Quadruplette hivernale ! Episode 3 282

Quadruplette hivernale ! Episode 3 282

1 mars 2020 Randonnée 0

Quadruplette hivernale ! Episode 3      282

Lundi 17 février au soir. Route pour le col de la Faucille, 1300m.

Lorsque nous arrivons, il fait nuit, la neige est là. Peu finalement, mais suffisamment pour nous mettre dans l’ambiance hivernale qui doit précéder ce départ de randonner à pieds et à raquettes à travers les hautes crêtes jurassiennes. Nous trouvons refuge dans un hôtel désaffecté :  une nuit à l’abri du vent. Le lendemain, nous n’aurons qu’à préparer nos sacs à dos : couchage, nourriture, tente, habits chauds et en quantité suffisante. Comme en été, le secret pour randonner confortablement c’est de pouvoir adapter nos habits aux éléments extérieurs et à notre température corporelle. Nous allons donc passer du temps à nous vêtir et à nous dévêtir…

 

Nous voilà partis, à nous les grandes crêtes, le vent, la glace, les corniches, le soleil et les tumultes du vent. La nature est belle et grande, les paysages à couper le souffle. Nous sommes sur les balcons du Lac Léman et par moments la vue sur la vallée suisse est saisissante. Le versant jurassien français est plus sauvage et pour le moment la neige manque en contrebas.

Peu de temps après midi, nous montons vers le Colomby du Gex à 1688m, en reprenant la route, nous croisons un kite-skieur qui profite du souffle du vent pour glisser en avancer sur la meilleure neige…le tout dans le brouillard dense…un véritable artiste le garçon ! 

A cette altitude, le vent et le soleil ont transformé la neige en glace et l’accroche est difficile…vu que Kiki ne peut mettre ses raquettes à crampillons pour cause de chaussures à talon trop large ! Erreur de préparation !!! 
Nous décidons de quitter les crêtes pour rejoindre la station de Lélex. C’est encore un peu plus loin que nous établirons notre camp, à quelques mètres de la piste de raquettes que nous utiliserons le lendemain.

Monter une tente en pleine neige nécessite un minimum d’organisation. Il faut choisir un espace assez grand et plat et tasser la neige. Ensuite, il ne reste plus qu’à monter la tente en utilisant les bâtons de marche en guise de piquets ultra-longs. Lorsque des chutes de neiges sont attendues, il est important de s’assurer que, malgré l’isolation désirée, suffisamment de circulation d’air est possible pour maintenir une bonne qualité d’air.

Il est encore tôt lorsque nous nous installons sous la tente, au chaud pour manger. Nous avons cependant vu le coucher du soleil, nous avons admiré les variations de teintes dans le ciel et l’éclairage changeant des nuages tout au long de la fin d’après-midi. Une fois changés, secs, les pieds réchauffés, il n’est pas garanti d’avoir encore envie de mettre son nez dehors…Les affaires ne pouvant tenir dans la petite tente sont stockées à l’extérieur de la tente dans un sac plastique. Nous dormons confortablement, isolés du sol froid par les tapis de sol et autres vêtements déposés sous nos duvets, nous entendons tout à tour la neige ou le grésil tomber pendant la nuit et au petit matin, une dizaine de centimètres de neige fraîche ont recouvert nos pas et notre demeure…


Le paysage est formidablement beau, sauvage et vierge. Une fois la tente repliée, nous abordons la longue descente à travers les sapins qui va nous mener à Lélex. L’évolution sur ce manteau blanc est très agréable, et les gros flocons qui nous entourent ajoutent à la douceur ambiante.

Après une heure de descente, nous rejoignons le village et faisons le plein d’eau dans un magasin de sport. L’occasion de discuter crampons et accroche sur neige et glace avec le gérant, très volubile ! Nous reprenons la route qui s’ouvre sur le fond de vallon et qui longe la Valserine avant d’aborder une montée sur la côte de Rouffy qui s’étirera en piste de ski de fond jusqu’à la Borne au Lion après 400m de dénivelé.
Au fil de l’Histoire, le lieu fut la frontière entre les royaumes de France, d’Espagne et d’Italie, puis entre la Franche-Comté et le Bugey par le traité d’Auxonne en 1612. Plusieurs siècles plus tard, la montagne boisée et isolée fut le maquis idéal pour les résistants à l’Occupant et de rudes combats y eurent lieu.
Aujourd’hui, beaucoup plus pacifiquement, la Borne marque la frontière administrative entre les départements du Jura et de l’Ain.

 

A partir de cet endroit, nous évoluons sur de belles combes enneigées, nous croisons quelques refuges, quelques rares skieurs ou raquettistes et nous poursuivons notre chemin vers le village de Bellecombe que nous ne rejoindrons pas avant le lendemain. Porter son couchage a un poids, bien sûr, mais ce mode de déplacement nous offre toute liberté d’adaptation et ça c’est un poids en moins ! Nous passons une seconde nuitée à l’abri de notre toile, pas de neige ce soir là mais un peu de grésil et une dameuse qui prépare la piste pour le lendemain.

Réveil en douceur, démontage de camp et ce matin encore nos chaussures sont gelées à cause du froid de la nuit plus intense que la veille. Notre chaleur leur permettra de se détendre et après une demi-heure de marche, nos pieds auront regagné une température tout à fait acceptable. La lumière du matin est belle et apaisante. Ces matinées vierges sont pour moi parmi les plaisirs les plus beaux de ces jours de solitude. La lumière claire et crue du soleil, l’immensité offerte, l’amorce solide d’une nouvelle journée dont on ne sait où elle va nous mener.

En ce troisième matin de randonnée, tout est calme. Nous suivons une piste vierge et atteignons un hameau éclaté sur un plateau, Bellecombe. Nous avançons ensuite assez mollement entre les fondeurs, la nature est domptée. Après avoir repéré la crête que nous devrons suivre pour atteindre le village de Mijoux et boucler notre périple, nous décidons de filer à travers la forêt, de poursuivre à la boussole.

C’est un exercice qui ne m’est pas du tout familier…
Kiki m’explique, me montre, m’oriente. Notre cap est fixé à 30° au nord-est. Le soleil dans le dos, nos ombres nous guident pour à maintenir ce cap. La progression à la boussole nous oblige à monter et descendre bon nombre de buttes. Sous le soleil, la neige fond et il pleut presque sous les conifères. Malgré l’exigence physique de cet itinéraire, je suis contente de retrouver le calme et le naturel de la forêt.
Après plus d’une heure dans les sous-bois, nous rejoignons un chemin forestier à flanc de montagne. Il prend la direction du fond de vallon que nous voulons atteindre, nous avançons en ayant une vue dégagée et ensoleillée sur les crêtes que nous avions parcourues deux jours plus tôt.

En milieu d’après-midi, un panneau nous indique les villages de Lajoux et de Mijoux, nous nous sommes bien rapprochés de notre destination et nous amorçons la descente vers le village de Mijoux, dernière étape avant de remonter au col de la Faucille.
Renseignements pris sur place, c’est par une piste de ski alpin que nous devrons remonter, piste qui emprunte le tracé du GR. Il est 17h00, nous avons 400m à déniveler ; nous ne devrions pas rencontrer trop de skieurs sur cette piste que l’on nous annonce fermée. Après une petite partie raide en sous-bois, nous suivons effectivement les lacets de la piste, mais celle-ci n’est pas du tout fermée et nous croisons quelques skieurs qui profitent de leur dernière descente. Il est 18h00 lorsque nous rallions le col de la Faucille et que nous retrouvons la voiture…On est dans les temps prévus !

Une fois la voiture dégagée de la neige que de facétieux ouvriers avaient gentiment accumulée contre elle (…) et nos corps au sec, nous mettons un rien d’ordre dans la voiture afin de reprendre la route. Il nous reste une journée dans notre périple hivernal. Selon le programme, une spéléo exigeante et verticale nous attend, le gouffre des Bruyères, qui descend jusqu’à -180m. Seulement, j’ai le dos douloureux depuis près de 2 jours et Christian est aussi en petite forme. Nous optons pour la sécurité et changeons de plan.

Nous parcourrons donc la via ferrata des sources de la Moselle à Bussang pour profiter de cette dernière journée sous un beau soleil. Un petit détour s’impose pour récupérer le matériel nécessaire chez moi… c’est aussi l’occasion d’un grand déballage et du traditionnel rangement de fin de séjour…. A 15h nous sommes aux pieds de la via et nous profitons de ce joli coin de nature. Le parcours est aisé et assez court, mais nous y prenons plaisir, sous un soleil radieux.

 

 

 

 

Notre plan « B » se poursuit par la redescente au village, une transformation de via ferratistes en randonneurs, un petit coup de voiture pour économiser quelques décamètres de dénivelée…et 200 petits mètres à remonter…en effet, Kiki a repéré, de longue date, un joli chalet-abri qui nous accueillera le soir après un petit ménage et une bonne récolte de bois…pour le poêle (grand luxe !!!) .
Ce dernier dîner à la lumière des bougies se fera au chaud et à l’abri, de même que la nuit qui achèvera notre séjour.

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