Nautisme historico-littéraire à Saint-Maur 667

Nautisme historico-littéraire à Saint-Maur 667

18 juin 2023 Canoë 0

Nautisme historico-littéraire à Saint-Maur    667

Lors de nos petites sorties, chacune et chacun vient chercher et peut trouver des contextes, des actions, des inspirations, et les ressentis sont multiples, très personnels, plus ou moins identifiés et exprimés, souvent sous des formes discrètes et métaphoriques.
C’est ainsi que la promenade nautique des 20 îles de la Boucle de Saint-Maur a pu générer le récit-commentaire d’un de nos adhérents, par un beau jour de juin …

« Comme une pierre que l’on jette
Dans l’eau vive d’un ruisseau
Et qui laisse derrière elle
Des milliers de ronds dans l’eau »
C’est par le premier couplet des « Moulins de mon cœur » de Michel Legrand, que j’ai eu l’immense honneur de rencontrer, que je débute ma prose, alors qu’en fait, ce couplet est une référence à la fin de notre parcours, quand la pluie s’est mise à tomber, peu de temps.
Christian m’a inspiré en évoquant des diamants que chaque goutte de pluie dessinait en venant frapper la rivière.

 

Mais revenons au début de notre périple, et même un peu avant.
Tard la veille, Christian nous avait envoyé un courriel modifiant l’organisation de la sortie, entre les points de départ et d’arrivée qui devenait au final un seul et même point, que j’ai eu que le lendemain, et indiquant que nous ferions le retour comme nous étions venus, à la force de nos bras.

 

« Je ne voudrais pas refaire le chemin à l’envers
Et pourtant je paierais cher pour revivre un seul instant
Le temps du bonheur
A l’ombre d’une fille en fleur. »
(Du côté de chez Swan – Dave)

Les paroles de cette chanson (Patrick Loiseau), sont inspirées du roman éponyme de Marcel Proust, ce qui me fait dire que Célia, a eu droit, avec élégance, à de nombreux prénoms de la part de Christian, mais qui a oublié celui de Madeleine …
Le titre de cette chanson garde encore tout son sens, car des cygnes, (swan en anglais), nous en avons rencontré plusieurs…

Donc, l’organisation ayant été changée, il fut question de refaire le chemin à l’envers, et ainsi de revenir à notre point de départ à contre-courant.

 

 

 

 

« La rivière à l’envers »,
« Tomek, jeune orphelin de 13 ans, tient la petite épicerie de son village . Un soir, une mystérieuse jeune fille (Hannah), entre dans sa boutique et lui demande s’il vend de l’eau de la Rivière Qjar : « C’est l’eau qui empêche de mourir, vous ne le saviez pas ? » Tomek lui répond qu’il ne connaît pas cette eau et la jeune fille s’en va.

 

Tomek décide alors d’entamer la plus grande aventure de sa vie. Il traversera des contrées incroyables, telles que la Forêt de l’Oubli, le village des Parfumeurs, l’île Inexistante… Réussira-t-il à rejoindre Hannah à l’autre bout du monde ? Trouvera-t-il la Rivière Qjar, cette rivière magique qui coule à l’envers ? Parviendra-t-il à sauver la passerine d’Hannah ? À rapporter de l’eau au Vieux Icham ? »
(Roman de Jean-Claude Mourlevat)

Après une longue et mûre réflexion qui a duré … 5 secondes, j’ai topé avec Christian, et nous sommes donc revenus tous les trois, selon un de mes principes : on part ensemble, on revient ensemble.
Et grand bien m’en a fait.

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« Comment voulez-vous diriger une ville où il existe 20 îles ? ».
Je paraphrase le Grand Charles, ce qui est de mise en ce 18 juin où j’écris ces quelques mots.
Nous passerons d’ailleurs, sans le savoir, et je le découvre aujourd’hui, devant le musée de la Résistance, sur la rive côté Saint-Maur. Décidément …
En effet, la « Boucle de Saint-Maur », constitue et contient la ville de Saint-Maur-des-Fossés, le mot « Fossé » faisant référence à l’abbaye construite sous Clovis II en 639, et au relief du lieu qui est très pentu jusqu’à la Marne.
Ce sont ainsi de nombreuses îles que nous allons découvrir, en empruntant des bras actifs, ou des « chenaux » comme l’aime à les appeler Christian bien que leur appellation locale soit « guyères ». Une guyère désignait « Celle qui guide quelqu’un ou quelque chose », et les bateliers suivaient ces petits chenaux comme les cheminots suivaient les sentes. (NDLR)

 

Tantôt ces îles sont « urbanisées », avec de superbes demeures, souvent d’architecte, tantôt elles sont complètement laissées à la nature.
Dans ces moments d’environnement sauvage, j’ai alors l’impression de remonter un des nombreux tributaires de l’Amazone ou de naviguer dans les bayous de Louisiane.
Avec Christian, nous relevons que, malgré une faible profondeur d’eau, un courant quasi inexistant, l’eau est claire , donc suffisamment oxygénée.

Fort heureusement, point d’anaconda, de boa constricteur, (ou tor, c’est selon), de piranhas, d’alligators, et autres bestioles de ce genre, au demeurant fort sympathiques, mais qu’on préfère voir de loin ou à la télé.
Comme pour les cygnes, mentionnés ci-dessus, ce sont plutôt des espèces paisibles que nous rencontrons, poules d’eau, canards, oies bernaches, et même un canard de Barbarie ainsi que des alevins se protégeant des prédateurs en restant sur les bords de la rivière. Je perçois quelques « chasses » de carnassiers, certainement des perches, prédatrices dans un milieu halieutique, s’en prenant à des proies, des poissons blancs généralement, que l’on appelle « poisson fourrage » dans le jargon.

 

Poursuivant sur le même thème, je croise un pêcheur qui m’annonce avoir sorti un silure de 1m30. Il y a plus gros, mais ça commence à faire un gros bébé de plus de 15 kg. Ce poisson benthique, a la particularité de chercher à rester plaqué au fond. Une fois dégagé, il oppose une  résistance assez limitée malgré sa puissance. Celui-ci a été pris en pleine eau, à 4 mètres,  4 mètres 50 de profondeur. Je vous laisse imaginer s’il est pris dans une fosse de 10-12 mètres, encombrée d’arbres ou de rochers, surtout quand il atteint les 2m50 (100 kg) …
Après une touche très caractéristique, tout en lourdeur, le pêcheur a dû effectuer un ferrage appuyé. Vint ensuite le combat avec un poisson qui voulut rejoindre le fond.

 

Le pêcheur dut l’en empêcher à tout prix, pour éviter tout contact érosif entre la ligne et les obstacles. Il fallut alors le décoller en force. Ne pas laisser ce silure diriger le combat, et l’empêcher de dévaler le courant car un silure qui prend le courant devient très difficile à stopper, même si le courant est faible. Après blocage du poisson d’entrée, il aura fallu au pêcheur de rester ferme durant tout le combat !Avec Christian, nous nous amusons à faire de la reconnaissance végétale, issue de mes anciennes études botaniques. Un débat s’installe autour de la différence entre un platane et un érable, et je fini par céder, ce sont bien des érables.

 

Par contre, la mémoire me faisant défaut sur le moment, j’ai retrouvé le nom latin du chèvrefeuille : Lonicera caprifolium, espèce la plus commune dans le genre.
Une des quatre îles du Bras du Chapitre , n’est ni urbanisée, ni sauvage à l’état pur, elle est aménagée en zone de jeux pour enfants, idéale pour ceux que nous sommes restés. Nous y accostons, et en profitons pour nous sustenter.
Célia ne résistera pas à la descente du petit toboggan.
Puis une fois nos (petites) panses rassasiées, nous repartons.

 

Sur un plan hydrographique, je suis fort étonné dès le début.
En effet, je m’attendais à plus de courant que le canal de l’Ourcq que nous avons emprunté le week-end précédent. Que nenni, la Marne est une mer d’huile…ce jour-là, car ce n’est pas toujours le cas !
La Marne n’en est pas à son niveau d’étiage, mais on constate quand même une forte baisse du niveau d’eau.
Donc un peu plus d’effort pour avancer, mais dont nous bénéficierons pour le retour, hormis un vent de face à un moment qui ralentit notre progression.

 

D’ailleurs, et à juste raison, Christian rappelle que du fait que nous avons tourné en boucle, la direction du vent perçue n’est pas la même.
C’est l’inverse de la formule d’Edgar Faure qui disait « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent qui change de sens ».

Toujours sur l’hydrographie, je pense qu’il est bon de rappeler que la Marne, dont le nom « Marna » (apparu au XIIème siècle) est issu du gaulois « Matrona » qui signifie « La Grande Mère » est canalisée depuis très longtemps, et est régulée au niveau du lac du Der-Chantecoq, en y ajoutant les différents barrages.

 

 

Sans cela, son niveau d’étiage serait atteint et ressemblerait à la sauvage Loire, ce qui me fait dire que les îles seraient nettement plus hautes, et ressembleraient à des promontoires.
En fin de (vrai) hiver, les inondations des champs ont été supprimées, au grand dam de la reproduction des brochets notamment.

Une dernière chose est d’indiquer que le cours de la Marne, en quelques dizaines de milliers d’années, s’est déplacé ou a été modifié, avec l’intervention de l’homme parfois.
C’est ainsi qu’il est connu qu’un bras passait entre le plateau d’Avron à Neuilly-Plaisance, Rosny-sous-Bois, et le plateau du Raincy, Clichy, Franceville-Monguichet à Gagny, Montfermeil, traversant Villemomble, Gagny, Neuilly-sur-Marne, vastes marécages à l’époque.

 

Pour clore ces « chapitres » (clin d’œil à la sémantique employée par Christian), encore un formidable moment passé, où se seront mêlés le sport, la découverte, la force de l’esprit qui nous permet d’assurer notre effort, et comme toujours, dans un esprit de partage, et surtout de bienveillance, d’entraide et de complicité.

Ah, j’oubliais… je ne suis pas tombé à l’eau, cette fois !!!

C’est ainsi que Dominique, presque à regrets, n’a pas eu son petit dessalage rituel…
Promis, ce sera pour la prochaine fois !

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