Le mystère des œufs verdâtres 570

Le mystère des œufs verdâtres 570

26 juillet 2022 carrières diverses Zanimos 0

Le mystère des œufs verdâtres     570

Par un beau jour de printemps, nous visitâmes une fort belle carrière de gypse désaffectée et plus ou moins condamnée au foudroiement ou au comblement, et ce à brève échéance.
Notre projet présent était de bâtir un reportage photographique relatif à cette entreprise de plus d’un siècle, afin de produire un témoignage d’un passé industriel qui fit vivre tant de gens, en fit venir tellement de toutes parts y compris de pays étrangers, que son impact sur le développement démographique et économique local voire régional fut majeur.
Après une longue déambulation à fureter dans tous les sens et jouer du déclencheur à n’en plus finir (joie et économie du numérique !), nous nous rapprochâmes d’une des issues.
Ces zones intermédiaires entre le plein jour et la pleine nuit, entre variation saisonnière et stabilité climatique, abritent des espèces végétales et animales particulières, et sont souvent le lieu de découvertes inattendues, d’apparitions originales, où la curiosité est stimulée.
Quelques ramifications à caractère karstiques miraculeusement préservées des dynamitages des carriers retinrent alors nos regards curieux, et, entreprenant leur visite, nous découvrîmes là, posés à même le sol, deux œufs…
Deux œufs sans nid, fût-il sommaire, ni aucune plume alentour, et de dimensions pouvant être celles des pontes d’un reptile de notre région…couleuvre évidemment puisque vipère ovovivipare. Bien trop gros pour un lézard et de toute façon ces derniers pondant des œufs à membrane souple. Là, on a de la bonne coquille dure…32 mm  x 28 mm
L’un de ces œufs n’est plus en fait qu’une coquille brisée et vidée de son contenu.
Nous ne trouverons aucune trace d’un déversement du blanc et du jaune, sur le lit blanchâtre, sablonneux et sec de poudre de gypse.
S’agirait-il d’œufs d’une couleuvre ou d’un reptile exotique relâché dans la nature, par exemple ?

Le peu d’œufs et la ponte sans aucun réceptacle, en milieu archi-sec, sans aucune dissimulation, l’un d’eux cassé-vidé nous conduit finalement à éliminer l’hypothèse de la couleuvre, d’autant que ces œufs sont….verdâtres !

Un serpent « venu d’ailleurs » nous paraît peu probable…l’observation du sol ne montre aucune trace de reptation…et l’accès à cette galerie impose des franchissements sub-verticaux peu favorables à des reptiles apodes.
Reste alors l’hypothèse…d’un oiseau !
Il y a pas mal de pigeons aux abords de la carrière, mais eux aussi pondent des œufs à coquille blanche, et sont des nidificateurs.
32 mm x 28 mm, ça élimine nombre de passereaux, et une recherche assidue mènera possiblement au Faisan de Colchide, seule espèce dont les œufs ont ces dimensions et soient verdâtres, susceptible de  se promener dans le coin, du fait de son introduction régulière par les chasseurs.
Après consultation du Groupe Biospel, de plusieurs sites Internet, d’un forum ornithophile, et d’un éleveur de ces faisans, on parvint à un recoupement d’informations et d’avis.
Nous pûmes alors supposer qu’une faisane avait réussi  à échapper à la fusillade et avait eu le temps de pondre…
Mais…on imagina mal en revanche, qu’elle fut venue jusque-là, dans la pénombre, sans aucune végétation dissimulatrice, sans aucune source alimentaire…et ait pondu à même le sable, alors que ses mœurs instinctives la poussent à gratter un creux et à le garnir de quelques herbes et brindilles. Et seulement deux œufs…et l’un cassé-vidé.
On pencha alors pour deux œufs pondus ailleurs, qui auraient été transportés là…mais par qui ou quoi ?
Les serpents mangent des œufs bien plus gros que leur corps au repos, mais ils ne les transportent pas si ce n’est dans leur corps une fois avalé (ce qui est très long !).
Certains oiseaux, notamment pies et corneilles noires, ne se gênent pas pour manger des œufs, mais là encore, s’ils peuvent en transporter sans les briser c’est pour les consommer dans leur biotope, pas au fin fond d’une carrière , et généralement les percent grossièrement pour les gober plutôt que les éclater…et n’en embarquent pas deux à la fois !
On songea donc aux mammifères…les hérissons ? Idem : pas de transport.

 

Mais peut-être un mustélidé…car de fait, ils sont friands d’œufs…et vu les dimensions de ces œufs on se rapproche de la Fouine…oui, oui, oui…la fouine, qui a justement cette petite fantaisie de s’emparer des œufs dans sa gueule sans les briser et d’aller les déguster ailleurs !
Mais ce pourrait éventuellement être aussi une Belette, une Martre ou un Blaireau…ou Putois ? Voire Renard (Canidé)
On exclut bien sûr Loutre, Hermine, Furet, Vison…dont la présence dans le biotope et la région concernés est quasiment impossible, sauf relâchement d’individu domestiqué (ou non) par une personne , individu qui serait justement « tombé » sur des œufs de faisane, et aurait justement investi cette galerie de carrière difficilement accessible…tout cela très hautement improbable !
Compte tenu de ce que l’on a pu savoir des capacités et comportements, belette et putois semblent un peu « petits » pour promener un œuf de cette taille sur une grande distance et en ayant de l’escalade au programme. Le blaireau pas très grimpeur de falaises non plus et semblant plus disposé à croquer son œuf  sur place…tout comme le Renard.
Et pas de traces de pattes apparentes…ce qui nous guide plutôt vers un animal « léger » et à pattes fines.
Reste donc plutôt cette fameuse fouine…dont la réputation d’oophage et de transporteuse d’œufs sans les briser paraît fortement installée dans les chaumières et les encyclopédies !
Alors, on n’en est pas certains, mais le scénario le plus probable serait bien celui-ci :

Des chasseurs lâchent des faisans de Colchide pour leur activité favorite…
Certains de ces volatiles ne seront pas tués, et parmi eux, au moins une faisane qui va pondre quelque part, pas loin de la carrière aux abords très végétalisés.
Une fouine, passant par là, repère des œufs verdâtres, et s’empare successivement de deux d’entre eux, à la nuit tombée ou tombante, comme souvent…
Et va s’installer un peu plus loin dans une galerie de carrière qu’elle connaît pour y chasser des petits rongeurs et où elle se sait protégée des plus gros prédateurs d’œufs qu’elle, dont ses propres prédateurs ! (Renard, Hibou…)
Et, tant qu’à faire…déguste le premier œuf et remet la suite à plus tard ou bien se trouve dérangée par un intrus…
Peut-être un ou une subterranologue photographe qui passait par là !!!
On ne saura jamais exactement la vérité véritablement vraie et avérée… -:) !

Mais l’intrus humain déplacera l’œuf entier pour l’isoler dans un creux de paroi, il n’y éclora jamais mais ne sera pas mangé non plus…
Dommage, on aurait peut-être assisté un jour au vol d’un bœuf par une fouine…   -:)!

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