Randotectorisme en bois privés 152

Randotectorisme en bois privés 152

7 juillet 2018 Détection Randonnée 0

Randotectorisme autorisé dans des bois privés.

Le Randotectorisme, mot issu d’une contraction entre randonnée et détectorisme de loisir, est une activité qui mêle aux plaisirs de la randonnée, ceux du détectorisme de loisir amateur, en suivant un itinéraire qui relie des espaces autorisés à la détection des métaux enfouis par leurs propriétaires, selon une convention signée.

Cela se distingue du détectorisme de loisir classique en ce sens qu’il y a plusieurs lieux de recherche et de la marche pour les relier entre eux, ce qui peut se traduire par 10, 20 ou 25 km parcourus dans la journée en sus de centaines de mouvements de génuflexion et redressement pour chaque cible recherchée. SJV a participé à plusieurs sessions, à titre expérimental,  dans les années 1990, et nous avons retrouvé un  article manuscrit et des notes datant de cette période.


C’était (Et cela reste) donc une activité physique qui peut être intense et exigeante, s’ajoutant à l’activité cérébrale d’écoute, d’attention et de précaution complétée par une réflexion bâtie sur des compétences et connaissances affûtées quant aux objets trouvés à identifier.
Pour cette sortie, qui remonte à l’année 1992 , trois randonneurs de SJV avaient invité deux amis dûment équipés. Ils avaient arpenté ensemble environ 10 000 m² en détection et déroulé une quinzaine de kilomètres à pied. Les terrains étaient en effet très riches d’objets métalliques de toutes sortes, les arrêts nombreux, et les points fouillés dans 50 % des cas…Autorisations des propriétaires, et recherches d’objets modernes, perdus ou jetés, ou encore d’objets susceptibles de gêner ou compromettre l’usage agricole du terrain. La démarche principale était donc celle d’une dépollution, tout à fait louable, complétée des agréments habituels de la détection de loisir.

Bien entendu, en cas de découverte fortuite d’objets intéressant l’histoire la préhistoire, l’archéologie, etc., la convention prévoyait ne ne pas perturber la strate superficielle, ne pas déplacer les objets, et de le signaler aussitôt au propriétaire avec localisation topographique pour déclaration aux autorités, pour le cas d’objets dangereux notamment.

Rechercher des bouts de barbelés, des capsules de bouteilles, des canettes,  des cartouches de chasseur abandonnées, des objets perdus par les promeneurs, chercheurs de champignons, voire détritus métalliques persistants était et reste en effet absolument légal, si le propriétaire du terrain en a donné l’autorisation.


Comme très souvent en détectorisme, bien des « bips » ne livrent que de menus bouts de ferraille ou des objets sans aucun intérêt, notamment historique, archéologique ou culturel, mais plusieurs avaient ce jour-là apporté quelques surprises.
Le bilan de ce Randotectorisme, plutôt inattendu, en supplément de dizaines d’objets divers, fut donc , selon les petites notes retrouvées : 

Des munitions « complètes » isolées et dégradées, à douille perforée par l’oxydation, devenues inoffensives donc, ogives seules, douilles seules , un chargeur avec encore 4 cartouches insérées mais devenues inopérantes (douilles fissurées, tordues et percées), barrettes de chargeurs, et un obus de 70 mm éclaté, au ras du sol  laissé en place comme tous les autres objets militaires, un fer à cheval et divers éclats centimétriques de grenades ou d’obus, 1 boucle de sellerie, 1 bouton d’uniforme prussien à couronne, et les restes d’une grenade allemande à manche de bois…tout cela accompagné de nombreux déchets et objets récents.

Cette grenade,  élément à caractère militaire allemand, fut une occasion de développer quelques connaissances…et l’équipe de cette année-là avait effectué une recherche documentaire…
Il s’agissait en effet d’une « Stielhandgranate fusante à allumage automatique M 1916 », un modèle très amélioré, dans lequel l’explosif initial (le nitrate d’ammonium)  avait été remplacé par de la Tolite…deux fois plus efficace pour deux fois moins de volume ! De ce fait, pour ne pas avoir à modifier les grenades elles-mêmes, une partie du réservoir d’explosif fut rempli d’un cylindre de bois comblant le vide.

 


Par ailleurs, cette grenade était activée par une traction exercée sur un cordon tire-feu traversant le manche. Dans ce modèle « Type B » le bout de ce cordon fut doté d’une perle ovale en porcelaine qui facilitait la mise à feu…et que l’équipe de 1992 avait effectivement retrouvée en terre.
Enfin, ce cordon et l’extrémité du manche étaient protégés par un capuchon en

Photos issues d’un site internet

aluminium vissant, auquel il fut donné une forme crénelée en étoile pour en faciliter la manipulation en terrain boueux, neigeux, et/ou par temps froids (doigts gourds des soldats)
Quelques autres objets semblant appartenir à la charronnerie et/ou à la ferronnerie avaient complété la « collecte »…soit une bonne soixantaine de pièces dignes d’intérêt, même modestes, en quelques heures de recherche.

 

Cette petite session de Randotectorisme qui s’était en son temps involontairement thématisée « militaria » du fait de la quantité d’objets militaires issus du conflit 14-18, mêlés à beaucoup d’autres vulgaires, fut l’occasion de rappeler toutes les précautions et mesures sécuritaires ainsi que les dispositions légales relatives à ces trouvailles au sol ou exhumations accidentelles d’éléments d’armement, des consignes dans un petit carnet à spirale (!) …qu’on peut résumer présentement  : on n’y touche pas, on laisse en place  !

Dans ce même petit carnet, une copie manuscrite de déclaration ministérielle : 

Interrogé à propos de la loi N° 89-900 du 18 décembre 1989 par le député de Savoie Mr Calloud, le ministre de la culture de l’époque, Jack Lang, répondra la chose suivante : « La nouvelle législation n’interdit pas l’usage des détecteurs de métaux mais en réglemente seulement l’utilisation. Si l’objet de cette utilisation est la recherche de vestiges archéologiques, une autorisation préalable de mes services est nécessaire. En dehors de ce cas précis, la loi demande à ce que soit signalée aux autorités compétentes toute découverte fortuite de vestiges archéologiques. »
On a aussi retrouvé un  extrait recopié des débats de l’Assemblée Nationale en 1989, toujours d’actualité :

« M. Emmanuel Hemel. Etant donné l’émotion que ce texte suscite chez des jeunes aimant la détection parce que c’est une recherche, une aventure, l’exercice d’une liberté, je voudrais souligner que le rapport de M. Miroudot comporte l’affirmation suivante : « Seule la détection archéologique est soumise à autorisation administrative. Le projet de loi préserve ainsi la liberté de la détection de loisirs. » S’il advenait que des juges soient saisis pour appliquer les sanctions prévues par ce projet de loi, je souhaite qu’ils se souviennent que ce dernier n’aura été voté qu’en fonction de cet élément important qui est contenu dans le rapport. »
La loi a ainsi été votée, préservant la liberté de la détection de loisir moyennant le respect des règles édictées, ce à quoi s’étaient appliqué les membres de SJV concernés à l’époque.

En l’occurrence, il ne s’était pas agi d’une prospection visant la recherche d’objets métalliques pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, mais de fait bien des choses traînaient en surface, et les propriétaires  avaient été informés de l’existence de ces vestiges laissés à terre ou en terre, grossièrement localisés. Il leur appartenait d’agir en conséquence (ou non !).
Nous n’avons pas retrouvé leurs noms ni la localisation des terrains…les conventions étant absentes du dossier retrouvé.
Ces objets militaires pouvant intéresser l’histoire et restant propriété de l’armée, mais totalement inoffensifs, avaient donc été abandonnés à leurs places respectives, bel exemple de comportement !
En revanche, pas moins de 22 kilos d’objets de toute nature avaient été extraits de leurs terrains et évacués dans une déchetterie, après un tri en bonne et due forme, à la grande satisfaction des protagonistes, visiblement !

A l’occasion, nous nous sommes appliqués aujourd’hui à parcourir l’ exposé actualisé d’un avocat, relatif à l’usage des détecteurs de métaux par des amateurs, venant à l’appui des comportements très respectueux des textes observés par cette équipe à cette époque :

http://planete-detection.com/index.php/conseilinfos_fr/infos-detecteur-de-metaux/reglementation-lois.html 

Ce à quoi nous invitons aussi nos lecteurs et lectrices, et, bien sûr, nos membres,  pour toute nouvelle initiative !

 

 

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