La Grenouille agile…Rana dalmatina 709

La Grenouille agile…Rana dalmatina 709

28 novembre 2023 carrières diverses Zanimos 0

 

La Grenouille agile...Rana dalmatina 709

Comme il est coutumier lors de nos sorties, la rencontre souterraine  avec un animal, qu’il soit dans son milieu naturellement dédié, ou qu’il se trouve là par accident ou par transport, emporte la démarche documentaire à son sujet, autant que faire se peut.
Lors de notre dernière sortie, trois batraciens ont été rencontrés, dont l’un était une grenouille « brune ».
Après quelques recherches il est apparu sans ambiguïté qu’il s’agissait de Rana dalmatina, dite grenouille agile, grenouille sauteuse ou grenouille pisseuse.
Sauteuse car peut effectuer des bonds atteignant deux mètres !
Pisseuse car est susceptible d’émettre un jet d’urine dans un état de stress (attrapée dans la main par exemple !)
dalmatina : du latin [dalmatina] = de Dalmatie (région de Croatie au centre de l’aire de répartition)

Cet article se contente d’apporter quelques informations relatives à cette espèce, puisées dans plusieurs sites naturalistes, dont DORIS que nous remercions.

Clé d’identification

Aspect élancé, membres postérieurs très longs, le talon dépasse largement le museau quand on ramène la jambe étendue vers l’avant
Museau long et pointu. Pupilles ovales et horizontales.
Masque temporal bien visible

Tympan de taille équivalente à celle de l’œil dont il est très proche (1 mm)
Tache sombre en forme de V derrière les épaules
Peau lisse de couleur brun plus ou moins foncé rappelant les feuilles mortes. Jamais verte.
Face inférieure jaune pâle , blanc nacré ou rosâtre.

 
Lieux de vie privilégiés, prédateurs.
La grenouille agile est présente en plaine dans les bois humides et leurs lisières, forêts de chênes et de hêtres en particulier, mais n’est pas inféodée au milieu aquatique sauf pour la reproduction. Elle n’est d’ailleurs pas très bonne nageuse. Elle fréquente également les prairies humides ou marécageuses ainsi que les mares entourées de végétation sauvage.

Les grenouilles agiles hibernent généralement d’octobre à mars. Les femelles entrent en léthargie à terre, sous des feuilles mortes, sous une pierre ou une souche ou dans une anfractuosité du sol alors que les mâles se plaisent au fond de la vase.
Elles constituent la proie de divers mammifères, oiseaux ( notamment Héron cendré, Grand-Duc d’Europe, Chouette Hulotte), serpents, (couleuvre à collier) si elle est au stade adulte et de plusieurs espèces d’invertébrés au stade larvaire (dytiques, punaises, araignées dolomèdes etc.).

 

 

Confusion la plus probable : Rana temporaria (grenouille rousse)

  • texture de la peau : rugueuse pour R. temporaria, lisse pour R. dalmatina
  • museau : plus court pour R. temporaria
  • longueur des pattes : plus courtes pour R. temporaria
  • diamètre du tympan : plus petit soit environ 2/3 de l’œil pour R. temporaria
  • couleur du ventre : tacheté ou marbré pour R. temporaria.

La grenouille rousse vit généralement plus en altitude que la grenouille agile qui ne dépasse pas l’étage collinéen (zone d’extension des espèces d’arbres à feuilles caduques dont l’altitude varie en fonction des régions : 500 m dans les Pyrénées contre 800 m dans les Alpes par exemple).

Alimentation

Vers, insectes, petits mollusques, araignées, crustacés, myriapodes et parfois de petits vertébrés.

Reproduction
En février ou mars, lorsque la température extérieure avoisine les 10° C et que les grenouilles sortent de leur léthargie hivernale. Elles migrent en groupe vers le site de ponte, généralement une mare ou une zone marécageuse dans la forêt où elles vivent le reste de l’année.Les mâles attendent souvent les femelles au fond de l’eau d’où ils font retentir un appel nuptial caractéristique. Ils émettent des séries de sons doux et rapides, entrecoupés de silences. Lorsque la plupart des individus chantent sous l’eau, leurs appels restent peu audibles pour nous à terre. Les coassements durent environ 15 jours. Les femelles pleines d’ovules arrivent un peu plus tard. Si les conditions météorologiques sont favorables, la reproduction est explosive c’est-à-dire qu’elle se déroule en très peu de temps.
 

Au cours d’un amplexus axillaire (le mâle chevauche la femelle en l’agrippant sous les aisselles) et comme c’est généralement le cas chez les anoures, le mâle émet du sperme qui coule sur les œufs, ce qui les féconde. C’est un « faux accouplement » car il est effectué sans pénétration du mâle dans la femelle. L’action mécanique des pattes du mâle sur la femelle participe en outre à l’expulsion des œufs. Lorsque la femelle désire pondre, elle s’approche d’un paquet de plantes aquatiques et évacue d’un seul coup le contenu de son utérus. Le mâle en profite pour arroser les ovocytes de son sperme. L’amas d’œufs, une boule gélatineuse compacte, reste fixé autour d’une branche ou d’un roseau. La femelle pond entre 500 et 2000 œufs de 2 à 3 mm de diamètre. Le couple se sépare après la ponte. Après la reproduction, les femelles sont les premières à quitter mares et fossés pour gagner le couvert des hautes herbes. Les mâles attendent encore quelques jours et essayent de s’accoupler à nouveau.

L’arrivée et le départ asynchrones des mâles et femelles sur le site nuptial entraîne un sex-ratio fortement biaisé en faveur des mâles au début et à la fin de la période de reproduction. Les mâles en surnombre entrent alors en compétition pour accéder aux quelques femelles présentes. Des tests génétiques sur les têtards ont révélé une paternité multiple en début et en fin de période de reproduction, concernant 20 % des pontes environ.

Le développement de l’embryon dure de 20 à 30 jours. L’éclosion des œufs donne des têtards jaune clair, tachetés de brun, avec une nageoire large se terminant par une pointe plus effilée.

 

Cette phase larvaire dure environ trois mois, entre mars et juillet. Les premières métamorphoses en grenouillettes ont lieu dès la mi-juin. Les jeunes de 12 à 16 mm émigrent alors vers leur habitat terrestre qu’ils n’abandonneront qu’après leur deuxième ou troisième hiver.

La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de 3 ans. La durée de vie dans la nature avoisine les 4 à 5 ans.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Il existe une réglementation stricte préservant la grenouille agile en France, bien que celle-ci ne soit pas considérée comme menacée sur le court terme

« Sont interdits, sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux dans le milieu naturel »

 

 

L’animal trouvé ce jour-là était issu d’une forêt de cônifères mêlés à des feuillus en lisière, et s’est aventuré aux abords d’un puits d’aérage sans margelle. A fait une chute de 13 mètres pour atterrir sur un fond terreux incliné où un peu de lumière naturelle peut arriver chaque jour.
Ce milieu figure une sorte de terrarium, un petit écosystème où est à peu près reconstitué le milieu naturel extérieur, sauf les végétaux chlorophylliens. La grenouille agile devrait pouvoir y survivre après avoir survécu à sa chute, l’alimentation y étant possible, une humidité présente et la pluie pouvant y tomber. Elle ne pourra pas se reproduire même si un couple s’y formait, mais en revanche ne sera pas inquiétée par un prédateur (sauf si une couleuvre y tombait à son tour !).
Entre l’envie de l’emporter et la remettre au-dehors, et celle de laisser libre cours à sa vie suite à sa mésaventure naturelle, nous avons opté pour la laisser en place, compte tenu de ses chances réelles de vivre ici.
Si son nouveau milieu avait été nettement  défavorable à son évolution, nous l’aurions sauvée.

 

 

 

 

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