Ced et Sam ressortent des enfers     469

Ced et Sam ressortent des enfers     469

29 novembre 2021 Spéléologie 0

Ced et Sam ressortent des enfers     469

Cet article est la suite du N°468 qu’il est préférable d’avoir lu avant…

Ced et Sam sont donc abandonnés à eux-mêmes par leurs guides dans les profondeurs de la Terre, selon le cahier des charges de leur mission…
Il va falloir revenir jusqu’à la sortie, c’est juste un peu plus d’un kilomètre sous terre, en gros 10 minutes quand on est à la surface d’un trottoir ou d’un chemin de campagne.
Sous terre, en cavité naturelle tourmentée, c’est une autre affaire !
Mais il s’agit d’illustrer la maîtrise des peurs, et donc d’affronter volontairement des difficultés et des risques, sans toutefois se mettre en réel danger.
Ced va donc devoir retraverser le lac mais sans le câble porteur, à l’ancienne, tout nu ou presque, sous l’objectif de la caméra et l’œil photographique professionnel de Sam.
La préparation est un peu longue, il faut s’accorder sur le contenu imagé, quelques commentaires et grimaces improvisés, régler les appareils…et c’est parti !

Ced sent la morsure cruelle de cette eau si froide qui monte, monte, monte jusqu’à la poitrine, et lui arrache quelques petits cris…puis, le point bas franchi, remonte avec des frissons.
Séchage sommaire, reprise des habits, ré-harnachement…l’équipe qui attend se refroidit elle aussi !
Le passage du ressaut du lac, à la corde à nœuds et à la force des bras ne sera pas si facile qu’il n’y paraît, car on oscille, les pieds dérapent…et pas envie de tomber !
Mais Ced a de gros bras bien entraînés, et ça aide !

Après un rétablissement dans les règles, il y a une petite vire riches de saillies à passer, pas trop difficile.
Le retour se déroule sur 200 m sans trop de difficultés mais toujours avec des précautions, car rien n’efface l’image dramatique d’un secours spéléologique qu’il faudrait mettre en place ne serait-ce que pour une jambe ou une cheville brisées, ce qui n’a rien d’extravagant en cas de chute dans de nombreux endroits chaotiques.

C’est un tronçon remarquablement beau et impressionnant, avec des formations majestueuses, des volumes imposants, des formes surprenantes, le tout harmonieusement composé, même en étant là pour le sport, on ne peut s’empêcher d’admirer un moment !

 

 

Arrivent  alors le ressaut à franchir sur nœud de Rémy et la grande vire en jouant des longes, comme il se doit, et Ced est amené à bien maîtriser ses appréhensions, maintenant qu’il est seul derrière, sans conseils.

 

Il faut se fier à la corde, mise en forte tension, et ça demande un effort de volonté.
 Sam, quant à lui, se tire très bien de toutes ces situations malgré l’encombrement de son matériel très fragile, et sa tâche de cinéaste intermittent.
La chute du microphone lors d’un passage de vire un peu musclé montrera que la main courante est très importante pour éviter la même chute d’un humain…même si, miraculeusement, le micro cessera de rouler et rebondir à quelques centimètres de la rivière et au ras d’une large fissure qui l’aurait englouti !
Sam se souvient alors qu’à l’aller une petite glissade sur une dalle avait été immédiatement contrée par la main courante…oui, le danger est bien là, quasi-permanent, dès qu’on relâche un peu la vigilance.

 

Ced se débat dans la main courante qu’il a suivie trop haut, et finit par en surmonter l’obstacle final.
Le passage dans le Lac de boue lui montrera aussi que les bottes peuvent très vite finir leur rôle utile absorbées par l’argile molle, et qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour s’y enliser jusqu’aux genoux ou aux cuisses, et qu’il serait extrêmement difficile d’en ressortir car la fange argileuse est bien pire que la lise sableuse des littoraux !
Son pouvoir de succion et son adhésivité sont considérables….

 

A peine sorti de la boue, le couloir « de Damoclès » est retrouvé, et ses pointes menaçantes toujours là !
L’inquiétude n’est pas trop forte, mais quand même, on se dit que ça pourrait tomber aujourd’hui, maintenant, tout de suite…
Un nouveau tronçon facile, ponctué de quelques passages mouillants ramène au boyau actif auto-submersible…L’appareil photographique bénéficiant d’un régime de portage spécial car il n’est pas étanche.

Sam et Ced ne sont pas ici dans leur élément préféré, mais s’en sortent plutôt bien tout seuls, car il le faut bien ! Ramper n’est déjà pas un mode de locomotion « normal » pour un être humain, mais ramper dans un espace étroit, encore moins, ramper dans de l’eau froide encore moins qu’encore moins !
Si le support est au début formé d’une dalle de calcaire lisse, il devient de plus en plus inconfortable, creusé de cupules séparées de biseaux de pierre et semé de quelques galets erratiques, un ensemble que les genoux n’aiment guère…

La rivière, alors rejointe, est à remonter cette fois, et les Chauves-Souris (qui n’hibernent pas encore) volètent allègrement comme pour nous raccompagner , c’est-à-dire nous expulser, hors de chez elles !

Ced ne sera pas volontaire pour une nouvelle séquence d’immersion en passant sous la dalle majeure…dommage, cela aurait donné une scène remarquable !

 

 

Il faut de nouveau jongler avec les vasques et quelques pièges rocheux noyés dans le fond, pour retrouver le bas du toboggan tartiné d’argile…cette dernière va être d’autant plus lubrifiante que les bottes sont mouillées et que les combinaisons s’égouttent !
Ced et Sam continuent de filmer tout cela, et, là encore, il s’agit d’être vigilant, toute glissade et déséquilibre dans le chaos rocheux pouvant se traduire par des commotions voire traumatismes à séquelles immédiates !

 

 

 

Les derniers rocs sont les plus délicats à appréhender sans corde ou aide d’un tiers, mais tout cela est finalement franchi en douceur…on est revenus au bas du puits…un courant d’air est déjà bien perceptible !
Le plus éprouvant est encore à venir, car remonter une bonne trentaine de mètres dont quelques-uns en puits étroit avec un fractionnement plein vide n’est pas une évidence pour les purs débutants que sont Ced et Sam…
On rappelle et on démontre l’installation des appareils, le réglage du torse, la longe longue dans l’ascendeur,…la corde sera lestée, ce qui simplifiera beaucoup la tâche du dernier à remonter.

Ced et Sam savent très bien que l’épreuve la plus physiquement exigeante est là, et leur petit entraînement accéléré quinze jours plus tôt leur revient comme un encouragement car ils s’en étaient plutôt bien tiré
Mais la volonté alliée à l’écoute des conseils, la maîtrise de la peur, et la jeunesse physique aidant, Ced et Sam, laissés volontairement seuls et autonomes pour finir, vont progresser sans défaillir, franchir les points délicats sans broncher, et retrouver Mimi qui les attend avec le sourire au passage des barres.
Sam et Ced, à ce stade, sentent que les peurs se sont fortement estompées en quelques heures, et que cet endroit qui leur avait inspiré une forte appréhension initiale est presque devenu familier…et comme il est la voie de la sortie qui se trouve à 10 ou 15 mètres seulement, le franchissement « vertigineux » est presque devenu une banalité !

Afin de bien assumer cette progression sur corde, mais aussi cette accession grandissante vers leur autonomie , Ced et Sam devront achever les derniers 12 mètres avec leurs seuls moyens physiques et techniques…et surmonter les ultimes peurs encore flottantes dans les esprits, le vide, l’erreur de manipulation, la défaillance…

Mais quand même, Mimi n’est pas loin derrière au cas où…on n’est pas irresponsables chez SJV !
Les voici bientôt sortis, revenus au plancher des vaches…il crachine un peu, il fait 1°C environ, un petit vent vient délicatement réfrigérer les visages !

Bien contents et même fiers de cette petite expédition, tout de même peu commune et pas à la portée de toutes et tous…surtout pour une « première d’initiation-découverte » !
Encore un peu d’attente du déséquipeur, qui traîne avec son sac plein et un mousqueton à virole bloquée, 10 minutes d’une marche forcée intense à contre-vent et en côte pour réchauffer la musculature, et c’est l’apparition bienvenue du véhicule dans le halo des lampes Leds.
Ouverture, déshabillage et rhabillage rapides (!!!) dans cet ancien lavoir de Francheville, drôlement pratique et agréable dans ces situations de froidure mouillante…

Il y a un temps silencieux durant lequel chacune et chacun et concentré sur un déshabillage total en règle et rhabillage urgent…à 1°C, on peut comprendre !

Mais aussitôt fait, le babillage et les rires se multiplient !
On range, on charge, on repart…vers 21 heures
Quatre heures de route environ…l’aventure s’arrête là, les objectifs sont atteints, les gens sont contents, ce fut une bonne et belle journée, une bonne et belle expérience partagée…

Remerciements et bravos mérités !

On notera sur cette dernière vue l’inscription CDS 21 (2017) Comité Départemental Spéléologique de la Côte-d’or, qui prospecte et explore, qui aménage la cavité, entretient les équipements fixes, mène des études hydrologiques, facilitant les visites et découvertes de cette remarquable grotte par les spéléologues venus de France et d’Europe, ici chaleureusement remercié.
2017 marque une année de travaux particuliers qui ont permis de sécuriser, consolider l’entrée classique avec sa petite grille bien connue depuis des décennies juste assez haute pour rappeler aux garçons (peut-être plus qu’aux filles) de moins d’1,9 m qu’il faut être prudent à son passage en enfourchement…

Mission SJV accomplie !
Mais mieux encore, voici les images et les sons de Ced et Sam…

https://www.youtube.com/channel/UCleXtLT7O2z6xXpiqr9u2fA   

 

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