Stenophylax permistus… 656

Stenophylax permistus… 656

31 mai 2023 Spéléologie Zanimos 0

Stenophylax permistus…    656

Il y avait un certain temps que l’on n’avait pas publié un article biospéléologique !
C’est que dans nos pratiques en groupe, le plus souvent axées sur la sportivité, le ludique, la découverte généraliste essentiellement minérale, en ajoutant une focalisation sur la sécurité, il reste peu de temps et d’attention consacrés à l’observation et à l’étude des petites bêtes…
Nous sommes davantage portés sur les Chiroptères et les animaux de plus forte taille plus ou moins accidentellement rencontrés, grenouille, crapauds, salamandres, limaces, …et ceux très typiques, nombreux, souvent croisés, tels que l’araignée Meta menardii, le papillon  Scoliopteryx libatrix ou encore Inachis io et Triphosa dubitata.


De temps en temps on peut se consacrer à quelques espèces moins populaires…
Récemment, ce fut le cas de Stenophylax permistus, un insecte aux ailes discrètement poilues appartenant aux Trichoptères, donc.
Cet animal de 2 à 2,5 cm de longueur de la tête au bout des ailes, au nombre de quatre, se trouve dans les zones d’entrée mais jusqu’à celles où la lumière ne pénètre plus, du moins pour ce que l’être humain peut percevoir.
Comme sont nom latin-grec  de genre l’indique, il a une allure étroite, les ailes formant comme un bouclier longiligne. ( sur la photo, les pattes postérieures sont escamotées !)

 

De couleur beige/marron/miel, avec de très longues antennes projetées en avant, égalant son corps.
Cet insecte connaît un cycle biologique assez particulier.
Quand les adultes apparaissent, en mai-juin, les mâles sont sexuellement matures ou presque, tandis que les femelles ne le sont pas alors que les accouplements ont déjà lieu.
Ces dernières recherchent alors les milieux souterrains très humides, et frais (entre 10 et 12 °C de préférence) où elles connaissent une diapause de maturation qui peut durer plusieurs semaines, période durant laquelle elles ne se nourrissent quasiment pas, « léchant » seulement de l’eau pariétale, ou tirant un minimum d’énergie d’une substance protéique que le mâle secrète et introduit lors de la copulation.

 

Mâles et femelles à l’extérieur semblent ne se nourrir que très peu, de pollen essentiellement car il n’ont pas de trompe suceuse pour aspirer le nectar.
La ponte est réalisée en début d’automne dans les ruisseaux intermittents qui se mettent en eau, et les larves vont connaître 4 mues, donc 5 stades pour passer l’hiver…elles sont plus voraces que leurs parents !
Sont plutôt phytophages mais peuvent se contenter d’être omnivores, se nourrissant de particules végétales voire animales donc.
Dès le second stade, elles fabriquent un fourreau de matières organiques, (d’autres Trichoptères en font un en matière minérale, qui leur vaut d’être taxés de « porte-pierre » par les pêcheurs), qu’elles agrandissent à chaque stade de leur croissance en agglomérant des débris végétaux dans un lacis de soie fabriqué par leurs glandes buccales, une substance qui durcit au contact de l’eau, façonnée par les pattes et les pièces buccales.
Le fourreau grandit donc de l’avant vers l’arrière, et les parties les plus anciennes devenant trop petites sont détachées.

 

Ces larves sont benthiques (restent au fond) et s’accrochent bien au substrat, car se tiennent dans des cours d’eau où le courant varie entre 0,5 et 1 m/s, sachant qu’au ras du fond, cette vitesse et très atténuée par un effet de « couche laminaire limite » sur quelques millimètres d’épaisseur.

 

 

Au printemps, après un stade nymphal de 2 ou 3 semaines, les nymphes gagnent la surface de l’eau, les imagos sortent…c’est l’émergence.
Dans certaines grottes, on peut trouver de grandes concentrations d’adultes, liées à une hygrométrie proche de la saturation et dans les parties dépourvues de courants d’air.

 

Les prédateurs des imagos sous terre sont surtout les Opilions qui courent sur les parois !

A l’extérieur, ce sont les larves qui font le repas des poissons et des oiseaux, ces derniers étant aussi chasseurs d’adultes !!!
Les adultes sont fortement attirés par la lumière vive placée dans les milieux sombres, et présentent alors un vol tourbillonnant.

A la lumière des lampes « Leds », ces insectes présentent une coloration soyeuse assez « agréable », et leur concentration souvent importante offre des tableaux vivants surprenants.
Il est assez fréquent de rencontrer des couples en copulation dans les entrées de grottes, en mai.
Les mâles n’ont qu’une existence limitée à quelques semaines.
On souhaite à tout spéléphile et/ou entomophile de rencontrer ces intéressantes petites bêtes !!!

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