’y attacherait pas la même importance. Mais ce sont des pistes d’ouverture d’esprit.

Ces pistes montrent bien l’extraordinaire champ d’évolution qui se présente dans la pratique de cette activité de pleine nature qu’est la spéléologie,  une activité d’aventure qui peut contribuer à faire grandir les enfants dans leur tête avec leur corps, mais aussi à les faire grandir dans leur corps avec leur tête…

Les enfants (au sens large que nous avons déterminé ci-avant) ont des capacités supérieures d’apprentissage et d’adaptation, et en veillant à cette diversité des découvertes et développements possibles, on peut leur offrir des occasions de s’enrichir et de mûrir, de devenir des adultes autonomes et responsables.
Par ailleurs, les adultes dont on aborde ici le sujet, juste en annexe, lorsqu’ils sont novices et de bonne volonté, peuvent suivre ces mêmes pistes, en adaptant à leur statut d’adultes, les rythmes, les discours, le choix des cavités, car il n’est jamais trop tard, pour de grands enfants, d’envisager d’adopter la spéléologie !

 

 

Enfin, nous conclurons  en souhaitant que le spéléologue soit aussi un spéléiste et un spéléphile…ces trois catégories unissant la science, le sport et l’émotionnel.

 

 

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