Duo gagnant, Berger 2020 342

Duo gagnant, Berger 2020 342

18 septembre 2020 Grottes Spéléologie 0

Duo gagnant, Berger 2020          342

Pour sa seconde tentative de visite en duo, SJV a opté pour une version avec bivouac, et en prenant « son temps ». En voici un récit approximatif ! (Car 6500 mots pour 39 h sous terre et 3 dehors + quelques dizaines d’autres en préparation, ça fait à peine 2 mots à la minute…pas bavard donc !!!)

Contrairement à celles de l’article 341, toutes les photos incluses dans cet article sont empruntées à divers auteurs, que nous remercions, en supposant leur accord tacite. Dans le cas contraire, nous les retirerons sur simple demande de leur part.
Elles sont insérées sans rapport chronologique avec l’exploration SJV. L’objectif est purement illustratif.

Equipe historique

La tentative « berger 2020 » aura été précédée d’ennuis mécaniques d’un véhicule créant un retard de 4 heures sur l’arrivée au camp de base et l’installation au parking de la Molière à 1634 mètres…soit à 174 mètres au-dessus de l’entrée du Gouffre Berger (1460 m) Il est 21h30.
Divers préparatifs détaillés, mise en place du campement, nous amènent à dormir vers 23 heures, aucun autre spéléologue ne bivouaquant ce soir-là, soir où le passage d’une lointaine comète (Néowise, 5 km d e diamètre estimé, à 105 millions de km !) est attendu par un groupe d’astronomes amateurs perchés au plus haut du col.
Nous interprétons cette coïncidence temporelle comme un bon présage, en dépit d’un petit « tour de reins » que Nanou s’est provoqué par amour de son potager, (mais pas de son pote âgé…), en manipulant vigoureusement ses lourds arrosoirs…et qui se fait un peu trop sentir !


Lever vers 6h30, après un bivouac sous une voûte étoilée magnifique, et rencontre du groupe de sept grenoblois du GUCEM, qui sont prêts à s’engager peu après nous, l’organisateur nous ayant planifiés en « ouverture de bal », ce qui nous honore !
Le troisième membre de notre délégation du club SJV ne sera pas des nôtres, ayant renoncé à sa participation sur fond de Covid19 et les mesures de distanciation et gestes-barrières inapplicables dans de telles entreprises spéléologiques.
Nous formerons donc un duo, amis depuis 18 ans, nous nous connaissons bien, sommes parfaitement en phase et dument entraînés grâce à trois sessions de formation et de cohésion d’équipe, dont une en contexte de confinement.


Nous ne doutons pas de notre réussite, sauf accident bien sûr, car notre préparation technique, physique et mentale a été bien menée, nos préparatifs matériels soignés, et l’organisation par la FFS, avec la bienveillance légendaire de Rémy Limagne, parfaitement rôdée.
Qui plus est, l’itinéraire est connu, reconnu en 2019, les conditions météorologiques préalables ont été idéales et celles prévues pour trois jours à venir le sont aussi.
Enfin, l’autre et seul  groupe à entrer ce jour est lui aussi exercé et connaisseur, et assure de facto une sécurité supplémentaire, une solidarité absolue étant la règle sous terre et, a fortiori, dans le Berger.
Nous voici partis vers 8h00 pour une promenade de mise en forme de 3500 m en descente, que nous ferons très tranquillement pour éviter la transpiration et une pré-fatigue inutile, prenant le temps d’admirer les fleurettes au passage , et de saluer le Scialet et la Fromagère !


Nanou écoute son dos qui chante un peu à chaque pas qui talonne, espérant que tout ça va se calmer en changeant radicalement de postures et de rythme une fois arrivés, et nous voici « au bord du gouffre » que nous pénétrons vers 9 heures, Benoît du GUCEM commençant la pose des doublages de cordes dans le premier puits…merci Benoît, nous savons que ce sera bien utile à beaucoup de monde !
Le premier puits descendu, nous voici à l’étroite et lourde porte trapézoïdale historique…la franchir implique une pensée émue vers les courageux (et chanceux ! ) pionniers des années 50, sept décennies nous en séparant donc déjà.


 Nanou est en tête, c’est un choix résolu, je tiens à ce qu’elle puisse dire demain soir que notre réussite est autant la sienne que la mienne, et surtout, qu’elle serait capable de mener cette course souterraine seule et en autonomie complète, indépendamment de ma présence, même si, bien sûr, le partage humain est irremplaçable et si la présence de l’autre offre une assurance en soi et une sécurité supplémentaires.
Nous enchaînons les crans de descente, la grotte est à nous seuls pour quelques heures…nous goûtons ce privilège et cet honneur. Les méandres restent agréables, comparés à ceux qui sont souvent nos lieux de passage dans la Meuse…serrés, voire exigus, crocheteurs, ou gluants !


Un beau travail de la FFS, là encore, la sécurisation étant optimisée par de généreuses mains courantes qui ont, en plus du mérite de nous protéger, celui de nous guider quant à savoir si «on passe en haut » ou si « on passe en bas » évitant les pertes de temps , d’énergie et de patience en cas de mauvaise piste !
Les puits sont aussi beaux qu’impressionnants, dans cette cavité entièrement « propre », où tout ce qui est humide est brillant et les cordes jaunes neuves, nouées et posées avec une grande attention, y procurent un réel plaisir de progression.
Moins préoccupés par le contrôle de tout comme tel est le cas dans les cavités classiques « banales », nous voici plus réceptifs et attentifs à tout ce qui nous entoure et nous accueille.

Puits de l’Ouragan (- 1000 m), Gouffre Berger, Massif du Vercors, France

Vient le moment de déposer la première bouteille d’eau de réserve, qui sera la bienvenue quand nous remonterons car la dernière source d’eau hormis quelques flaques boueuses et très douteuses du bas des puits est à – 250 m, et il faut bien la chercher s’il n’a pas plu depuis plusieurs jours.
C’est aussi le moment de faire un petit point sur le physique et sur le moral…tout semble aller bien pour nous deux, alors… on continue !
De hauts puits, souvent vastes et sculptés par le travail des eaux corrosives, mais aussi richement concrétionnés quand on prend le temps de bien les regarder de toutes parts, sont le lieu de notre progression, et nous en profitons pleinement…
Ici la cannelure profonde et fuyante, là une gorge serrée décrit un « s » qui se jette dans le vide, là encore des concrétions enroulées superposées nous emportent en Grèce corinthienne…


Prendre des photos est tentant, mais nous nous sommes mis d’accord quant au fait que nous n’en prenons qu’un minimum à la descente, pour mieux nous y consacrer à la remontée.
Non seulement on aura plus le temps car on ira moins vite, mais la prise de vue créera des mini-pauses tout à fait conseillées pour l’élimination des toxines produites par l’activité musculaire intense et pour la modération du rythme cardiaque, deux aspects négligeables pour les jeunes adultes  sans doute, mais beaucoup moins pour les (beaucoup) moins jeunes dont je suis !
Le second méandre, dit « sec », se franchit assez aisément, le stress lié au risque de glissade étant bien moindre que dans le premier aux parois luisantes, comme huilées par un film d’eau glaiseuse.


Un dernier grand puits (Aldo) annonce le petit bout de  méandre final dans lequel ruisselle un filet d’eau, et c’est le débouché…
L’effet est instantané autant que surprenant : très grande galerie, haute d’une trentaine de mètres, large d’autant, et que l’on sait longue…Contraste fort entre les verticales resserrées d’où l’on émerge et cette horizontalité largement ouverte dans laquelle on plonge !
Le lit de la rivière, poétiquement dite « sans étoiles », est presque à sec ce jour-là, et, là aussi, une curiosité naturelle offre l’alternance du blanc d’une marne calcaire et du sombre d’un calcaire gris compact…si ce dernier est agréable à arpenter, la première réserve des surprises et des bleus aux fesses ou aux genoux pour qui ne s’en méfie pas suffisamment quand elle est mouillée : une vraie savonnette !!!


Dans cette superbe galerie géante, le spéléologue, même aguerri, peut se sentir tout petit. Et bien vulnérable. Tous ces gros blocs, ces milliers de cailloux sont soit tombés des voûtes, plus ou moins charriés, soit issus des précédents concassés ensuite par les tempétueuses crues que connaît cette cavité depuis des milliers d’années…mais il y a bien un jour où ils se sont décrochés du ciel noir, et, à un moment ou un autre, le spéléologue peut penser que ce jour-là sera peut-être aujourd’hui pour le prochain décollement de roches…et peut-être là où il est, justement !
Fort heureusement, l’esprit mathématique fait remonter les éléments statistiques…et le risque devient ridiculement improbable…ouf !

Les petites balises en bouts de gilets jaunes rétro-réfléchissants sont décidément d’une grande utilité, les cheminements bottés n’étant pas toujours très visibles et surtout souvent doublés ou croisés de fausses pistes, le passage le plus recommandé n’étant pas forcément le plus évident !


Nous y allons tranquillement, les regards portés en tous sens, car il y a déjà de belles choses à nos yeux, tout en veillant à nos pas.
 L’imagination peut courir très vite entre ces blocs de toutes formes et tailles qui évoquent mille objets et créatures si l’on se laisse aller à des rêveries fertiles…mais on a dit qu’on avance, lentement, mais aussi sûrement que régulièrement.
Lentement, oui, ça nous semble être la bonne démarche en ce dimanche du saint Arsène, qui nous ramène lui aussi chez les Grecs ! (Arsénios, « viril » « mâle puissant »…) Je souris, et ne suis pas le seul !!!
Tout ce que nous lui demandons à Saint Arsène, c’est de veiller sur nous de toute sa puissance !!!


Nous passons justement à côté de majestueuses stalagmites massive géantes, ogivales, fusiformes, qui incarnent une force colossale, effet renforcé par leur surface grumeleuse au relief scintillant sous nos lampes, et leurs ombres portées gigantesques qui tournent au gré de nos pas dans ces lieux sans soleil marquent le temps qui passe, insolites gnomons des ténèbres.
Nous rencontrons une œuvre architecturale collective qui nous rappelle celle du puits du Cairn, et paraît symboliser comme une porte vers l’au-delà, «  plus loin, plus loin, plus loin tu iras si tu la franchis. »
La porte de l’aventure vers le Grand Eboulis, après le lac Cadoux,  pour aujourd’hui lac Cailloux, et les deux petites cascades fraîches à passer sur corde. Mais la main courante du lac, à main gauche, ne nous échappe pas, et elle paraît bien basse et bien molle pour pouvoir passer  ce plan d’eau en restant sec lorsqu’il est plein !!!

On passe la salle Bourgin, on est à – 320, la sensation de réaliser une petite randonnée nocturne de montagne se fait forte, pour un peu on guetterait la marmotte, le mouflon ou le chamois…d’autant que le gazouillis du torrent, plutôt débonnaire après une semaine au moins sans précipitations extérieures, est en tous points semblable à celui des ruisseaux trottants des montagnes… il nous sera précieux lorsque la soif sera venue et que nous pourrons y puiser l’eau, cette eau magique que nous ne respectons plus assez en surface, trompés que nous sommes par son abondance et sa disponibilité permanente, insouciants que nous sommes de ce qu’elle ne sera pas inépuisablement potable si nous continuons à la polluer de maintes façons…cette eau, celle de la Planète Bleue, essentielle, vitale.


Nous arrivons aux monstrueux Grand Eboulis…400 mètres à parcourir, bien pentus, dans une cathédrale de pierre de 50 à 70 mètres de largeur, des milliers de tonnes de roches aux arêtes vives, accumulées …tantôt instables en diable, tantôt soudées entre elles par un concrétionnement lampant, grisâtre, vernissé çà et là par les frottements de générations de bottes et combinaisons de spéléologues passés par ici depuis des décennies.
Une estimation grossière pourrait donner environ …20 000 humains visiteurs depuis 1955. Davantage peut-être ?
La dernière pente raide nous conduit au bivouac – 500 après avoir longuement côtoyé l’antenne filaire du Nicola inférieur, plaquée contre la paroi à main droite.


Nous avons justement opté pour une formule « deux jours avec bivouac ».
Ceci pour plusieurs raisons…

  • Nous avons bien l’intention d’aller « au fond », -1100 par exemple, et ne devoir remonter « que » 500 m avant une bonne nuit de sommeil le rend beaucoup plus probablement atteignable, car retire toute inféodation démotivante au temps ou presque, et soulage l’effort du jour d’une partie fatigante quasiment « non-stop ».
  • Ne pas être trop fatigué est une condition pour pouvoir pleinement profiter de cette excursion, dont l’aspect sportif n’est pour nous qu’une des facettes.
  • Nous avons envie de bivouaquer à – 500, étage mythique, et passer une nuitée souterraine exotique, dont nous savons qu’elle sera très douce et reposante, grâce encore une fois à l’installation permanente par les spéléos du Vercors d’un grand bivouac toilé de plastique métallisé dans le style « couvertures de survie épaisses soudées » avec nombre de petits mini-mousses que l’on peut librement empiler pour réaliser une couche de 3 ou 4 cm d’isolant mou, dès lors que nous ne serons que deux à y dormir. Nous n’aurons qu’à y dérouler un duvet léger (750 grammes) tout de même prévu pour + 10°C…il doit faire 7 ou 8 °C ici, on est dans le coup !
  • Nous voulons pouvoir prendre le temps d’admirer, d’observer, de méditer, de photographier, même si notre équipement se réduit à un petit « compact numérique » avec pour seul éclairage nos deux frontales « Leds »…Nous savons bien que le résultat sera médiocre d’un point de vue photographique, mais l’ambiance sera là, et le partage avec celles et ceux « de la surface » sera bien plus soutenu et enrichissant !
  • Nous voulons éviter les longues attentes au bas des puits, même doublés en cordes, lorsque tous les pratiquants en retour finissent par s’y agglomérer, ou bien éviter de faire attendre ces mêmes pratiquants, si on est devant. Notre choix est de remonter lorsque tous les accédants au gouffre de lundi matin seront (presque) tous passés à – 250 m.

Nous abandonnons donc une partie de notre matériel, un des sacs devenant soudainement bien moins lourd ! Là encore, la prudence nous conduit à conserver un bidon chargé d’un change vestimentaire complet pour mettre une éventuelle victime ou un(e) épuisé(e) au « chaud »dans une couverture de survie, complétée par un duvet 10°c soigneusement emballé.
 Et un peu de nourriture évidemment.
Ce dispositif nous coûte à peine deux kilos…pour deux, c’est un peu handicapant dans ce qui va suivre bientôt, mais il n’y a aucune hésitation au su de tout ce que cela pourrait apporter de bien à quelqu’un en difficulté, de notre équipe ou de celle du GUCEM qui, désormais et alternativement, nous dépasse ou est dépassée selon les pauses et les cheminements. De sept au départ ils passeront à cinq pour la suite « plus sérieuse », à savoir : les Coufinades et suivant.

Mais avant, nous passons dans la Salle des Treize, la salle Germain, celle de Saint Mathieu et de Jacqueline…500 mètres de merveilles à n’en plus finir !
Tout y est !
Magnifiques gours, du géant au minuscule, formant toute une « famille », aux crêtes tantôt massivement solides, tantôt délicatement ciselées, aux eaux cristallines pour peu que personne n’y ait marché, teintées d’émeraude aux reflets argentés, tout cela étagé avec un art et dans une harmonie que seule la nature minérale peut créer avec une telle authenticité esthétique.
Myriade de fistuleuses à la grâce translucide ou en baguettes de fée aux couleurs d’albâtre, naissantes ou déjà fort développées, mais surtout, aux formes ou positions curieuses parmi les longues rectilignes bien verticales…


Telle s’est autorisée à contredire les lois de la gravité en croissant en oblique, telle autre famille a dessiné des courbes élégantes, avant de reprendre le chemin des sages, en queue de cheval, telles autres encore se sont tortillées, entrelacées, anastomosées…c’est à laquelle sera la plus excentrique !!!
Superbe échantillonnage de stalactites plus denses  et fortes que leurs sœurs précédentes, avec encore plus de diversité de couleurs et de structures…certaines géantes !


Presque toutes les formes sont représentées, beaucoup sont originales, nombre d’entre elles étonnamment vrillées, crochues, verruqueuses, dont celles, assez remarquables parmi les remarquées, porteuses de développements coralliformes d’un blanc pur .
Les stalagmites et formations assimilées n’ont rien à envier à leurs sœurs des plafonds, et parois inclinées…de véritables menhirs de calcite, des forêts de troncs écourtés se présentent à nos regards, tout y est surdimensionné, à ce niveau.


Ces formations fantastiques sont accompagnées de plus modestes en taille, mais d’une diversité qui ravit l’esprit…cierges aux profils torturés, bâtons de berger, colonnettes, « piles d’assiettes », feuilles d’acanthe, …piliers…
Leurs couleurs qui vont du blanc pur aux rouilles les plus fortes, dans toute une gamme de crème, de jaunes, d’ocres et de roux, soulignés de brunes striures ou de noir, donnent l’image d’une palette d’artiste peintre lorsque ce dernier à presque achevé son œuvre et que toutes ses pâtes pigmentées ont été subtilement mêlées entre elles en une multitude de teintes.


Ces dernières épousent les formes et les reliefs, voire les textures…les soulignent, les unissent, tels des pastels de pierre.
Pour finir le formidable tableau qui se déroule sous nos yeux, d’incroyables coulées stalagmitiques aux formes rebondies, aux couleurs d’ivoire et de vanille n’en finissent plus d’avaler nos pas vers la suite, véritable tapis d’honneur que nous avons presque honte de fouler de nos vilaines bottes heureusement à peu près propres…
Je me prends à penser à celles et ceux qui, dans certaines cavités, se déchaussent religieusement pour ne marcher qu’en chaussettes, voire pieds nus, aux fins de ne laisser aucune trace visible de leurs passages en certains lieux hyper-fragiles… !

Mais nous allons bientôt quitter ces salles si plaisantes, captivantes, par endroit fascinantes, aux décors de contes de fée, que la magie cristalline a lentement réalisés.
La dernière longueur cordée de cette immense coulée nous amène vers – 640 m, devant une surprenante petite « porte », nous sommes donc au-dessus du « vestiaire », l’endroit où certaines et certains choisissent d’enfiler soit un bas de néoprène soit une pontonnière pour pouvoir progresser dans le lit de la rivière ici retrouvée, autant que possible, la température de l’eau étant de 7°C, ceci pour s’éviter une longue suite de mains courantes plus ou moins commodes à suivre, assez fatigantes et qui prennent du temps en manipulations incessantes de mousquetons de longe.
Mais bien sûr il faut porter tout ça…jusque là ! Et il faudra le remporter alourdi par l’eau dans le cas des néoprènes…
Comme beaucoup, nous irons sur les parois…


On trouve là un des panonceaux FFS, dont le message aussi sobre que clair, est sans ambiguïté donc :
ne sous-estimez pas le gouffre, ne surestimez pas vos forces, n’allez pas à l’épuisement, ne continuez que si vous êtes en forme.. .etc. Le « public » censé être déjà « averti » est averti !
Nous apprécions beaucoup cette démarche de responsabilisation, beaucoup plus fructifère que celle des interdictions indifférenciées en tous genres sous prétexte de « principe de précaution », totalement infantilisantes et abrutissantes.
C’est que nous allons entrer dans les Coufinades, dont tout lecteur un peu curieux aura pu apprendre qu’il s’agit sans doute de la partie la plus « physique » de la course, environ 400 m dont les trois quarts sur mains courantes à parcourir souvent en (forte) tension,  soit sur les bras soit sur longette.


Mais c’est aussi une fabuleuse promenade de toute beauté, dans un décor de canyon sauvage particulièrement concrétionné, accompagné  du flot tantôt joyeux, tantôt furieux, dont la musique complexe nous change des longues errances quasi-silencieuses précédentes.
Dans cette partie très active, cohabitent des milliers de stalactites et de draperies, dont beaucoup de fistuleuses d’où cette dénomination de « Coufinade »…la fameuse grotte de Coufin-Chevaline et sa spectaculaire salle des fistuleuses au-dessus du lac n’étant pas bien loin ! Plus de 30 km de développement…et des spéléothèmes magnifiques, mais c’est une autre histoire !
Cependant, ici, pas de guide, pas de barrières, pas de spots ni de musique d’ambiance, juste la cavité telle qu’elle est, seules les cordes et amarrages venant troubler les paysages extraordinaires que révèle cette galerie pour qui ne va pas trop vite et laisse son éclairage se promener un peu partout…c’est presque incroyable, mot que Nanou répètera souvent !


Pour autant, l’effort à produire n’en est pas gommé, aux mains courantes s’ajoutent des tyroliennes obliques improprement nommées « rappels guidés » mais qui n’en sont pas du tout vu qu’il n’y a rien à rappeler !
Elles nous évitent d’être trempés par les cascades ou de nous immerger dans un ou deux plans d’eau profonds, et constituent des passages un peu plus techniques et divertissants qui viennent à point nommé pour varier un peu l’effort !
Tout cela se passe fort bien, tire un peu sur les bras, mais un bel entraînement aux tractions brachiales a été programmé et mené, et nous en tirons ici tout le bénéfice.

Nous parvenons alors dans le Grand Canyon…environ 400 m à nouveau, on monte puis on descend, principalement sur des pentes boueuses heureusement cordées, ce sera là la partie que nous aimerons le moins, surtout après les Coufinades…pas bien difficile, mais pas bien intéressante à nos yeux.


Reste que ses cinquante mètres de largeur,  au plus grand de son extension, et cet énorme talus d’éboulis plus ou moins colmatés d’argile sous lesquels serpente gentiment la rivière quand elle est calme, sont une formation très impressionnante…Nous choisissons la version sécuritaire qui consiste à utiliser les cordes soit à la main soit en y posant un nœud à friction de Munter (dit aussi Italien, ou encore, malheureusement,  « Demi-cabestan », ce qui est absolument impropre !) car une glissade incontrôlable y est tout à fait possible avec pas mal de risque de se faire mal, voire très mal.. alors qu’on est bientôt à – 850, ce serait bête quand même !

Et le Grand Sachem du Berger 2020 l’a bien répété : je ne veux pas d’accident, pas de médiatisation diabolisante…Hugh !


Nous y voilà, donc, au bas de ces pentes glissantes, et il ne reste plus maintenant que le Puits Gaché et la Grande Cascade avant la « Baignoire »…partie à franchir très animée par la rivière et dont l’atmosphère est chargée d’aérosols voire d’embruns, un petit peu « technique », qui nous amène à la salle De Joly  avec un petit lac.
Nous retrouvons donc ici une cavité « vivante », qui nous plaît beaucoup après une relative monotonie argileuse de la descente du Canyon.
Voici alors la « Baignoire », effectivement bien nommée pour qui jette un œil sur la suite la plus évidente descendant sur la gauche et comprend bien vite en quoi ça peut arrêter tout le monde ou presque…un joli siphon très frais s’y trouve !
Une autre suite peu engageante sur la droite, dans un petit laminoir calcité pourrait aussi  être la suite…mais une expérience précédente nous a appris que ce n’est pas non plus la continuité utilisable.


Reste d’aller en avant, dans une sorte de pierrier, dont la seule issue se trouve curieusement très en arrière à gauche, et le voilà, le passage ! Le ramper sur fond de cailloux n’est pas très agréable, et nous irons lentement !
Nous découvrons alors bientôt une galerie bien plus basse qu’auparavant et où coule de nouveau la rivière… le passage de la Vire-tu-Oses, dont l’appellation a franchi les frontières nationales, est finalement assez aisé à franchir et nous livre le Puits du Pendule.
Pour une raison inexpliquée, nous nous étions fait une idée d’un puits difficile à franchir où il faudrait « penduler » pour attraper la suite, avec de multiples tentatives délicates…mais finalement on le passera sans même l’avoir identifié !!! Ceci parce que le pendule initial a été réalisé par les équipeurs, et qu’il n’y a plus à « penduler » mais seulement à se tracter sur la corde pour gagner l’amarrage suivant !

Nous sommes très en forme, d’autant que la réussite est maintenant « à portée de corde »…
Pour des raisons liées à un formatage mental, nous nous étions représenté, comme une évidence, que la fin ne pouvait être que plus difficile que le début…La Vire, comme le Pendule, devaient être des morceaux de bravoure, dans nos esprits ! En fait, ce prélude à la grande verticale censée clore la course au – 1000 sera comme une simple formalité…la seule caractéristique que nous lui trouverons sera la tête de puits en voûte, qui, de fait, peut inspirer une certaine méfiance instinctive !
Il est donc là, le dernier puits, sous nos pieds : 44 m de vide. Puits de l’Ouragan ! Un nom qui en dit long…Nanou se lance, ce n’est pas direct…ultime fractionnement !
Je l’entends arriver en bas…ça y est, elle a réussi !

 Je la suis, et là, l’unique incident du jour va se produire : un amarrage du fractionnement cède, la vis s’est arrachée de la cheville… Le fractionnement ne tient plus que sur le second amarrage. Rien de grave, mais pas anodin, car si l’amarrage restant venait à céder lui aussi, il y aurait une belle petite chute à connaître ajoutée à un mouvement pendulaire contre paroi certainement traumatisant !

J’arrive à mon tour les pieds au sol au-delà de  – 1000 m, nous avons réussi !
Nous poursuivrons un  peu la descente jusqu’’à – 1075, le GUCEM, réduit à 5 membres depuis – 850, s’étant organisé pour dîner (chauffé, en plus !).
On va se restaurer aussi, mais ce sera plus frugal et froid !!!.
Cela nous arrange bien, nous n’avons pas envie de poireauter en bas des puits à remonter, surtout ceux après la baignoire, car très « humides », il nous faut donc redémarrer sans trop tarder pour devancer les autres au moins pour ces passages-là.
Et on commence les photos, en plus…

Il est à peu près 22 heures, nous avons mis près de 13 heures pour arriver là, tout comme les autres, soit une heure de plus que le temps moyen indiqué par le CDS38. Si nous retirons des temps d’attente liés à l’autre groupe, à certains passages, ou à quelques photos, ce dépassement est réduit de l’ordre de 30 minutes, ce qui nous semble très correct.  En théorie, le temps moyen pour revenir à la surface est d’environ 8 à 9 h, ça ferait du 6 ou 7 heures du matin !
Nous nous félicitons de l’option « bivouac »…on devrait y être revenus vers 3 h ! Dodo bien au sec et au chaud… ! Cette décontraction nous est très bénéfique, moralement, et c’est avec une grande sérénité voire assurance que nous redémarrons.


L’incontournable photo au bas de l’Ouragan est prise, Nanou est fière d’elle, à juste titre, et me manquera pas de parler de cette aventure à ses proches, sans vantardise, sans bravade, mais très contente !
Un entraînement qu’elle a soigneusement planifié et suivi…de la course d’une heure journalière à des longueurs de corde parcourues aux bloqueurs, cumulées de 200 à 400 m,  en passant par pompes et tractions associés à une modération alimentaire pour rester « mince » malgré son appétit féroce pour les bonnes choses…
Des préparatifs rigoureux, en tenant compte des conseils divers glanés chez les gens expérimentés et connaisseurs du gouffre, du matériel adapté, conditionné, toujours fruit d’un compromis intelligent entre confort, sécurité, efficacité, Nanou mesure le résultat, le déguste…elle qui n’avait jamais dépassé – 150 m sous terre ni bivouaqué aussi loin de l’accès extérieur ni passé plus de 24 heures dans une cavité naturelle profonde. Je la sens intérieurement fière et heureuse, et ça me fait grand plaisir !
Embrassade traditionnelle, comme les alpinistes au sommet, mais ici, le sommet est…en bas !!!

La reprise est fort humide, car les embruns et éclaboussures de manquent pas, et quand on monte on reste bien plus longtemps dessous que durant la descente, c’est bien connu…pause repas et inaction au pied de la paroi ruisselante avec des gouttes qui me coulent dans le cou commencent à me refroidir, je m’agite…le fractionnement défectueux a imposé d’y aller en douceur, c’est long…Je sais que dans l’autre groupe quelqu’un dispose d’une plaquette de secours, ça ira mieux pour eux !
« LIIIIIBRE ! »…ouf ! Je vais enfin pouvoir bouger de façon productive…Doucement, doucement, pas trop de secousses, avec 20 kilos de plus que Nanou j’ai encore plus de raisons de ne pas secouer l’unique petite vis qui tient encore, car si la première a sauté, je suis fondé à craindre que la seconde pourrait bien en faire autant surtout qu’elle supporte deux fois plus de tension qu’auparavant. Et vraiment, la secousse verticale associée au vilain pendule raboteur sur paroi suivi d’une petite douche froide qui en découleraient ne me disent rien qui vaille. Bizarre, non ?


Je passe l’obstacle…et je me sens bien mieux, soudainement, même avec 40 mètres de vide et suspendu à deux petits Spits en sous-face de rocher. J’ai osé la Vire !
Le parcours en retour nous paraît très sympathique, un peu comme si on était chez nous, chaque « difficulté » étant abordée avec une assurance déconcertante. Nous nous disons que ce doit être aussi une des conséquences positives de ne pas être installés dans une course contre la montre, contre la fatigue, contre le sommeil, contre la faim…non, nous sommes « zen », nous ne courrons pas. Chi va piano, va sanochi va sano va lontano ! On est dans une manifestation internationale quand même !
Je prends donc le temps de quelques prises de vue…ces lieux sont générateurs d’une joie profonde pour l’amateur esthète, et d’une frénésie de mémorisation numérique difficilement réprimable pour les photographes !


Comme d’habitude, je peste contre la brume que mes exhalaisons respiratoires provoquent, ce qui m’amène à bloquer tout ça, et, à la longue, ce n’est pas très bon pour l’efficacité physiologique !
Des aérosols viennent embuer l’objectif …rien de sec pour nettoyer…
Les mêmes aérosols forment une nuée de petits points brillants à chaque flash, et si on enlève ce dernier, il faut se caler quelque part au risque de photos floues…je râle !
Bon an mal an, j’en tire quelques-unes qui seront correctes, sans plus…
On avance, on avance…nous voilà revenus au pied du Grand Canyon. Je déteste ces passages glissants sans assurance passive dans lesquels on ne doit son équilibre durable qu’à l’adhérence suffisante des bottes, mouillées de surcroît.


Nanou marque la trace et fait le choix heureux de passer par les marges, en cailloutis instables certes, mais autrement plus accrocheurs au pied, jusqu’à rallier la première corde d’une série qui sert autant d’assurance manuelle que d’aide à la remontée, drôlement utile !
Une petite pause grignotage et de puisage d’eau…nous inaugurons le tout nouveau filtre, celui de l’an passé restant introuvable, et apprécions son efficacité : le débit de filtration est bien meilleur.
Le groupe GUCEM repasse alors devant, scindé en deux équipes, deux rapides et trois qui le seront moins, mais suffisamment pour que nous ne soyons plus réciproquement  ralentis dorénavant.


C’est que nous parvenons aux Coufinades…en sens inverse. Les tyroliennes seront remontantes…
Là encore, la sérénité prédomine.
Nanou connaîtra un moment délicat lors d’une sortie de tyrolienne, lorsque qu’un mouvement imprévu la verra se retrouver une jambe en l’air, prisonnière de son bloqueur de pied. Quelques efforts et un peu de patience seront nécessaires pour qu’elle s’en tire, toute seule comme une grande !

Ce sera la seule anicroche du jour, sans aucune conséquence notoire. Nous ne manquons pas d’apprécier à nouveau les paysages magnifiques de cette galerie très active en bas et très fossile en haut !

Le parcours ne nous paraîtra pas si long ou difficile que redouté, car, à nouveau, il y a une espèce d’appropriation, une acclimatation, on sait que ça passe sans problème, et bien sûr, on a une totale confiance dans l’équipement, la FFS ayant ici du mérite à souligner, et c’est bien l’endroit où les remerciements aux équipeuses et équipeurs ont toute leur place, les belles cordes jaunes faisant plaisir à voir et à utiliser, surtout quand on a connu des installations de cordes archi-usées, gaines explosées, torons échevelés, plaquettes branlantes…ça tenait, ça tenait, jusqu’à la prochaine fois…mais quel stress supplémentaire inutile !
Le vestiaire retrouvé, il est environ 2h00…Nous savons que la suite sera sans aucune difficulté particulière, ni dans l’effort, ni dans la technicité, ni même dans le risque, mais qu’au contraire, le chemin sera semé de beautés, et qu’en remontant lentement, nous allons en avoir plein les yeux.


Nous mettrons 1 heure et demie pour déniveler ces malheureux 150 m, mais quel délice !
Beaucoup de photos, dont je sais bien que peu seront présentables…Nanou est très patiente et compréhensive, elle occupe ses temps d’attente soit à mieux m’éclairer, soit à dénicher des sujets d’intérêt supérieur, mais surtout, elle admire… elle admire l’« Incroyable »…je l’entends répéter ça…je souris.
A l’approche du bivouac, le groupe de trois redémarre devant nous, il est près de 3h et demie, nous calculons que, partis comme ils sont, la sortie devrait être vers 7 heures…et ce sera même un peu plus, indiqué sur le registre !
Nous sommes très heureux devant cet abri de toile précaire, qui nous paraît super accueillant !


Déshabillage, petits « pipis » à distance, et, bonheur suprême, rhabillage à 100% sec tiré des bidons étanches !
On améliore un peu la géométrie de la « case » qui nous paraît la plus confortable, et on va même la rendre encore plus confortable en superposant des mini-mousses empruntés aux voisins absents…il n’y a plus qu’à se glisser partiellement dans les duvets et déguster notre dîner…aux chandelles pour l’ambiance !
Au menu, de délicieuses chips broyées, cerneaux de noix brisés, pâte d’amandes brute, Tucs nature en miettes, chocolat, le tout arrosé d’une eau d’une saveur à nulle autre pareille : de l’eau de gours – 500 ! (prélevée là où personne n’urine a priori, et filtrée bien sûr !)

« Avec l’eau GOUR-500, satisfait à 100% », dirait le slogan local !
Il me vient des images de Néanderthaliens…je ne sais pas pourquoi !
On se sent bien, ni chaud, ni froid, ni faim, ni soif, un silence apaisant dans l’infini du noir, les flammes des bougies dessinent des ombres étirées qui se perdent dans un vide qu’on devine immense, et ce bivouac insolite, comme un îlot perdu dans le Pacifique, devient un espace privilégié, dans un autre temps, un autre monde, un moment de vie aussi exceptionnel qu’éphémère, que nous goûtons avec gourmandise cependant que le sommeil nous emporte vers le repos de l’âme et du corps.
Il est 4 heures 30 !

8h20 exactement… Nanou se réveille, elle a entendu des visiteurs se rapprocher.


La première équipe à descendre ce lundi est déjà là ! Ils sont cinq, nous voyons leurs lampes qui sautillent dans la descente des éboulis, ils parlent fort et rient tout autant…ce sont des « rapides !!! 
Soudain, on n’entend plus que les bruits de bottes et de cailloux qui roulent, l’une d’entre eux a vu l’occupation du bivouac et, avec une discrétion que nous apprécions beaucoup, les bavardages cesseront jusqu’à éloignement.
Cette attention délicate permettra un rendormissement d’une bonne heure car nous avions décidé d’attendre 10 heures.


Ce choix est stratégique, car, outre 5 à 6 heures de sommeil bien mérité qu’il procure, il permet de régler le chassé-croisé inévitable qui va se produire dans le secteur des grands puits. Nous savons qu’au moins vingt ou 25 doivent descendre, sans doute entre 6 et 10 heures au départ, ce qui amènera les derniers à passer les -250 m vers midi/13 heures, et ce devrait être notre heure d’arrivée à cette cote par ailleurs.
Après un bon rangement, petit-déjeuner, nous « décollons » vers 11h30.
Nous aurons remplacé nos batteries…non sans constater que le premier jeu (neuf pour l’occasion) nous a tout de même permis d’évoluer très correctement durant 18 heures !


Certes nous avons jonglé entre plein feu et régime économique, voire éteint par moments lorsqu’une seule lampe suffisait aux pauses, mais 18 heures, alors que le niveau d’éclairage restait encore satisfaisant, lorsque l’on a connu les lampes à carbure à recharger toutes les 5 ou 6 heures, c’est vraiment un confort et un progrès considérables ! En plus de la masse de matière à ne plus transporter, de la pollution en moins, et de l’économie financière…Sans parler de la puissance d’éclairage qu’on arrive à en tirer de nos jours…
Vraiment révolutionnaire !
Bon…ce n’est pas tout que cela…on part !
L’ambiance « randonnée de montagne » nous revient très vite, et les quelques passages sur corde sont agréables tout comme le croisement de la rivière qui nous apparaît comme bien moins active encore que la veille.


Une ou deux petites hésitations dans le choix des passages, nous nous disons que parfois, une ou deux petites balises de plus ne seraient pas de trop, même si d’aucuns pensent qu’il ne devrait y en avoir aucune !
Je constate qu’il n’y a plus du tout d’eau qui coule à l’approche du – 250, ce qui n’était pas le cas hier matin. Donc, là où nous comptions recharger notre bouteille, ce sera sûrement pire…même plus une petite flaque à espérer. Je m’efforce donc de repérer une à une les réserves accessibles sur le chemin jusqu’à être au plus près de l’objectif.
Nous repassons dans le « damier » noir et blanc et, parvenus au branchement du méandre remontant, grosse pause. Un filet d’eau coule contre la paroi, on essaie de le capter et le canaliser avec des montages de pierres minces…ça fonctionne, mais vu le débit, il y en a pour une heure au moins !


Donc, retour rapide à la dernière vasque repérée, et, ça tombera bien, car le dernier petit groupe à descendre ce matin se pointe justement là. Il est presque 13 heures…
Le plein refait, nous repartons pour la suite des puits et méandres.
L’agrément du doublage des cordes est très appréciable, car nous progressons de conserve, ce qui est sympathique en plus d’être rassurant en cas d’aide nécessaire. Nanou « assure » comme une professionnelle, fractionnements et déviations, sorties de puits, même délicates, plus rien ne l’arrête !
On affine un peu sa technique au passage, pour gagner en dépense énergétique.
Un dernier groupe de Polonais sera croisé, sans difficulté, avec la courtoisie de chacun, toujours grâce au doublage des cordes, dispositif vraiment important…on ne le répètera jamais assez !


Tout cela s’enchaîne agréablement, sans heurt, en prenant soin de bien choisir les appuis dans les méandres, et tous ces beaux puits nous livrent largement leurs atouts esthétiques, cependant que la sortie se rapproche !
Nous retrouvons notre bouteille de réserve, respectée par tout le monde, même si, en cas de nécessité, rien n’aurait interdit à quiconque de se réhydrater, observons une ultime petite pause sur le banc étroit improvisé, et c’est parti pour la dernière longueur. Le moral est au beau fixe, on n’a mal nulle part, l’heure de sortie n’a aucune importance pour nous, si ce n’est que , l’un comme l’autre, nous avions parlé à nos proches  de retrouver le soleil vers midi/14 heures !


C’est plutôt pour eux que nous décidons de ne pas « traîner »…ce sera relatif, car le soleil, bien présent, nous ne le verrons que vers 18 heures ! Près de 6 heures pour revenir du bivouac…c’est sûr que nous avons profité des lieux !
Dépoilage indispensable car on gagne 20 degrés d’un coup, rangement, petit partage avec une spéléote locale équipeuse très sympathique, une du groupe matinal, et c’est la longue remontée vers le col.
Très joli parcours dans les lapiaz-jardins, qui se fait le plus souvent la nuit, mais qui mérite d’être admiré en plein jour.
Cette remontée sera lente, car la fatigue et la chaleur, bien qu’à l’ombre le plus souvent, commencent à peser un peu, d’autant que nous portons notre barda à bras-le-corps. 
Finalement, vers 19 h 30, nous retrouvons la Clio…Première « urgence » : téléphoner aux connaisseurs de notre tentative pour les rassurer : oui, nous sommes bien sortis, oui, tout s’est bien passé…etc.


Mais ce n’est pas fini, car nous avons bien l’intention de nous rendre au camp de base pour rencontrer Rémy Limagne et le remercier pour toute cette organisation bien huilée, étant donné que nous n’avons pu le voir à l’arrivée. Ce ne sera qu’à 21h30 que nous le retrouverons, attablé au cœur d’une bande de joyeux drilles à l’Auberge de la Glisse, car « il faut bien manger » !
Très contents d’avoir pu dialoguer un instant avec lui, alors qu’il était en plein dans son dîner mais toujours disponible pour les autres, nous passâmes aux « adieux », en espérant que la suite sera sans problème météorologique, et surtout sans problème humain … car nous sommes bien conscients que les « Berger » à venir sont fortement conditionnés par l’absence de tout accident et tout battage médiatique dramatisant qui va avec !

Une ultime nuit de belle-étoile auprès d’un petit calvaire campagnard déniché par hasard acheva ce beau séjour qui laissera longtemps des souvenirs agréables.
Mardi, ce sera une continuation d’activités pout Anne avec sa Clio bondée de mes affaires et de celles du club que je ne puis remporter, et retour en train pour moi…
Nous aurons vécu une belle équipée, dans une entente parfaite, une grotte exceptionnelle, avec une organisation sans faille, un équipement exemplaire, une très bonne et belle expérience.
Très grand merci à Rémy et à son équipe.

Merci à toi, Nanou, équipière fidèle.

Cette belle aventure a, de plus, bénéficié du soutien moral et matériel de l’Office Municipal des Sports de Villeparisis, que nous remercions chaleureusement.

 

 

 

 

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