Via ferra-cordata système « D » 292

Via ferra-cordata système « D » 292

26 mars 2020 Via ferrata 0

Via ferra-cordata système « D » 292

Voici un article qui, comme quelques autres de notre site, ne manquera pas de susciter des réactions de la part des dogmatiques inconditionnels, des normalistes convaincus, voire des…marchands !
Nombre de pratiquants de via ferrata, qu’ils soient férus de cette activité ou usagers occasionnel pour le plaisir ou encore utilisateurs en entraînement et entretien de forme physique, ne peuvent que déplorer l’absence de telles installations de plein air s’ils n’ont pas la chance de résider dans les départements qui en sont bien dotés.
De ce point de vue, une grande partie de la France est dépourvue, notamment dans la moitié nord et moitié ouest…ce qui fait pas mal de monde « en manque » de sites (seul Clécy fait exception).
Certes les collectivités invoquent l’absence (ou presque) de falaises, mais ce n’est pas une explication suffisante, car de nombreuses carrières (ou ex-carrières) à ciel ouvert d’une part, et certains édifices ou bâtiments d’autre part offrent de quoi développer de belles vie ferrate si on en a la volonté (et celle d’y mettre les moyens).
Il y a donc matière à chercher un substitut…en passant au « système D », mais avec un « d » qui signifie bien « débrouillard » et non pas « dangereux », « débile », « dingue », etc.
En tant que spéléologues, canyonnistes, via ferratistes, cordistes, et même alpinistes à nos heures, nous avons réfléchi à cette affaire, lassés d’être frustrés en permanence ou de devoir attendre des semaines et devoir parcourir des hectokilomètres pour pouvoir tâter du barreau et du câble entre ciel et terre.
Que nous faut-il pour élaborer une via ferrata correcte et fiable,  sans y mettre une fortune ?

1) Un site
Soit on en est propriétaire, c’est le cas le plus simple, soit on en est locataire, et l’autorisation du propriétaire sera requise, avec d’éventuels frais et loyer à prévoir, soit il est public (donc propriété d’une collectivité ou de l’Etat) et là encore, une autorisation  sera nécessaire, probablement très difficile à obtenir et avec plein de contraintes sécuritaires si ce n’est pas privatisable à titre précaire (donc n’étant plus accessible au public), soit encore il est dans une sorte de vide juridique, sans propriétaire connu et pas préempté…et là, toute installation est effectuée aux risques et périls du réalisateur, avec risque de tout perdre et même de devoir remettre en état initial, et avec des poursuites judiciaires possiblement à la clé !
Il appartient donc aux dirigeants d’un club ou à des « individuels » de choisir entre tout ces cas, pour autant qu’il se présentent, en toute responsabilité.

2)Un gisement géologique favorable

Le cas des bâtiments et édifices ou autre ouvrage d’art sera laissé à part, la recherche portant surtout sur des roches naturelles…calcaire et gypse saccharoïde sortant nettement gagnants de l’éventail. Les autres roches, notamment grès, schistes, granite, gneiss, ardoises…présentent chacune des inconvénients dont le « Système D » ici présenté souffrirait beaucoup en termes de coût ou de difficultés de construction.
Partis sur calcaire ou gypse (les plus répandus en Île-de-France » pour ce qui concerne SJV) il faut encore que le gisement présente des qualités…

  • des dimensions suffisantes pour une via qui ne soit pas ridicule
  • des strates stabilisées et/ou purgeables
  • une qualité de roche dure 
  • les zones supérieures exemptes de risque d’éboulements terreux ou de chutes d’arbres
  • de quoi créer des situations variées (descentes, montées, traversées…) et poser des agrès (échelles, passerelles, et même tyrolienne…).

3)Du matériel et des bras (avec un cerveau au-dessus quand même !)

Le système « D » ici développé ne nécessite que peu de choses en fait (c’est un principe des « Systèmes D » d’ailleurs !).
– Du fer à béton en barres de 6m, diamètre 12 mm
– Une disqueuse « métal » ou une bonne scie à métaux
– De quoi tordre le fer à béton (étau sur établi, plieuse ou gabarit de formage)
– Deux forets à béton de 8 et 12 mm, de bonne qualité.
– Un perforateur (soit sur batterie, soit sur groupe électrogène, si pas de courant de secteur)
– Une massette
– Des serre-câbles de 12 mm
– Une clé de 13 mm
– De la corde nylon semi-statique de 10 ou 11 mm

4)Du temps de travail !
L’équipe ouvrière définit un tracé probable, avec ou sans agrès selon possibilités. Puis on passe à l’action  de terrain…

Etrier de pied 25/25/25

Première phase : former les étriers de pieds. Nous avons opté pour un format 25/25/25, qui n’est qu’indicatif.
Il suffit donc de plier à 90° pour former un « U » approximativement de 25 x 25 x 25.
Seconde phase, former les étriers de mains. Idem pour un format 20/15/20.
Il faut compter environ 1 jeu 8 pieds/8 mains pour 3 ou 4 m d’horizontale ou assimilée,  1 jeu 8 pieds/2 mains pour 3 m de verticale ou assimilée, 1 jeu  8 pieds/4 mains pour 3 m de diagonale 45° et assimilée.

Etrier de main 20/15/20

En moyenne, donc, 8 pieds et 5 mains pour 3 m de via.
Troisième phase, percer des trous à 8 mm puis à 13 mm et de 15 cm (pieds) et 10 cm (mains) en leur donnant un angle remontant de 25 à 30° par rapport à l’horizontale.
Bien entendu, cette phase de percement se fait selon un schéma de via pensé préalablement et tenant compte des formes de surface du support.Le perçage doit se faire en tenant compte de chaque étrier si on n’a pas pu les former de façon standardisée.
On peut procéder soit en étant suspendu au sommet de la « falaise », si ce sommet est accessible, soit de proche en proche en tension sur le barreau précédent pour poser le suivant.
Si on perfore à plusieurs, on peut commencer la via en plusieurs points bien évidemment.
Lorsqu’une paire de trous est réalisée, on emmanche l’étrier et on l’y enfonce à coups de massette. le parallélisme des trous n’étant jamais parfait, il en découle une petite déformation des branches de l’étrier, et c’est très bien ainsi, car cela va contribuer à un ancrage puissant dans la roche sans qu’il soit utile d’utiliser des colles et résines diverses.
Entre ce serrage physique, les nervures d’origine du fer à béton moderne, et l’angle remontant, ces étriers sont inarrachables par la seule pratique humaine. Une fois posés, ils ne peuvent être (difficilement) ôtés qu’en utilisant un bon levier remontant et de gros efforts !


La pratique normale ne peut exercer que des forces de cisaillement descendantes, au pire des forces de traction horizontales. Il peut arriver qu’elles s’exercent en remontant (oubli de longe, mouvement de varappe…) mais bien en-deçà de l’effort nécessaire à tout dessertissage. 
Les prises de mains sont reliées entre elles par une corde semi-statique solidarisée à chacune d’elles par un serre-câble de 12mm, et qui sera bien évidemment la future ligne de vie.
Les serre-câbles sont fixés en coin proximal d’étrier dans le sens normal de progression, la corde positionnée en-dessous, ne gênant pas la préhension ni le mousquetonnage dans le barreau si nécessaire.
La corde servant d’assurance et de main courante de progression doit être tendue.
Dans les parties sub-verticales, on lui laisse un petit « mou » en boucle. Avec une pratique individuelle, raisonnée ou non, aucune chute de peut connaître un  facteur supérieur à 1…car ici on n’est pas en présence d’un câble hyperstatique, mais bien d’une corde semi-statique et avec des longes sur absorbeur ou absorbantes d’énergie. 
Si le site est extérieur et ensoleillé, cette corde fixe devra être surveillée et changée régulièrement.

Comme on le constate, le processus est simple, aussi simple qu’efficace. On notera que le montage ne prévoit pas de queues de cochon, destinées très particulièrement aux pratiques encordées, car SJV n’en est pas adepte.
S’il y a des agrès, il faut adapter ces dispositions, toujours en veillant d’abord et avant tout à la sécurité, et il est impossible ici de traiter toutes les situations possibles, dont la diversité est aussi grande que celles des vie ferrate posées !
SJV fabrique ses ponts de singes et autres passerelles ou poutres lui-même, ou pose des échelles du commerce et des tyroliennes…c’est selon la conformation du site et les possibilités d’ancrage fiables…irréprochables.
Il est clair que les agrès réduisent sensiblement le nombre d’étriers à poser donc le nombre de trous à percer !!!
S’ils sont simples (pont de singes à deux brins notamment…) le coût au mètre de parcours est lui aussi très réduit !

La via corda-ferrata composite de ce type coûte environ  25 euros pour 3 à 4 mètres posés, (non compris l’amortissement du perforateur). Pour une via minimale de 100 m il suffit donc de 600 à 800 euros …à comparer avec les prix exorbitants des vraies via ferrata vendues aux collectivités…! (entre 150 et 200 euros le mètre, tout compris ).
Il est clair qu’il faut du temps de bénévoles, (environ 40 heures à deux pour 100 m) mais une telle installation présente un bel intérêt technique et pédagogique, et y passer 10 heures vaut bien une visite de classique…
Alors, les amateurs peuvent se lancer !  Bon courage !

 

 

 

 

 

 

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