Ma sortie subterranologique avec S.J.V. 710

Ma sortie subterranologique avec S.J.V. 710

28 novembre 2023 Non classé 0

Ma sortie subterranologique avec S.J.V.       710

Je me suis mis dans la peau d’un débutant dans le domaine de la subterranologie, un peu curieux de voir ce qu’il peut y avoir d’intéressant à passer une journée enfermé dans des galeries abandonnées, froides et parfois menaçantes.
Et voici ce que j’ai vécu et ce que j’en ai recueilli…Merci à N pour les illustrations de cet article.

On avait rendez-vous au siège de l’association à 9 heures. On devait être quatre, dont une femme.
Première bonne impression, tout le monde est à l’heure, et avec le sourire, et tout semble bien préparé, je ne ressens aucune hésitation chez personne, de quoi me rassurer et m’encourager.
Il n’y a qu’une heure de route et je constate que les bavardages vont bon train, que le conducteur n’est pas un chauffard bien que paraissant du genre aventurier qui ne se laisse pas arrêter par grand-chose…et qui place de temps en temps des jeux de mots à « dix balles », sachant que, de nos jours, dix balles c’est quand même six fois plus cher qu’au temps des francs !
Bon, après un baratin dans le style guide des monuments historiques sur la ville qu’on traverse, ses centres d’intérêts, ses hommes célèbres, son passé glorieux et industrieux perdu, on arrive à 10 heures entre des champs de betteraves, en lisière de forêt, et on ne va pas loin en voiture car les chemins sont fort boueux.

Là, j’assiste à un déballage en règle, qui ne surprend que moi, et on doit enfiler les bottes et le harnais de spéléologie complet, que je connais assez bien et dont je sais  me servir à peu près correctement.
Un véritable attirail emplit peu à peu les sacs, je ne pensais pas qu’on emporterait autant de bazar…du coup, je me pose des questions.
Voilà qu’on nous remet des plans avec une boussole et un compas…mais pas un compas de dessinateur !
Boussole, je connais à peu près, mais compas…? Moi, d’habitude,  je me sers du guidage GPS de mon téléphone, mais là, pour un motif dit « pédagogique », on ne doit pas l’utiliser ! Dommage, ce serait plus simple !
Chercherait-on à nous mettre dans l’embarras, par esprit réactionnaire face à la modernité ?
Mais l’équipe, car je sens là qu’il y a déjà un esprit d’équipe, semble se débrouiller, et je crois comprendre tout ce qu’il faut comprendre !

On est partis, ça ne semble pas trop difficile…et après avoir vu de curieuses émanations vaporeuses en plein champ où on devine deux chapeaux de puits, on arrive sur une grande plateforme herbeuse dégagée de tout reste d’exploitation, avec une petite carrière à ciel ouvert…serait-ce là ?
Non…
Brève concertation, et on adopte un gros chemin en pente qui mène droit à une ligne de chemin de fer…un truc rénové mais avec encore une signalisation qui doit dater d’un demi-siècle au moins !

On se repère un petit coup et on entame un nouveau gros chemin, peu fréquenté, qui nous amène face à une nouvelle grande carrière à ciel ouvert, mais là, il y a des centaines de blocs de roche de toutes dimensions et toutes formes.
Beaucoup sont très fossilifères.

La nature recolonise les lieux, et il y a de nombreux jeunes arbres, surtout des bouleaux.

 

 

On va devoir chercher s’il y a une entrée en cavage, et après une première tentative infructueuse du monsieur « S » (mais pas fiché), la dame que j’appellerai dorénavant « C » découvre une large ouverture mais pas très haute.

 

Nous voici, avec le second monsieur « N », dans une galerie d’environ 4 m sur 2 m de hauteur, et je sens immédiatement une tiédeur marquée vu que dehors il doit faire environ 3°C.
Je suis frappé par les innombrables moellons savamment agencés qui parent les deux parois, car je m’attendais à des galeries taillées à même la roche comme on en voit partout. Le plafond, dit « ciel » a une apparence très irrégulière, naturelle, et d’aspect rouillé, car il s’agit d’une interstrate, zone limite de fragilité entre deux couches de calcaire plus ou moins dur, et témoin d’une période particulière de sédimentation au fond des mers d’une autre époque, soit environ 45 millions d’années en arrière ! Je m’imagine au bord de la mer ici, avec les grosses bêtes de cette époque…

A mieux regarder, on retrouve des milliers d’empreintes de mollusques marins, gastéropodes ou lamellibranches, tous agglomérés, livrant un calcaire coquillier grossier, fragile, cassant, c’est à dire pas celui recherché pour la construction.
Comme on marche sur un substrat moelleux, j’apprends qu’il s’agit de vieilles meules à champignons ! Mais plus aucun n’y pousse maintenant.
Ces meules sont faites d’un mélange de terre, de fumier de cheval et de craon, une poudre grossière issue de déchets de calcaire broyé sur place, le tout posé sur un lit de paille et de fumier mis en fermentation.

 


Je remarque des tables de comptage sur certaines pierres, établies au fusain charbonneux  par les champignonnistes.
On peut encore distinguer des meules appuyées contre les parois, qui sont les accots, et deux lignes au centre appelées les « jumelles ».
Entre ces lignes de culture que les ouvriers lardaient tous les 25 centimètres avec leurs pouces mouillés de blanc de champignon (mycélium en solution épaisse) il y avait des allées utilisées pour la récolte mais aussi pour l’arrosage léger des meules.

 

Bientôt, les meules anciennes laissent place à des plates-bandes larges puis à des alignements de sacs de culture, plus récents, des années « 70 » environ.
J’imagine ces gens des XIXème et XXème siècle, avec leurs galoches et leurs vêtements de grosse toile, à genoux ou courbés durant des heures, occupés à gratter, pailler, épandre, gobeter, larder, arroser, récolter, passant le tiers de leur vie sous terre dans un décor permanent de têtes de champignons blancs…si de vilaines maladies ne venaient pas décimer leur culture !

Il a été décidé de marcher sans poser de balisage, sans prendre de repères visuels, tout simplement en progressant toujours « à main gauche ».
Ça aurait pu être « à main droite », mais, visiblement, il faut qu’on atteigne un endroit précis, et ça implique de marcher « à main gauche » !!!
Le gars qui guide fait comme s’il ne savait rien, mais en fait il sait très bien où on est et où on va…tant mieux d’ailleurs !
Bon…on se tape une impasse (fausse d’ailleurs…) et on continue, c’est facile, et on va découvrir notre premier Grand Rhinolophe, suspendu au plafond, enveloppé dans ses ailes lisses et brillantes, avec des membrures un peu rosées.

Il ne faut pas le déranger, car il se prépare à hiverner…
Puis, la galerie va changer de morphologie, pour passer à un cheminement plus étroit, plus bas, avec quelques obstacles rocheux, c’est moins facile, il faut faire attention aux genoux …à la tête…aux coudes !
On parcourt donc alors la galerie périmétrique, celle qui marquait la limite autorisée de l’exploitation, soit par le fait d’une concession accordée par les autorités, soit parce que la carrière approchait un chemin agricole ou une route…pas question de creuser en-dessous même s’il y a au moins dix mètres de terrain au-dessus, car ce n’est pas un terrain fait de bancs rocheux durs , homogènes et très cohérents.

Je vois que cette limite est formée soit par la roche en masse, soit par un confortement de blocs grossièrement appareillés, confirmant que le ciel de carrière n’est plus fiable sur ses seules bases naturelles, du fait des vides créés par l’Homme. Du coup, je regarde mieux ce « ciel » car comme tout gaulois qui se respecte, je n’ai pas envie qu’il me tombe sur la tête !
Tout cela compose un chemin relativement étroit, de l’ordre du mètre, souvent surbaissé, très contourné car défini par les fractures sub-verticales naturelles du banc exploité, les diaclases.
De temps à autre, il y a des élargissements, donnant souvent lieu à l’édification d’un ou deux piliers…
Et là, tel par un tour de magie, de magnifiques genouillères neuves surgissent d’un sac…bien appréciables !

 

Se mouvoir et même se contorsionner est plus fatigant, ça donne chaud et soif…et je constate que des indélicats ont eu soif avant moi et ont abandonné là leurs bouteilles de bière vides…que c’est regrettable !
Mon côté « écolo » me fait penser que l’on pourrait faire le geste de les ramasser, mais vu le nombre et l’absence de contenants potentiels, ce ne sera qu’une pensée sans suite concrète…

 

On découvre donc ces piliers constitués d’un empilement soigné de gros blocs de calcaire, et destinés à soutenir le ciel de carrière.
Ce sont des « piliers à bras », à distinguer des « piliers tournés » qui sont façonnés dans la roche massive laissée en place.
« A bras » me laisse perplexe quant aux gros bras nécessaires à porter, élever et positionner ces blocs, car certains sont impressionnants.
Je suppose alors que des techniques astucieuses permettaient des portages et des déplacements à coups de leviers, de glissières, et autres outils de manutention…seuls les derniers blocs, nettement plus légers, étant ajustés à la main.

La roche utilisée n’est pas celle, grossière, des hagues pariétales, mais du calcaire dur, du lutétien, résistant à 200Kg par cm²…heureusement !

Après quelques nouveaux Rhinolophes, des petits et des gros, qui ne sont pas de la même espèce, on débouche dans une galerie plus grande, où sont entreposés de très gros blocs de calcaire taillés, de plus d’un mètre cube, soit plus de deux tonnes chacun !
Ils portent des numéros, et figurent un arrêt brutal de la production, probablement peu après la seconde guerre mondiale.
Ils sont là, alignés, mis en attente de sortie, de taille et de livraison…le temps s’est ici figé.

Voilà que sortent du fameux sac à dos des pointerolles, des ciseaux à pierre, et des marteaux…on est invités à faire une pause « sculpture » !
Et là, en voyant CNS buriner en cadence, une scène de tailleurs de pierre surgit à mes yeux !
Je les imagine, qui produisant un volume prismatique complexe destiné à fermer une voussure, qui donnant naissance à une tête de gargouille de cathédrale, qui créant des armoiries pour une entrée de château…

 

 

Tout ce beau monde d’artisans talentueux travaillant en chœur à la lueur des flammes de chandelles lorsque les hivers rigoureux des siècles passés ne permettaient pas d’œuvrer en plein air pour ceux qui n’avaient pas les moyens de posséder un atelier chauffé au bois.
La question du déplacement de ces mastodontes vient à l’esprit…eh, oui, c’est là que les « roules » rondins de bois dur, et les « pinces », puissant leviers d’acier, entraient en jeu, et qu’un brave homme de 80 kilos manœuvrait deux tonnes sans problème. Long et fastidieux, mais efficace.
Dans cette galerie certains moellons issus de couches fossilifères présentent de bons moules dont un cérithe géant, et quelques autres petits que N va s’ingénier à dégager, ce qui n’est pas si facile à faire sans les briser.

Après une petite demi-heure, qui nous aura reposés de la marche à croupetons, à défaut de générer des œuvres d’art géniales, on repart…
Grandes galeries, passages resserrés, moellons maçonnés, piliers, poutres très attaquées par les champignons et les bactéries, Rhinolophes…
On finit par arriver là où il fallait qu’on arrive…au pied d’un puits d’aérage.
Coup d’œil furtif pour constater qu’il débouche à l’extérieur… je commence à voir à quoi on veut nous conduire…
Voilà que S découvre un crâne de chien (on suppose) puis une poignée de vieilles cartouches de fusil, et petit à petit, on revient vers la première galerie…pour ressortir au dehors.

Il est presque  midi, on a déjà  passé une heure et demie là-dedans, je ne m’en suis pas aperçu !
Retour à la voiture, très facile, d’autant qu’il fait beau temps, et on s’offre un pique-nique bien mérité…CNS m’apparaissant comme bien habitués à ce type de collation froide, sans autre confort qu’un pare-choc de voiture ou un vieux sac, délaissant les sièges du véhicule. La « dure » ne semble pas les affecter plus que cela.

Cependant, personne ne sort la thermos de café, et la pause ne sera pas bien longue que déjà l’action est reprise, avec cette fois un paquet de matériel qui ne laisse aucun doute sur les intentions du trio…CNS veulent passer par un puits !
On descend un chemin sur 300 mètres, puis on coupe vers ces bizarres chapeaux de béton d’où sortait la vapeur d’eau ce matin.
On fait bien attention de ne pas abîmer les cultures en empruntant les passages de roues des tracteurs ou en louvoyant entre les betteraves et nous voilà auprès d’un élément de fossé trapézoïdal en béton armé, posé à l’envers, formant un solide, visible et durable chapeau.

En dessous, on trouve l’ouverture du puits d’aérage, environ 1,2 m de largeur, monté en moellons, et vaguement protégé par deux IPN et deux bouts de petits rails à wagonnets.

Voici que C se prépare à installer de quoi descendre par là en toute sécurité.
Je note qu’elle fait tout sans rien demander à personne, sauf pour l’implantation d’agrafes de 50 cm dans le sol, qui demande de taper à coups de martelette, un travail de brute, avec un risque évident de s’abîmer une main en cas de « raté ».

 

 

Elle sait tout faire…les bons nœuds, les bons sanglages, la bonne assurance, et va se lancer là-dedans à genoux ou en rampant, avec 13 mètres de vide, entre les araignées et les moustiques. A voir C dans sa vie courante, on ne s’y attendrait pas !
Toutes précautions prises, la voici partie jusqu’à entendre son petit « libre » qui remonte du fond, ce qui informe et rassure.
Ce sont alors N et S qui vont suivre, avec la même assurance, la même confiance, la même maîtrise technique…il n’aura pas fallu longtemps à l’équipe pour investir les lieux par cette voie originale, qui n’est pas sans rappeler quelques faits d’armes, évasions, cambriolages…vécus ou imaginés.
Je dois suivre aussi , évidemment.

Au bas, on débouche sur des galeries et une petite salle où S va découvrir successivement un crâne animal qu’on attribuera à un chien à long museau, et quelques cartouches de fusil qu’on attribuera à un MAS 36, au jugé.
Il est alors possible de se débarrasser des cuissards et de leurs annexes, sauf un complet conservé « au cas où ».
Rangés dans un sac suspendu à la corde, il n’y aura plus qu’à les récupérer en fin de sortie !

On s’engage alors dans une galerie où persistent des vestiges d’un brasero et dans laquelle on peut voir deux petites chambres, l’une probablement destinée à abriter les carriers en repos, l’autre plus probablement destinée à stocker les fûts de carbure de calcium et/ou tout un outillage.
Il s’agit d’une vaste galerie, et nettement plus humide qu’ailleurs.

Du fait d’infiltrations multiples, elle va nous donner à admirer un beau ciel couvert de fistuleuses très blanches, encore petites mais très nombreuses et ornées de gouttes en suspension.
A nos pieds, une grande flaque, avec des encroûtements calcitiques, des plaques de mini-gours et leur effet miroitant, ainsi que des fausses-perles de cavernes dans leurs nids, fausses mais presque aussi jolies que les vraies !
Nous faisons attention de ne pas fouler tout cela et poursuivons jusqu’à émerger par une autre issue que celle du matin.

 

Les abords sont construits, et une petite surprise sous la forme d’une AX jaune qui doit être abandonnée là depuis très longtemps (mais pas avant 1986 car pas encore fabriquée par Citroën !!!). Tout est ruiné.
Nous repartons pour un tour…et cette fois, à main droite, pour tenter de trouver une troisième entrée de cavages.
Ce sera un parcours à nouveau varié entre larges espaces et couloirs étriqués, entre Rhinolophes un peu partout, piliers, bouteilles de bière, et je remarque qu’il n’y a que très peu de tags et autres inscriptions.

On débouche enfin sur un espace buissonnant avec un gros arbre tombé, et on boit un petit coup d’eau bienvenu.
A chacune des entrées, C et N s’appliquent à bien relever les positions géographiques avec leurs téléphones, ce qui sera bien utile ensuite pour l’étude et la consignation des observations.
Nous repartons à nouveau, avec pour objectif de ressortir plus loin vers le sud-ouest aux fins de trouver une certaine entrée dite « Portes Noires ».
Rien que l’appellation me laisse à réfléchir…
Après un peu de déambulation nous permettant de retrouver un peu tout ce qu’on a vu auparavant, avec peu de diversité, une quatrième ouverture apparaît flanquée de petites maisonnettes troglodytiques des carriers puis des champignonnistes et d’une grande bâtisse ruinée où persistent des éléments d’architecture, dont un « œil-de-bœuf » et un linteau de porte à claveaux assemblés à sec, parfaitement conservé.


Mais ce ne sont pas les « Portes Noires »…
Le temps passant vite, il est décidé de continuer par l’extérieur pour les trouver, ce qui ne sera pas trop difficile malgré une petite jungle de lianes d’arbres morts, de ronces et de scolopendres.
Nous y voici…de fait, apparaissent des portes en bois délabrées, noircies, qui semblent ne donner sur rien d’intéressant car en se baissant on ne voit derrière elles qu’un gros éboulis apparemment infranchissable.
Mais…en avançant un peu sous des parties fragilisées, on aperçoit un vague passage, qui, finalement se révèle largement suffisant pour entrer, même avec un sac sur le dos.
Wouahou ! C’est que l’on voit alors que de gros éboulements ont eu lieu, que l’ensemble structural est sacrément diaclasé, et qu’il n’aurait pas fallu être là quand ça s’est passé ! Il est clair que si on décide de franchir l’obstacle, il ne faudra ni ébranler quoi que ce soit, ni « traîner » dessous, histoire de ne pas tenter le diable.

 

Je me demande bien pourquoi cette insistance à passer par les Portes Noires, vu qu’il existe plusieurs autres accès à ces carrières fusionnées avec le temps, donc communicantes. Mais CNS, bien que dubitatifs, vont s’enfourner dans cet espace peu rassurant avec les précautions sus-dites et donc sans ennui.
Très vite, il apparaît de bonnes raisons d’avoir insisté…

En effet, les Chauves-Souris sont manifestement plus nombreuses, et cela dès le premier hectomètre franchi.
De plus, il en apparaît une nouvelle espèce, plus discrète, car un Murin à museau noir est bien là, son pelage déjà perlé de micro-gouttelettes d’eau.
Cela nous change des Rhinolophes…que l’on trouve maintenant presque tous les dix mètres !
Soudain, il est question de passer en éclairage « faible », de ne plus parler ou faire de bruit, et même de ne plus respirer à un endroit précis…une petite tribu de plus de cinquante Rhinolophes se trouve suspendue là, plusieurs complètement collés entre eux…presque à hauteur de nos têtes !

Ne surtout pas déranger, d’autant qu’une petite carte postale posée par là insiste bien sur la nécessité de bien laisser ce petit monde ailé en paix.
Quelques photos sont prises, sans insister, et on poursuit, à la recherche d’un troisième puits…car c’est l’objectif poursuivi !
Voilà le pourquoi principal des Portes Noires !!!
Nous l’atteignons en peu de temps pour y découvrir pas mal de choses.
En premier lieu, ce puits débouche bien au dehors, bien qu’apparaissant en grande partie masqué…et il est question de le retrouver à l’extérieur, mais où ?
Ensuite, il recèle de petits trésors pour subterranologues naturalistes : un Crapaud commun (Bufo bufo) , une Grenouille agile (Rana dalmatina), et une Grenouille verte (peut-être Rana esculenta), moult araignées Meta menardii avec leurs blancs et soyeux cocons d’œufs suspendus, et quelques insectes divers.
Même si de doctes personnes ont pu expliquer certains aspects physiques, on reste tout de même étonnés que ces braves batraciens puissent dégringoler sur 13 mètres plein vide et continuer leur vie comme si de rien n’était…
A part ce côté violent de leur apparition dans cette carrière , leur survie est assurée car le fond de puits est un écosystème de type « terrarium » suffisamment humide et riche en humus, empli de bestioles nourrissantes, et avec un peu de lumière du jour. Et pas de prédateurs…  

 

                                          
Ce puits débouche dans une petite galerie annexe, elle-même gorgée de vieux pneus de machines agricoles, en grand nombre, dont on se demande comment ils sont arrivés là, vu leurs dimensions…et accompagnés d’un demi-stère de bûches de bois de bon calibre !
Malheureusement, ce puits a été aussi utilisé comme vide-ordures un certain temps, ce qui est bien regrettable !

Survient alors l’atelier « topographie souterraine et recherche de puits en extérieur »…CNS s’attaquent à l’affaire, C à la boussole, N à l’écritoire, S à la mire et à l’arpentage, ce dernier acte étant partagé par tel ou telle, histoire d’établir une moyenne.

 

 

L’arpentage sera en effet réalisé ce jour « au pas marché », et non au décamètre ou à la chaînette d’arpenteur, ni au topofil  déroulant.
Les visées seront réduites en nombre, en optimisant le placement des mires humaines.
Cette petite équipe fonctionne à merveille, et il ne faudra pas longtemps pour faire ce relevé sur plus de 300 mètres.

 

 

 

A peine ressortis, je vois C qui galope déjà dans une pente raide pour aller se positionner à l’aplomb de la sortie du cavage des Portes Noires.
Rejointe par ses équipiers, il va s’agir maintenant de repartir en sens inverse, donc en corrigeant de 180° tous les angles de visée.
Mais voilà que surgissent des obstacles végétaux franchement rebutants…
CNS passent alors au processus « déport/report », permettant ainsi des évitements salutaires !
Puis, on usera du processus d’escamotage par mire humaine post-obstacle…jusqu’à sortir des bois et fourrés, la topographie nous entraînant dans un champ…ce dont personne ne s’est plaint !

CNS parviennent alors au bout du dernier tronçon marché…et, comme il fallait s’y attendre, ne tombent pas exactement sur le puits recherché !
Avec une douzaine de visées, et autant d’arpentages à pas marché, ainsi que plusieurs évitements extérieurs, l’approximation était inévitable !
Nous voilà donc partis cette fois avec un processus d’errements et de ratissage en règle, dans un rayon d’une cinquantaine de mètres…
Ce n’est pas facilité par des ronciers fournis en lisière et une opération d’exploitant forestiers réalisée justement dans ce coin-là !

 

De nombreuses branches gisent au sol et le masquent…or il est probable que l’embouchure du puits soit au ras du sol…il faut donc, en plus, se méfier…on sait que ça débouche donc que l’on peut s’y abîmer !
Un premier « espoir » naît à la vue d’un entonnoir d’effondrement, mais sans suite.
Après une dizaine de minutes à peine, un cri retentit au coin du bois…pas un cri de détresse ou de douleur, mais de « victoire ».

Oui, il est là et bien là ce puits ! Aux trois quarts recouvert par deux gros blocs de béton eux-mêmes maquillés d’une épaisse couche de lierre…
On ne peut s’empêcher de le photographier, ni d’aller fourrer la tête dedans en se vautrant au sol…il est beau !
Très peu dégradé grâce à cette forte couverture !
Une bonne opération réussie en équipe, comme il se doit ! Et on passe à la localisation GPS, avant de repartir vers notre véhicule.
Mais…ce n’est pas fini !!!
Il faut en effet aller récupérer le sac de matériel au fond du premier puits et le déséquiper, ce dont C et N vont se charger, avec brio.
Peu avant 17 heures, tout est rangé, il n’y a plus qu’à rentrer chez nous après cette bonne journée passée ensemble, sans aucun incident, et quasiment sans aucun « bleu », ce qui est rare !
On arrivera à l’heure prévue…ce que chacun(e) appréciera pour un dimanche soir…

 

Ce soir-là, et en ayant visionné les photos de C et N, j’ai bien mieux compris ce que l’on peut chercher en allant dans les souterrains et les carrières, et surtout ce que l’on peut y trouver et y ressentir. Et je me suis aperçu qu’à la condition d’être curieux, et de me poser plein de questions sur ce que je vois, puis d’en chercher les réponses, il y a beaucoup de choses à apprendre car les recherches ultérieures sont arborescentes…et d’autant plus enrichissantes, en plus de valoriser la sortie, et toutes ces heures qu’elle a demandées !
La subterranologie ce n’est pas seulement une visite originale sous terre, mais une vaste exploration sensorielle, intellectuelle, voire spirituelle.
C’est ainsi qu’elle se vit avec SJV.

 

 

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