Valoriser une carrière abandonnée 542

Valoriser une carrière abandonnée 542

29 mai 2022 carrières diverses 0

Valoriser une carrière abandonnée     542

Notre pays de France compte environ 500 000 cavités souterraines de dimensions très variables, dont 190 000 sont officiellement inventoriées.  Environ la moitié sont d’origine anthropique, et sur cette moitié, environ la moitié se présente comme l’ensemble des carrières (le reste est constitué de caves, tunnels, souterrains, cryptes, puits, aqueducs, abris…)
Il y a donc actuellement à peu près 45 000 carrières souterraines inventoriées (avec beaucoup de petites et/ou dissimulées en sus !)

La densité de cavités par département varie de 1 dans le département de l’Essonne à 22 300 en Seine-Maritime. Un cinquième des départements recensent plus de cavités sur leur territoire que la moyenne française établie à un peu plus de 1 800, soit une densité de trois cavités par km2. Trois départements se détachent cependant fortement en concentrant à eux seuls près de 30 % des cavités inventoriées : la Seine-Maritime (13 % des cavités, soit 35 cavités par km2), l’Eure (11 %, soit 32 cavités par km2) et le Doubs (3 %, soit 11 cavités par km2). La Dordogne et l’Indre-et-Loire recensent respectivement 5 % et 3 % des cavités (soit 9 cavités par km2).
Pour bien réaliser ce que représentent 35 cavités/km², cela signifierait 140 cavités rien que pour Villeparisis (estimée à 4 km²) ou, si on préfère, une cavité tous les 170 m selon deux axes orthogonaux !

Seules 3300 mines et carrières souterraines sont encore en activité…ça en laisse plus de 40 000 abandonnées…
Très nombreuses sont celles qui sont devenues inaccessibles, soit par effondrement spontané, soit pas foudroiement, soit par comblement de déchets plus ou moins inertes, soit par injection de stabilisation, soit par fermeture absolue, qu’elles soient en propriété privée de particuliers ou de collectivités.
Malgré tout, une bonne proportion d’entre elles reste physiquement accessible, mais le plus souvent dans la clandestinité, soit en violant la propriété privée, soit en contrevenant à des arrêtés municipaux, préfectoraux, voire ministériels.
De plus, le caractère « abandonnée » fait que toute carrière devient a priori dangereuse car non entretenue, non surveillée, et forcément évolutive à plus ou moins grande vitesse, certaines tiendront encore 1000 ans, d’autres seulement 100 ou 10…ou 1 an seulement !
C’est un pari…d’autant plus risqué que l’on n’a pas pu peu de connaissances techniques et géologiques, peu ou pas d’expérience, peu ou pas de matériel adéquat pour prévenir les accident et/ou en limiter les conséquences…sachant quand même que, statistiquement, lesdits accidents sont extrêmement rares sur les dernières décennies.
Mais plus le temps passe et plus le risque grandit !
Tout cela bien considéré, de sorte que cet article n’incite pas tout un chacun ou chacune à s’aventurer sans avoir été bien informé(e) et mis(e) en garde, le sujet est d’envisager la valorisation d’une carrière abandonnée quand on a la chance d’en côtoyer une pas trop loin de chez soi…
En premier lieu, se pose la question du droit…car on est forcément chez quelqu’un.
Si le quelqu’un est connu ou connaissable (personne physique ou morale) le mieux est de tenter d’obtenir une autorisation, évidemment.
Bien sûr, une telle démarche expose fortement à se voir opposer un refus formel, auquel cas toute suite concrète deviendra quasiment impossible, l’éveil du ou des propriétaires pouvant même conduire à un condamnation des accès qui étaient encore ouverts.
Si on opte pour un « accord tacite » supposé, en s’appuyant sur le fait qu’aucune clôture ou porte n’entravent l’accès « normal » du site, on échappe au délit de violation de domicile (la loi ayant récemment évolué en considérant désormais que le « domicile » désigne tout lieu où on peu  prétendre être chez soi), ce qui, pour autan, n’autorise pas à prendre des photos et encore moins à se livrer à des installations, organisations d’événements, inscriptions, balisages, pollutions diverses…etc.
Dès lors, et en connaissance de cause, on peut être tenté de valoriser cette belle carrière (forcément belle puisque auto-adoptée !!!), et comment le pourrait-on ?
Si opérations autorisées par propriétaire, généralement sous couvert d’une convention orale ou écrite, rien ne se fera sans son aval.
Sans autorisation, donc clandestinement, il y a intérêt à veiller à ce que rien ne soit « fixe », que rien n’altère l’existant, que tout soit facilement et rapidement réversible et effaçable, du provisoire, de l’éphémère sans trace !
Voici quelques pistes…

1) Valorisation « géologique »
L’objectif est de mettre en exergue ce que l’on considère comme remarquable sur ce plan. Avec protections si nécessaire.
– stratification
– accidents tectoniques, déformations
– teintes et couleurs
– cristallisations
– spéléothèmes (concrétions)
– hydrologie
– fossiles, empreintes
– karstification
– Etc.

2) Valorisation « biologique »
Même objectif et protections.
– zones habitées d’espèces macroscopiques (arachnides, insectes, mollusques, reptiles, myriapodes, mammifères…)
– traces biologiques (empreintes diverses, pontes, excréments, nids, plumes, poils, écailles…)
– inventaire faunistique

 

 

 

 

3) Valorisation « technique »
Même objectif et protections.
– traces et empreintes d’outils et machines
– outils, machines
– boisages, ferraillages
– matériaux divers typiques
– inscriptions techniques et commerciales
– Ouvrages architecturés
-Forages de minages

4) Valorisation « sportive »
Objectif d’usage
– itinéraire dédié impliquant diverses pratiques et postures
– mise en place d’agrès mobiles improvisés
– mise en place d’agrès construits
– implantation d’équipements de progression

 

 

 

 

 

5) Valorisation « culturelle », « historique »,  voire « touristique »
– itinéraire dédié impliquant la découverte de secteurs, espaces, objets
– balisage de guidage
– installation d’exposition genre « musée »
– panonceaux  explicatifs
– Nomenclature des galeries, sites, objet remarquables
– Topographie des lieux

 

 

 

6) Valorisation « ludique » voire « festive »
– Organisation de parcours « rallye »
– jeu d’orientation
– jeux d’équipes (gendarmes et voleurs, chasse aux trésors…)
– repas partagé
– Chasse photographique (voire concours)
– Sculpture en amateur sur blocs détachés (pas sur les parois si pas autorisé)

 

7) Valorisation « écologique »
– dépollution en tous genres (mais attention à ne pas éliminer des éléments d’intérêt historique ou sociologique)

 

 

 

8) Et bien  d’autres idées bien sûr !

Dans une situation non autorisée, bien se préparer psychologiquement au fait que tout ce qui est fait pourra (devra éventuellement) être défait sans aucune compensation, et sera susceptible de faire l’objet d’un dépôt de plainte…donc minimiser au maximum tout ce qui pourrait être considéré comme créant un préjudice appréciable pour le plaignant…
Exemple : préjudice quasi-nul si on met un balisage posé au sol qui se retire en une heure et ne laisse aucune trace, ce qui s’oppose à un préjudice indiscutable si on a bombé les parois ou si on les a sculptées profondément !

Quoi qu’il en soit, en restant bien conscient(e)s des dangers de ces carrières, de l’éventuelle illégalité à y entrer, à laquelle peut s’ajouter celle d’y installer ou développer quoi que ce soit, on peut trouver un certain plaisir et en procurer à bien d’autres personnes en cherchant à valoriser ces lieux abandonnés souvent riches de découvertes et d’enseignements.
Si les choses sont bien faites, en respectant au maximum les lieux et leurs contenus, il y a très peu de chance d’être inquiété(e) en justice car il n’y aura pas de préjudice matériel ou moral qui soit suffisamment important pour déclencher une poursuite.
Le tout est de rester raisonnable…Mais le mieux reste d’être autorisé(e) !!!

 

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