Descente de l’Epte : Gournay-Sérifontaine 695

Descente de l’Epte : Gournay-Sérifontaine 695

17 octobre 2023 Canoë 0

 

 

Descente de l’Epte : Gournay-Sérifontaine      695

Bien que modeste avec ses 112 km de cours , 180 m ( 1,8 mm/mètre en moyenne) de dénivelée et environ 10 m3/seconde de débit moyen, cette rivière est très connue pour son rôle historique de frontière géographique entre la Normandie et le Royaume de France, de l’an 911 à l’annexion de la Normandie en 1204, mais aussi grâce à la célébrité du peintre Claude Monet et sa propriété de Giverny.
Le rôle frontalier a généré la construction de nombreux châteaux et autres places fortes, de part et d’autre de sa vallée.
De plus, comme tout cours d’eau régulier de bon débit, l’Epte est semée de moulins, aujourd’hui inactifs et plus ou moins conservés.

Conventionnellement, cette rivière est considérée navigable en canoë à partir de Gournay-en-Bray, pour 73 km jusqu’à la Seine.

 

 

Commercialement, cette navigation ludico-sportive s’est peu à peu installée, de Dangu à Giverny soit 34 km. (il reste alors environ 3 km pour atteindre la Seine)
Il y a donc une petite quarantaine de kilomètres très peu parcourus de Gournay à Dangu, et il n’en fallait pas plus pour déclencher une idée de sortie exploratrice dans les esprits SJViens…

 

Ce genre de « reconnaissance » de parcours, nous y sommes habitués, comporte évidemment une part d’inconnu, une part d’aventure, une part de risque, une part d’efforts, et demande du temps libre… Une journée y est vite déroulée !
En toute logique elle est menée en tout petit nombre, et avec des échappatoires repérées.

 

Si 40 km de descente ne réclameraient, en navigation « normale » que 6 heures, pour ce type de rivière de plaine, nous convenons de n’en parcourir que 20 dans le même temps, ce qui est souvent observé…on va deux fois moins vite !

Section du jour : Gournay-en-Bray à Sérifontaine 23 kilomètres. A première vue, 20 obstacles artificiels potentiels, qu’il s’agisse de ponts, de passerelles, de barrages, de vannages… Auxquels s’ajouteront probablement des obstacles naturels, arbres tombés, embâcles, rochers, « maigres »,…

Il y a déjà une cent-vingtaine de kilomètres en voiture pour atteindre le ville de Gournay.
Au nord de la N 31, accès quasi impossible car  ligne SNCF contre la rive gauche, et zone d’activité industrielle continue en rive droite, archi-clôturée, accès aux berges interdit.
Embarquement et stationnement très difficiles au pont Thomas sur la N 31, (repère 1)   mieux vaut donc réaliser l’affaire en aval au sud du pont de la Route Neuve ( D 916)  bénéficiant de plus d’un parking de super-marché. (en rose). Mais cela empêche la traversée de la ville en bateau.
Un chemin herbeux partant du coin sud-ouest du parking longe alors une clôture et aboutit à l’Epte après 70 m  de halage terrestre sur grosse moquette de graminées ! (Point vert, repère 5 )

Le réseau hydrologique de Gournay est en effet assez particulier, et n’est praticable raisonnablement que dans une période de bonnes eaux. Mais son intérêt reste assez limité.
En « A et jaune », il y a une diffluence, le bras gauche étant mineur puis recevant presque tout de suite les eaux du bras gauche de la Morette (Lettre B), celles du ruisseau d’Auchy ( lettre C) (8 km de cours abondé par le cours d’eau de Ferrières 3 km de cours) finit par égaler le bras droit majeur de l’Epte !
On notera l’originalité du croisement de la Morette par-dessous l’Epte au Pont Thomas (repère bleu clair), grâce à une canalisation profonde semi-siphonnante.
Le bras droit de l’Epte connaît alors une seconde diffluence qui le réduit à nouveau.
C’est la branche droite qui reste essentielle et alimentait le grand Moulin Dupuis.

 

Ce dernier fonctionne encore, sur des énergies « modernes », produisant des farines traditionnelles à usage professionnel ( plus de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel tout de même !).
Si on s’est entêté à démarrer en amont de la ville, pour arriver à cet endroit,  la retenue d’eau est franchissable, (barre rouge)  radier large peu pentu suivi d’une chute verticale de près de 2 mètres, mais pas en sautant, sauf fortes eaux et kayakiste expert et/ou kamikaze !
Franchissement prudent possible mais en se mouillant au passage de la chute. Intérêt très limité…sauf petit défi exhibitionniste !

Juste après ce moulin, la branche gauche conflue (balise 3) après être elle aussi passée par une modeste retenue d’eau visible de la Rue de Ferrières entre deux grandes bâtisses, puis selon un curieux étroit chenal citadin longeant le boulevard piétonnier des Planquettes, avec sa multitude de petites passerelles privées.

 

 

Enfin, en atteignant le pont de la Route Neuve (de Ferrières), les eaux de l’Epte sont enfin réunies (Balise 4) avec celles de tous ses petits affluents en amont de Gournay…et c’est heureux, car cela donne juste assez d’eau, en période de faible débit, pour espérer naviguer avec des bateaux de 15 à 20 cm de tirant d’eau.

 

 

C’est à présent qu’il convient de considérer deux pratiques bien différentes :

Soit on envisage une descente clairement navigable, ne comptant que peu de débarquements/embarquements pour cause de « maigres », avec, au contraire, une belle et longue série de petits rapides aisés et agréablement manœuvriers sur plusieurs kilomètres, et dans ce cas il faut impérativement choisir une période de plus hautes eaux, à savoir de décembre à mai…mars/avril, logiquement meilleurs, notamment pour les températures et la flore printanière.
(Mais viser les jours de semaine où la pêche n’est pas autorisée, c’est à dire mercredi, jeudi, vendredi s’ils ne sont pas fériés, ou en dehors des mois d’ouverture)
Pour autant, ne pas se croire exempté de surprises diverses, dont quelques arbres tombés, embâcles, ou vannes de moulins, voire passerelles trop basses dans ce cas des eaux plus hautes ! Mais ça restera peu fréquent.

 

 

Soit on recherche une descente très « sportive », non au sens kayakiste mais au sens général, et une bonne centaine de débarquements-embarquements avec quelques mètres ou décamètres à marcher (sans portage) à chaque fois seront au programme, s’ajoutant aux obstacles précédemment cités.
Ces deux options ayant chacune leurs intérêts.

 

 

Dans le second cas, il peut être pertinent de réduire le tronçon général de 23 km en deux de 11 km, 1 km étant éliminé au tout début.
Si on vient « de loin », pourquoi ne pas faire cela sur deux journées avec halte nocturne au niveau de Neuf-Marché, petit espace vert public sauvage juste avant le pont SNCF.

 

Ce dernier offrant un abri relatif momentané si petite pluie coquine !  Belle collégiale, château Henri 1er…deux villages tout proches. Courte navette à bicyclette…bivouac facile.

Partant donc au sud de Gournay, on va trouver 23 kilomètres de méandres successifs dans un cours d’eau de 6 à 12 mètres de largeur en moyenne, rarement très profond. Le lit est engoncé, ce qui ne donne que peu souvent un paysage étendu, mais quelques collines alentour remédient à la monotonie possible que l’on ressent par moments.
Dans les premiers kilomètres, l’aspect de l’eau est décevant, sans être vraiment rebutant, mais on est loin d’une limpidité attendue dans cette rivière, d’autant qu’un émissaire de station d’épuration est dans le coin…
Cela s’arrange cependant assez vite, et on retrouve alors les herbiers abondants de Renoncules d’eau et de pseudo-nénuphars.

 

 

Concomitamment la présence de poissons (dont truites) et d’oiseaux devient nettement plus importante.
Cela est très remarquable dès la confluence de nombreux petits ruisseaux  après 5 kilomètres de navigation, au niveau du Fourchet.                        

Comme l’illustre la carte simplifiée ci-contre, le bassin versant est considérable au regard de la rivière Epte à ce niveau de son cours, et permet une alimentation respectable, même si au moins la moitié de ces ruisseaux ne coulent qu’en période pluvieuse soutenue.
C’est pourquoi l’Epte ne devient vraiment canotable qu’après ces confluences multiples, avec encore pas mal de réserves si on n’aime pas marcher dans l’eau !

Il n’est pas possible de décrire et situer les très nombreux passages « maigres », ces derniers variant régulièrement et dépendant du débit, lequel varie du simple au double entre le début du printemps et la fin de l’été !!!.
Les « maigres », inconfortables, mais souvent esthétiques…

 

Hormis les ouvrages hydrauliques des ex-moulins, plus ou moins restaurés, tous les ponts et toutes les passerelles laissent un tirant d’air suffisant pour passer en navigant, pour un débit faible à moyen. Par gros débit, il faudrait quand même s’en méfier pour certain(e)s.

 

 

Il n’y a que très peu d’habitations riveraines, et elles sont éloignées des rives hormis les moulins et leurs dépendances, bien sûr.
Il y a régulièrement des arbres tombés, souvent de dimensions imposantes, passage dessous ou dessus, c’est variable !

 

 

Les embâcles autres que créés par ces arbres sont rares, ce qui fait que, pour la plupart, leur franchissement est assez facile et sécuritaire.
Les éléments de pollution anthropiques restent très limités, même s’ils paraissent toujours trop présents, mais cela reste anecdotique, et tant mieux !

 

 

Ce jour-là, un jeudi, 8 heures sur l’Epte sans y rencontrer PERSONNE, ni dans l’eau, ni sur l’eau, ni sur les berges…d’autant que la pêche n’y est plus autorisée en octobre.
Mais c’est une rivière pêchée…il vaut mieux éviter les jours de pêche (car règlementation et limitation de ces jours pour les pêcheurs).

 

 

Car, de fait, le passage d’un bateau, même petit et discret, peut suffire à sérieusement nuire au « coup de pêche » localisé, et on peut comprendre le désagrément ainsi créé. Les gens payent le droit de pêche environ 20 euros pour la journée, 100 euros pour l’année… Au pire, éviter les heures propices à la pêche…

 

 

Les meilleures heures vont en effet dépendre de la saison et des températures. Plus les températures sont froides plus les heures ensoleillées seront privilégiées par les pêcheurs. Ainsi en hiver, mieux vaudra naviguer  avant 10h et après 15h. C’est le moment où les températures vont pouvoir s’élever et où les poissons vont pouvoir se mettre en activité.
Au contraire, en période estivale et lorsque la chaleur s’installe, il vaut mieux naviguer tard le matin et bien avant le soir, c’est à dire en dehors des heures durant lesquelles les petits poissons vont se mettre en mouvement à la recherche de nourriture ce qui va déclencher la mise en chasse des carnassiers.
En toutes circonstances, ne jamais entrer en conflit avec les pêcheurs et/ou riverains…ces deux catégories de personnes ayant souvent une grande influence sur les autorités locales et leurs pouvoirs réglementaires…

 

De toutes façons, les conflits sont toujours très néfastes aux canoteurs, à court comme à long terme, et se répercutent sur tou(te)s les pratiquant(e)s.
Dates d’ouverture générale :
Cours d’eau et plans d’eau de 1ère catégorie (l’Epte en fait partie dans ce tronçon) : Du 2ème samedi de mars au 3ème dimanche de septembre.

 


Cours d’eau et plans d’eau de 2ème catégorie : ouverts toute l’année (sauf ouvertures spécifiques, à consulter sur internet).
Cette petite rivière est agréable par son tracé sinueux, et sa largeur modeste, ses eaux vivantes.

 

 

L’Epte est ouvent bordée d’arbres remarquables par leurs dimensions, leur formes diversifiées, très bien ombragée.
Très peu d’obstacles sournois (roches affleurantes, piquets de fer, carcasses métalliques…).
Les quelques bâtiments riverains sont presque tous rénovés, en cours de restauration, terrains entretenus, peu de berges enlaidies par des éléments de construction anarchiques.

 

En revanche, nombreuses petites passerelles privées, la plupart à usage agricole, en très mauvais état…souvent à base de gros IPN encore solides, mais garnis de boisages pourris ou de petits fers très oxydés. Plus dangereux encore sont les bâtis en béton armé ou non, morceaux de mortier se détachant çà et là.
Les seuils maçonnés sont tous à peu près en bon état.

 

Les vannes de bois sont soit fermées en permanence, soit entrouvertes, leur franchissement exigeant de les reconnaître préalablement, notamment leurs bassins de réception potentiellement encombrés… mais sont toutes franchissables en douceur, ou contournables discrètement par voie terrestre ou en revenant au chenal d’équilibre qui les précède. Ce dernier ne garantit pas une navigation, puisque intermittent , souvent étroit et mal entretenu.

Aux abords de Sérifontaine on arrive sur une suite de passerelles et tuyaux suspendus puis à des vannes facilement franchissables hors du bateau, en restant sur le bras majeur.
Le petit bras de délestage du cours principal (pointillés noirs) qui traversait naguère une grande usine métallurgique désormais disparue, remplacée par une actuelle petite zone d’activité commerciale et une future petite centrale photovoltaïque, n’a pas été visité.
Il donne, en 450 mètres,  sur une passerelle avec accès à la D 102e.
A l’Est de la rivière existe actuellement une immense aire bétonnée (ancienne usine) permettant parcage et diverses manipulations des canoës…cependant, la sortie de l’eau a un caractère haltérophile, car il y a une solide barrière à passer en hissant puis basculant le bateau. Faisable mais en se coordonnant bien !!!

 

Dans la formule basses-eaux, ce petit périple de 23 km environ a demandé à peu près 7 heures sur l’eau, ce qui est une moyenne classique dans ce type de parcours « découverte » sur rivières secondaires non aménagées.
Cela pour un seul bateau et une équipe de deux personnes habituées.

 

 

Sortie de 15 heures dont 3,5 + 2 de déplacements automobiles ou assimilés, 1 heure de reconnaissance pédestre, 1 heure de manipulations, préparations, chargement et déchargement, une demi-heure de pause.
Météorologie mitigée à agréable, léger vent.
Une gentille épopée, sereinement menée, mais qui a réclamé quelques efforts et beaucoup de temps, la navigation n’en ayant concerné qu’à peine la moitié ! Belle récolte d’enseignements, bonne journée sportive, le tout avec un esprit d’équipe permanent sans faille.

Nous encourageons nos lectrices et lecteurs à profiter de cette « reconnaissance » de parcours riche de détails utiles…

  Eh, oui ! C’est déjà fini…

 

 

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