La Grotte des Chasseurs (Robert-Espagne) 560

La Grotte des Chasseurs (Robert-Espagne) 560

4 juillet 2022 Spéléologie 0

La Grotte des Chasseurs (Robert-Espagne)      560

Cette petite grotte fait régulièrement parler d’elle en ce qu’elle sert de cavité de découverte et d’initiation à la spéléologie de loisir ou scientifique, la plupart du temps avec l’encadrement bénévole du GERSM.
Ce choix s’est porté vers elle parmi des centaines de cavités naturelles de cette région, du fait de son accès direct aisé pour presque tout public, et parce qu’elle présente plusieurs aspects de la spéléologie moderne qui est à la base, une science, une étude, bien plus qu’une activité sportive.

Elle est aussi connue sous l’appellation « Grotte du siphon », du fait de la présence  d’un tel élément hydrogéologique au point bas.
Des spéléologues plongeurs ont tenté son exploration, mais n’ont pu aller au-delà de 80 mètres environ, passage infranchissable.

 

1) Approche de la cavité
Elle peut se faire selon trois voies en venant de Robert-Espagne.
– Sortir de ce village par l’ouest, sur la route de Trois-Fontaines, passer sous un petit pont étroit et parcourir 2850 m pour se garer à une intersection majeure de routes forestières (interdiction de s’y engager), cote 204 m sur IGN 1/25000ème.
De là, revenir à pied vers l’Est sur 530 m, déterminant un point qui permettra, en marchant plein nord, de trouver le départ d’une laie forestière, après 360 m en sous-bois, de l’autre côté d’une petite route. Il ne reste que 150 m à parcourir sur cette laie pour trouver la grande doline sur la droite.
Cette méthode implique de savoir arpenter et d’avoir une boussole (ou d’être capable de conserver un cap en partant perpendiculairement à la route que l’on quitte.
Distance totale à couvrir : 1040 m

 

– procéder comme précédemment , partir à pied du « Parking 204 », puis utiliser le plan fourni par le GERSM la démarche  consistant à gagner le point bas (talweg de la Fontaine Charlot) en 160 m environ puis se déplacer vers l’Ouest de 60 m jusqu’à trouver une laie forestière qui conduit à la même petite route en 200 m. De là, repartir vers l’Est pour trouver la laie suivante qui va vers le Nord, à environ 70 m.
On la prend alors sur 150 m et la doline sera à main droite.

Distance totale à couvrir : 1170 m (incluant 530 m en partant du « parking 204 »)

 

– ou bien, sortir de Robert Espagne par l’Ouest sur la route de Trois -Fontaines et venir se garer au croisement de la première grande route forestière à 1250 m du petit pont franchi en sortie de village. De là marcher 500 m sur cette voie Nord-Ouest, la quitter vers l’Ouest (à gauche donc) et suivre la petite route sur 750m pour trouver la même laie que précédemment…encore 150 m vers le Nord et la doline est à main droite.
1400 mètres en tout, c’est plus long, mais sur un parcours sans aucun obstacle et sur terrain facile, sans risque d’égarement en forêt (de jour comme de nuit !) et 1500 m de route en moins à parcourir en voiture. Et aucun risque à marcher sur la route C3 !…

Pour les GPSophiles… X :  846608      Y :   6851296     Z   :   203 mètres

2)Description
Une vaste doline aux flancs assez raides est accessible par le nord, par un cheminement aménagé ne nécessitant aucun équipement.
Ce passage doté de grandes marches façonnées dans la terre et renforcé de dalles calcaires peut être bien arrosé dans sa partie inférieure, par temps pluvieux, et permet de déniveler environ 20 m pour entrer dans une belle galerie au profil clé/serrure, creusée dans un calcaire tithonien ( Nom donné en s’inspirant de Tithon, prince troyen qui tomba amoureux d’Éos, la déesse de l’aurore. Si son nom se retrouve en stratigraphie, c’est que cette période tend les bras à l’aurore du Crétacé…environ – 150 Millions d’années ! )

Comme quoi on peut être cultivé, poète et féru de stratigraphie !

 

 

On a affaire à une grotte-perte, selon la terminologie IKARE des phénomènes karstiques.
Perte car un cours d’eau s’y écoule et y « disparaît », et grotte car c’est une cavité naturelle comportant au moins une partie horizontale humainement accessible.

Cette galerie permet un passage relativement aisé soit de front soit de profil, haute de plusieurs mètres, est sporadiquement active et ses parois, tout comme le sol, sont régulièrement « lavés ». L’aspect est « sauvage », parois cupulées d’un calcaire jaunâtre à crème.

 

 

Quelque peu sinueuse, elle aboutit à un ressaut de 2,5 m doté d’une bonne  échelle métallique fixe qui permet d’accéder à une petite salle dans laquelle des blocs épars et un cailloutis abritent des salamandres tachetées…prudence en marchant, éviter les pierres mobiles…
On constate, au niveau de cette échelle, une variation de la couleur du calcaire qui passe au gris bleuté, témoignant de conditions de sédimentation différentes.

Une galerie supérieure est aussi pénétrable sur une quarantaine de mètres, dotée d’une petite main courante fixe, et constitue la partie « fossile » de la cavité…à ne pas entreprendre sans un équipement minimal. (Longes)

Revenant à la partie active, deux petites suites sont possibles, l’une en contrebas qui donne rapidement sur un siphon, réceptacle de débris flottants, vers – 35 m, et dont il a été prouvé qu’il se poursuit d’une circulation rejoignant le système du Rupt-du-Puits
L’autre, remontante par une galerie un peu plus étroite, d’une dizaine de mètres, dotée d’une petite échelle, et qui se termine dans un niveau où l’on trouve de nombreux débris de coquilles d’huîtres (Probablement du genre Exogyra). En effet, cette formation pétrologique découle de cycles à argiles-lumachelles qui sont des calcaires extrêmement durs formés par une accumulation de coquilles, essentiellement des huîtres, qui sont à la base du Crétacé inférieur. (Barrémien)

Plusieurs exemplaires décamétriques sont d’ailleurs mis en évidence sur des plats de roche de paroi pour agrémenter la visite.

 

Au final, durant cette courte visite de l’ordre de 200 m, on constate la karstification par corrosion (nombreuses roches alvéolées, creusées, sculptées) par érosion ( roches cassées par percussion, roulées, frottées ), le creusement progressif des strates par un cours d’eau, la stratification, la fossilisation, la circulation des eaux, la percolation, l’infiltration…
Un petit goût de biospéléologie, avec l’observation d’araignées, d’insectes nombreux, de quelques mollusques, et de salamandres, hôtes plus ou moins volontaires des lieux mais qui y vivent ou y survivent.

 

 

le siphon…hum, hum ! 80 m pénétrables…

Une petite idée de ce que peut être l’effort physique de la progression sous terre, de l’obscurité totale, du silence total, de la différence thermique de l’air(en l’occurrence au moins 20°C ce jour-là), de la résonance des voix…
Imaginer comment pouvaient vivre certains Hominidés dans des cavernes…très humides et à 12°C en moyenne !

 

 

 

 

 

Pas mal de rudiments techniques et scientifiques à assimiler et d’impressions à recevoir dans une cavité si courte et simple, qui appelle à bien davantage de découvertes et d’apprentissages, évidemment !
Remerciements au GERSM qui entretient cette grotte de sorte à ce qu’elle reste visitable par toutes et tous sans difficulté, et qui la laisse en libre accès toute l’année (sous réserve de respect de convention avec les chasseurs), et pour le prêt que quelques photos de cet article.

 

 

 

 

 

Pitchou des cavernes :

 

 

 

 

 

 

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