L’Intégrale des Grottes de Jobourg par l’estran. 024

L’Intégrale des Grottes de Jobourg par l’estran. 024

9 février 2018 Grottes Randonnée Spéléologie 0

L’Intégrale des grottes de Jobourg : par l’estran !

L’Intégrale fait arpenter l’estran qui est la zone découverte par le balancement des marées, et le parcourir réserve souvent de très bonnes surprises…

  1. Généralités à propos de l’Intégrale

Lors d’un précédent article, nous avons relaté en détail l’excursion de découverte de ces grottes marines légendaires, en développant leur accès par le haut des falaises. Nous avions aussi évoqué leur accès par la mer, notamment en kayak, ce qui n’appelle pas de complément, la mise à l’eau la plus évidente se faisant par la descente d’Ecalgrain, et l’accostage dans l’anse de Sénival…en conseillant fortement d’attendre la mi-marée pour bénéficier des zones de plages sableuses des deux côtés, et en évitant les mers agitées, car la côte, très rocheuse, avec une majorité d’écueils aux arêtes vives ne fait pas de cadeau aux coques comme aux kayakistes, en cas de contact involontaire !

L’accès par la mer en randonnant sur l’estran reste une petite aventure intéressante, qui réserve pas mal de (bonnes) surprises, offre de superbes paysages, et augmente sensiblement la sportivité de l’affaire…
Cette option devient d’autant plus avantageuse que l’Association « A la découverte de la Hague » vient de nous signaler que la descente des Ratournettes serait dorénavant interdite « au public » pour raison de sécurité, dans le sens de la descente.


Interdire ce sentier dans le sens de la remontée serait en effet assimilable à une mise en danger volontaire d’autrui, car c’est le seul sentier d’issue de secours raisonnablement praticable pour des personnes qui se retrouveraient « coincées » là par la marée remontante.

2) Accès de l’Intégrale

De Cherbourg, donc, on prend la D 901 vers Baumont-Hague, et juste après l’usine de retraitement, au rond-point orné de chèvres sculptées dans la pierre, prendre la D401 vers « Nez de Jobourg «  et « Baie d’Ecalgrain ». Suivre ensuite les panneaux « Baie d’Ecalgrain » qui, en quelques Km , amènent à un vaste parking goudronné, au plus bas de la route. Table de pique-nique, poubelle, et même WC amovible ( Du moins en haute saison). En lisière coule un Petit ruisseau, dans lequel subsiste une ancienne retenue d’eau en béton. Juste là, passe le GR 223 sur une passerelle de bois…ce sera une des possibilités de retour.
On commence donc par arpenter cette remarquable Baie d’Ecalgrain…environ 2 Km le large, en anse concave, chargée de gros galets au plus haut, et présentant une granulométrie décroissante jusqu’à une immense plage de sable fin…à partir de la mi-marée, voire basse mer en morte-eau. C’est un premier aspect de l’estran, mélange de place de grève et de chaos.


C’est le moment de distinguer deux situations :
– fortes marées, à coefficient supérieur à 90/95, commencer à la mi-marée, sans matériel particulier, en prévoyant de passer parfois dans l’eau ( chaussures adaptées, donc…). L’estran est largement dégagé.
– faibles marées, passages dans l’eau plus fréquents et plus longs, avec plus de fond donc, ce qui suppose, d’une part, de choisir un temps calme ( sinon, agitation dangereuse dans rochers « agressifs » ), d’autre part de se munir d’une salopette de néoprène, voire d’une veste en néoprène pour les passages à nager, notamment en saison froide. L’estran laisse souvent la place à l’eau !
Bien sûr, l’option « escalade/désescalade » est possible, dans les deux cas, ce qui permet de s’affranchir des passages mouillants voire baignants. Il n’y a aucun équipement en place.
On ne peut donc compter que sur soi, son matériel et des amarrages naturels. Pitonnage très déconseillé ( atteinte au site, et par ailleurs inutile ).


L’usage d’amarrages naturels n’autorisant pas d’abandonner des anneaux de sangle ou de corde dans le milieu, il faut soit prévoir d’équiper en aller/retour avec récupération intégrale des anneaux et bouts de corde successifs, soit utiliser les cordes en rappel direct sur les roches ( très déconseillé pour la durée de vie des cordes, voire dangereux ) avec de gros risques de coincement lors du rappel, soit, ce qui est bien mieux, d’appliquer la technique de la corde annexe à anneau rappelable.
C’est sur l’anneau de cette corde que sera posé le rappel.
La corde annexe comporte un œil épissuré, et on ferme l’anneau autour de l’amarrage naturel par un nœud de brigand sécurisé. Cette corde peut être en polypropylène ou être une corde réformée pour l’usage normal. En l’occurrence, tout comme la corde d’assurage, 25 mètres suffisent car il n’y a pas d’obstacles sub-verticaux excédant 10 mètres…mais les amarrages naturels peuvent être assez loin en arrière du point de descente. Prévoir quelques mètres de cordelette de traction de la corde à anneau…au cas où…
Ceci dit, opter pour la marée basse de vive-eau à coefficient 100, par exemple, exempte de tout souci  matériel car l’estran est découvert loin et longtemps! ( Mais c’est une autre activité que de chercher à passer expressément par les accidents rocheux !!! ).


Partis, on constatera la dangerosité des abrupts, soit en agrégats de terre et de blocs, avec divers exemples d’éboulements plus ou moins récents qui rappellent de ne pas traîner aux pieds des pentes raides, soit en roche massive très fracturée, souvent déstabilisée, encore plus menaçante, incitant aussi à passer le plus au large possible ! Mais là, il conviendra de se méfier des gros galets ronds couverts d’algues vertes…glissade probable, réception souvent difficile !
C’est le moment de dire que dans cette promenade, il y a intérêt à ne pas se faire trop mal, notamment à ne pas perdre sa mobilité. Secours difficiles…et s’il n’ya pas de secours, beaucoup de passages dans lesquels la marée haute serait fatale, faute de pouvoir s’abriter en hauteur.
Pratiquer seul(e) ( ce à quoi nous n’encourageons pas ici) exigera donc beaucoup de prudence…l’estran sauvage de l’Intégrale ne pardonne pas toujours !

3) Description sommaire de l’Intégrale

Le promontoire sud de l’Anse d’Ecalgrain peut être aisément court-circuité grâce à un petit sentier démarrant sur le flanc de pente ( ne pas trop y trépigner…) traversant un fourré de ronces et lierres et rattrapant le GR au niveau d’un second ruisseau. Il se trouve aussi là une ruine, avec vestige de cheminée de pierre. Une descente, aussitôt à gauche de cette ruine permet de remettre pied sur le rivage de l’anse de Cul-rond ou Culerond, ou Culeron. Très joli endroit, où l’on commencera la découverte des grottes. La première d’entre elles se trouvera donc tout logiquement au nord, imposante déjà, remontante, et rarement envahie par la mer jusqu’au fond.


Les suivantes, qu’on ne décrira pas en détail, contrairement à celles rendues « touristiques » du précédent article, pour laisser plus de surprise aux promeneurs (euses) auront des dimensions allant de 1 à 10 mètres de largeur sur 3 à 20 mètres de profondeur pour 1 à 10 mètres de hauteur, selon les cas.
Plusieurs morphologies seront observables…tendance au boyau, passage à 4 pattes, ou vaste porche, parois érodées tourmentées, ou paroi uniforme sur grande dalle de diaclase, du noir ou du rouge en passant pas brun, ocre jaune…Fond de galets ou mini-plage secrète, entrée béante ou accès barré par une très grosse roche coincée, très ouverte au soleil ou intimiste par de simples fissures lumineuses …il y en a pour tous les goûts…et certaines sont un peu « cachées ». C’est le grand intérêt de l’Intégrale que de passer par l’estran.

4) Conclusions provisoires quant à l’Intégrale
En dehors des grottes, (au moins une douzaine), le parcours rocheux est à lui seul d’un assez grand intérêt et permet des vues exceptionnelles sur le littoral, avec en premier plan des rochers remarquables par leurs dimensions, leurs formes, leurs couleurs, leurs structures…et leur diversité.


Il est difficile de donner une durée de parcours de l’Intégrale, car très variable selon les pratiques et les pratiquants(es). Compter trois à quatre heures pour aller de la descente d’Ecalgrain à la remontée des Ratournettes, si on prend le temps d’observer, visiter, photographier et de ne pas se faire de mal, paraît correct.
Le retour se fait alors par trois kilomètres de GR, en trente minutes en gros.
Compter cinq heures à partir de la mi-marée descendante semble une bonne moyenne…une bonne baignade finale ou intermédiaire ( ou les deux ! ) n’étant pas à exclure…
Bonne randonnée sportive… !

 

 

 

 

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