Nicolas ose le MoriMarnOurcq intégral 675

Nicolas ose le MoriMarnOurcq intégral 675

16 juillet 2023 Canoë 0

Nicolas ose le MoriMarnOurcq intégral           675

Personne ne l’avait jamais fait avant lui…
Dès le départ, cette activité en biplace réclame environ 7 heures à rythme modéré, et compte 20 km de kayak presque sans courant porteur, mais avec 50% de contre-courant faible.  500 mètres de portage ou roulage… 5 débarquements et embarquements peu commodes.
L’option à deux monoplaces demande environ une demi-heure de plus.
A 8h55, Nicolas est prêt. Il sait que son carrosse bleu est presque toujours très ponctuel…et le cocher peu patient !
A 9h30, Nicolas est dans son kayak, et pagaie déjà sur les flots paresseux du Canal de l’Ourcq. Il commence le MoriMarnOurcq, sans trop savoir ce qui l’attend.
Très rapidement, c’est le Pont du parc, un des rares édifices a avoir gardé son état originel du XIXème siècle, ornementé de longs lierres oscillant au gré d’une douce brise matinale bien appréciable par ce temps tiède, presque lourd.

 

Nicolas évolue près de la berge gauche, la plus sauvageonne, plus riche en fleurs et en insectes, en plantes aquatiques, et parvient alors à l’Ecluse de Vignely.
Son premier débarquement se fera sur une vieille échelle fixe très délabrée, mais qui tient encore bon…les orties sont cependant toutes proches, il faut s’en méfier, car souvent nichées dans la bonne herbe douce !
Sortir le bateau de l’eau dans les règles sera un jeu d’enfant, il faudra alors le doter de son chariot démontable artisanal, ce qui ne sera pas évident dans un premier temps.

 

 

 

 

150 mètres de roulage facile sont alors au programme, sur une petite route goudronnée, le long du sas d’écluse, dont l’habitation adjointe ne semble plus habitée.
La remise à l’eau est aisée, le ré-embarquement aussi, grâce à une berge cimentée doublée d’une barre de bois.
Nicolas est en forme, son coup de pagaie vigoureux, les 3500 mètres de remontée du Canal qui restent ne seront qu’une formalité pour lui, le voici déjà aux abords de la passerelle métallique verte des grosses conduites d’eau désormais désaffectées.

 

 

Mais ce n’est pas ce qui intéresse le plus Nicolas…
Au grand étonnement des quelques passants et leurs chiens présents ce jour-là, Nicolas équipe le kayak de son chariot et s’engage dans un raidillon jouxtant un escalier cimenté, pour se rapprocher d’un chenal de déversoir aux lourdes vannes de bois montées sur crémaillères.
Le genre de chose dont il faut se méfier un peu si leur maniement est automatisé et commandé à distance sans supervision humaine.

 

En l’occurrence, ce ne sont que des installations à fonctionnement manuel, et leur examen montre qu’elles n’ont pas été mises en mouvement depuis bien longtemps.
Leur étanchéité, toute relative, laisse filer un ruisselet, ce qui est bien agréable à l’œil comme à l’oreille.
D’aucuns pourraient imaginer une voie d’eau amusante si le débit était plus intense… Las ! Voici qu’un vilain ressaut de deux mètres coupe court aux rêves de pagayeurs ! Surtout avec un lit et des rives en béton…

Mais, pour Nicolas, c’est d’une tout autre façon qu’il va s’agir de franchir cet obstacle.
Le voici à approcher les roues de chariot à la limite de l’arête du ressaut vertical, puis à basculer le bateau jusqu’à amener sa proue au contact du sol.

 

 

La suite consiste à reprendre l’esquif par en bas et à progressivement appliquer la poupe contre la paroi tout en freinant fortement la descente grâce à un frottement important, cela jusqu’à pouvoir remettre les roues en contact avec le sol dans la section suivante de ce déversoir.
Ce petit exercice est évidemment un peu plus simple à exécuter si on est deux !
Nicolas roule maintenant dans le chenal à faible pente, dont le lit a été récemment nettoyé et débarrassé par le club SJV à l’intention de ses membres. Le site est agréable, sous les voûtes feuillées, entre fougères et mousses, le ruisselet sous les pieds…presque comme dans la nature.

 

Mais voici le second ressaut, puis le troisième, respectivement hauts de 1,2 et 0,6 mètre, très faciles à franchir sans risque d’abîmer les embarcations, mais qui réclament à nouveau un peu de méthode, d’autant que quelques ronces follettes pendouillent çà et là.
Nicolas se trouve alors face à une situation inattendue…un tunnel artificiel !

 

Le chenal passe en effet sous les lignes de chemin de fer, dans un conduit bétonné où circulent des conduites, et d’environ un mètre de hauteur, ce qui va permettre le franchissement par en-dessous, pas interdit et beaucoup moins dangereux que de le tenter par-dessus les voies.

 

 

 

Néanmoins,  ça reste tout de même assez curieux !

Dans ce tunnel, très bien nettoyé par SJV, la circulation se fait sans aucun problème, et Nicolas en ressort rapidement pour trouver la suite du chenal qui a nécessité pas mal de travail de dégagement des boues et morceaux de bois mort, encore visibles sur les côtés.
Cela amène à un petit pont de pierre de quelques mètres, sous lequel le passage praticable est réduit, et à la suite duquel le lit bétonné s’interrompt pour laisser la circulation des eaux retrouver un fond naturel terreux.
C’est bien à partir de là qu’il faut se méfier d’un enlisement désagréable, malgré quelques troncs et branches disposés de sorte à autoriser le déplacement pédestre sans trop s’enfoncer.

 

 

Le chariot doit donc être retiré pour passer à un portage direct ou un déplacement traîné avec précaution.
Pour corser un peu l’affaire, outre des talus à la pente relevée sur les derniers mètres, la nature a bien voulu faire tomber là un bel arbre de fort diamètre, sous lequel il faut se glisser ainsi que le bateau !

Nicolas, fort souple, s’escrime à ne pas mouiller ses chaussures, mais il sait que, tôt ou tard, celles-ci iront dans l’eau si ce n’est pas l’eau qui ira vers elles !
C’est alors un subit changement de paysage…
Par en-dessous les frondaisons, Nicolas débouche sur un imposant éventail de sédiments caillouteux ouvrant sur la Marne, large d’une cinquantaine de mètres, et roulant ses flots nonchalants d’un vert translucide qui donne à penser à une rivière de pays exotique !

 

Nicolas ayant opté pour la version « intégrale » du MoriMarnOurcq, ne se laisse pas tenter par la facilité de suivre le courant, et s’en va vers l’amont, cap NNE….

Son but est de remonter de 400 mètres pour trouver l’entrée du petit bras déterminant l’Île de La Chappe.
Malgré quelques recherches, on n’a pas trouvé l’origine de son toponyme.(?)
Large de 25 à 55 mètres, et avec une altitude maximale de 45 mètres, elle présente des berges très raides où beaucoup d’arbres ont développé leurs treillis de racines, tentant ainsi de résister au mieux à l’érosion fluviale.

Probablement inondable en grande partie, lors des crues majeures de la rivière, elle n’est ceinturée, en temps normal,  que d’un bras modeste, d’une dizaine de mètres de largeur et peu profond, et elle ne supporte aucune construction.
Comme très souvent, ce bras n’ étant parcouru que par un courant très faible, en dehors des périodes de crues, une importante sédimentation s’y observe, et de nombreux embâcles peuvent s’y former.

 

Le club SJV trouve là un bon « terrain » de formation, à la fois à la désobstruction et à la navigation en rivière encombrée.
Ces obstacles plus ou moins denses et plus ou moins aériens et/ou subaquatiques, sont variables de façon quasi-permanente, déformables qu’ils sont sous l’effet de la pesanteur, des vents, des courants, du niveau de l’eau, des apports cumulés de débris en tous genres, mais aussi par le vieillissement, les actions biologiques…

 

De sorte qu’à chaque visite, on ne sait pas exactement à quoi on va devoir se confronter, ni comment on va contourner, à gauche ou à droite, par-dessus comme par-dessous ! C’est tout l’intérêt des lieux !
Nicolas va beaucoup s’amuser, accroissant même les difficultés en ajoutant quelques figures acrobatiques…
La présence potentielle de quelques bestioles, dont arachnides et insectes volants ou non, ne peut qu’ajouter un peu de piment au plat de résistance offert ici !
Cette séquence durera au moins trente minutes pour 400 m à franchir, et pour retrouver la bonne vieille Marne.

 

 

 

 

 

 

On observera sur la carte, au passage, que l’Île de La Chappe n’est distante que de 100 mètres du Canal de Chalifert, ce dernier étant malheureusement interdit à la navigation des bateaux sans moteur mécanique.
Bien dommage car cela ouvrait la voie à un nouveau circuit nautique intéressant !

600 m plus en aval, Nicolas passe sous le grand viaduc de l’A140, avec sa longue courbure sur 1200 m,  dont l’impressionnante travée de 93 mètres sur la Marne, et, peu après, s’engage dans le bras mineur des Îles du Moulin.
Ces deux îles ne sont d’ailleurs distinctes que si le niveau de l’eau n’est pas trop bas, ce qui peut même aller jusqu’à en faire une presqu’île !

 

Nicolas chemine dans une ambiance ombragée où l’eau prend des couleurs sombres, inspiratrices de romans policiers, avant de repartir sur la rivière principale, puis de passer devant la petite cascade du Ru du Val près des Chalets des Rouazes.

La navigation est ici de tout repos, sauf par grand vent, surtout s’il vient du sud ou du sud-ouest !

 

 

Nicolas arrive alors au niveau de l’épave perchée d’une ancienne construction en béton, en forme de bateau, qui précède l’Île (du) Renard, laquelle supporte quelques installations. Le bras mineur est tout de même important, avec environ 25 mètres de largeur !
Peu après, Nicolas repère la plate-forme flottante grand confort des pêcheurs du coin, suivie de l’embouchure du Bras Droit du Grand  Morin.

 

 

Il va lui falloir remonter de dernier, qui, en ce temps normal, ne présente qu’un faible courant, et passer sous une des onze arches du pont-canal de Condé-Sainte-Libiaire. Plutôt esthétique, en sus d’être original.
Nicolas découvre une étonnante intervention picturale figurant des oiseaux sur un des immenses blocs de béton protecteurs de la rive droite, puis un ponton surélevé avec une potence de mise à l’eau, et, en moins d’un kilomètre, arrive au pied du barrage des deux bras du Grand Morin.

 

 

 

Celui-ci, de faible hauteur et en pente douce, offre les miroitements d’un écoulement chantant sur un lit de verdure algaire, et un plan d’eau sympathique, même si les vannes enlaidissent quelque peu le paysage
Nicolas hisse le bateau sans grande difficulté car il peut être traîné en douceur sur le plan incliné, et remis à l’eau aussitôt derrière.

 

 

C’est alors que deux petits chiens déboulent et se jettent dans l’eau sans hésiter, se baignent, et ressortent de là, tout gais, tout fous !

Après cet intermède canin, une brève pause alimentaire et s’être bien abreuvé, Nicolas repart sur le Bras Gauche du Grand-Morin…mais ce sera de courte durée…En effet, ce bras bute sur un pont canal à trois arches et siphonnant qu’il lui faudra contourner !

 

Deux courts  raidillons herbus agrémentés de quelques orties amènent alors sur le chemin de halage du Canal de Chalifert.
Ce dernier étant théoriquement interdit à la navigation, on n’est pas censé le traverser à la pagaie.
Nicolas, très à cheval sur la légalité va alors avoir recours à un subterfuge…Muni d’une masselotte arrimée à un cordon de 20 mètres relié à la drisse du kayak, il balance cette masselotte d’une rive à l’autre, séparées d’une douzaine de mètres quant à elles.

 

 

 

 

Et hop ! La masselotte retombée et stabilisée de l’autre côté, il n’y a plus qu’à traverser à son tour, par le célèbre pont de bois tout près, (une centaine de mètres !), la récupérer  et tracter le bateau pour hisser ce dernier sur la berge.
Nicolas a ainsi respecté l’interdiction de naviguer !

Nicolas sera donc admiré par une famille de beaux cygnes qui espéraient de lui un peu de pain, mais, justement, il ne faut pas leur en donner…

 

 

Malheureusement, Nicolas ne pourra remettre le kayak à l’eau immédiatement sur le Grand Morin car il persiste un ancien moulin qui n’est pas franchissable.
Un petit portage de 40 mètres va lui permettre d’accéder à un petit quai et une remise à l’eau facile…et c’est reparti.
Le bras mineur du Morin coule assez bien, mais hélas est régulièrement encombré d’embâcles, le plus souvent à cause de rejets  de déchets de matériaux par des imbéciles ou de la démantibulation de constructions anarchiques censées servir de pontons…
Nicolas va devoir faire montre de ses talents de « barreur », car il faut sans cesse éviter des obstacles de fond ou des branchages aériens et ne pas se faire coincer contre les embâcles, ni lacérer les bras et le visage par des ronces pendantes mêlées au feuillage des arbres.

 

 

L’un d’eux nécessitera un passage en force et en assise inclinée contre la berge, avec une perte de pagaie, heureusement vite rattrapée.
Après deux kilomètres de cette navigation plus active, la Marne est retrouvée, avec maintenant 60 mètres de largeur, ce qui change radicalement les impressions !

 

 

 

 

Arrivé là, Nicolas pourrait achever sa promenade avec 3500 mètres à descendre tranquillement pour retrouver la voiture, mais ayant opté pour l’ « intégrale », il va au contraire remonter le courant avec pour objectif de découvrir la Grande Îlette de l’Isles-lès-Villenoy.

 

 

A peine 1300 mètres, et voilà le débouché de son petit bras, plutôt sympathique d’aspect, et traversé par une solide passerelle de type « Eiffel », à une centaine de mètres de la pointe aval.
Navigation sereine, avec  des plans de nénuphars, avant de retrouver la rivière majeure à la pointe amont.
Le retour permettra de voir l’unique maison connue sur l’île, sur pilotis de béton, avec un style « architecte », tout de bois revêtue…160 m² habitables selon les plans !
Bâtie sur 16 000 m² (1,6 ha) elle serait à vendre pour la modique somme de…1 300 000 euros…c’est presque donné !

 

Pour lors,  Nicolas a autre chose à faire que spéculer sur une île presque déserte : il doit pagayer, pagayer, pagayer… 5 km sur une large rivière devenue un peu venteuse, et, coup de chance, avec un vent méridional, donc plutôt favorable !
Une certaine monotonie s’installe, mais Nicolas pagaye à bon rythme et à bonne pale, ça ne lui prendra que 40 minutes !
Ayant repéré le château-manoir de Trilbardou (fin XIXème), Nicolas sait que la sortie de l’eau va être quasi-immédiate, et s’aperçoit que, malheureusement, le lieu est occupé par un pêcheur en action !
Ce dernier sera très compréhensif, et en quelques minutes, Nicolas aura dégagé les lieux.

 

 

 

Avec toute l’efficacité qu’on lui connaît, le bateau sera déséquipé en un tour de main, puis chargé et ligoté sur les barres de toit qui l’attendent !
Vingt minutes plus tard, Nicolas est de retour chez lui…ce fut une belle balade !

Que nos lectrices et lecteurs veuillent bien se donner le temps de lire l’article suivant (676), afin de lire les pensées post-sortie de Nicolas…qui ne manque pas d’humour ni de désinvolture !

 

Mais, en attendant, encore quelques clichés de cette aventure de Nicolas le Terrible (Après Ivan !!!)

 

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