La descente sur corde double ou simple 567

La descente sur corde double ou simple 567

17 juillet 2022 Canyon Randonnée Spéléologie Via ferrata 0

La descente sur corde double ou simple      567

Compte tenu de la diversité de ses activités sur corde, le club SJV s’intéresse à la plupart des méthodes et appareils destinés à la descente sur corde, en appui ou en pure verticale, en confort comme en réchappe.
Aussi bien pour nos adhérentes et adhérents que pour nos lectrices et lecteurs « extérieurs », voici un riche panel de possibilités, loin d’être exhaustif vu tout ce qui existe sur les cinq continents terrestres, avec des méthodes très anciennes ou très modernes.
Les anciennes peuvent parfois rendre de grands services lorsque les modernes viennent à défaillir (appareil perdu, volé, dégradé…)

On se limitera ici aux usages sur cordes en  polyamide (les plus répandues), en polyester, voire en polyéthylène tressé ou polypropylène tressé ces deux dernières matières restant anecdotiques car très statiques, mais parfois utilisées car flottantes.
On oublie les cordes en chanvre, en sisal ou en coton…
Bien avant les spéléologues, les alpinistes sont descendus directement sur des cordes, ce qui allait bien plus vite qu’en désescalade et aussi plus sûr.
A cette époque, la section des cordes était bien plus grande, et souvent toronnées rarement tressées, ce qui permettait une bonne prise de mains et/ou de pied.

A] Descentes sans appareil

1) La descente sur corde simple perdue et « à bras carrés », ancestrale, jusqu’en 1870 environ.
C’est la plus intuitive et la plus tribale, le personnage descend plus ou moins en appui sur la paroi, en se retenant à la force des bras, des poignets et des mains, la corde restant en place (on imagine les quantités nécessaires, leur volume, leur poids, leur coût…). Il n’y avait aucune assurance en cas de lâcher de corde. Il fallait être costaud, en forme et sûr de soi, et avoir les longueurs de corde en suffisance !
Une variante raisonnable voit la personne descendre sur le dos, avec la corde sur une épaule, les deux mains sur poitrine et ventre…utilisable sur roche lisse, mouillée, genre « toboggan de canyon », car il y a un frottement considérable qui limite l’effort de retenue. Néanmoins il faut bien contrôler la descente qui doit rester lente.
Nécessite des cordes de fort diamètre, gants adhérents presque indispensables !

2) La descente sur corde simple perdue, à bras et demi-clé de pied (inventeurs divers, années 1890 probablement)
La corde est passée sous un pied (dit « inférieur ») et remonte sur le cou-de-pied de l’autre pied,( dit « supérieur ») ce qui la fait passer entre eux.
En serrant plus ou moins les deux pieds et ou en faisant plus ou moins chevaucher le supérieur sur l’inférieur, on obtient un freinage très sensible, ce qui soulage considérablement les bras et mains, stabilise le corps et évite les déchirements des gants et/ou brûlures des doigts.
Utilisable en plein vide principalement !
L’intérêt particulier est que l’on peut remonter si nécessaire (mais c’est athlétique si ça doit durer plusieurs mètres…
Il faut constamment contrôler les positions respectives des pieds, l’inférieur pointé un peu vers le bas et le supérieur bien relevé… Cette technique « ronge » les chaussures assez rapidement !!!….toujours pas de sécurité !

3) La descente sur corde simple perdue, en « technique suisse » au XIXème siècle
N’est utilisable que sur des pentes faibles à moyennes, avec l’avantage de voir où on va et où on met les pieds car on n’est pas face à la paroi.
Le freinage est obtenu par un double enroulement symétrique sur les deux bras en croix, et l’on descend debout, perpendiculaire à la paroi et le plan du corps dans l’axe de la corde.
Deux tours sur un ou deux bras sont parfois réalisés
Cette méthode peut causer de graves traumatismes au bras supérieur en cas de dévissage ou d’à-coups brutaux.
Là encore, ne peut se pratiquer qu’avec des vêtements résistants au frottements durables.
Les bras nus ne sont envisageables que sur pentes faibles, à vitesse très lente et peu de temps !!!

 

4) La descente en rappel, sur corde double donc, méthode dite « en S » ou « Dülfer »
Le rappel, inventé par Charlet-Straton en 1879,  fut d’abord descendu « à bras carrés » comme en 1) puis rapidement amélioré par Dülfer vers 1910 avec le principe de l’enroulement autour du corps pour son maintien et pour le frottement efficace et « réglable »…qui nécessitait des vêtements adaptés pour résister à l’abrasion intense, surtout en pentes très fortes et/ou en allant vite.
Le freinage est d’autant plus fort que l’on replie le bras « arrière » en avant sur le torse.
La corde à double et de bon diamètre permet une assise relativement confortable, si ce n’est pas trop pentu, mais il faut veiller à son entrejambes…
Il n’y a toujours pas de sécurité en cas de lâcher…
Signalons au passage que Dülfer inventa le mousqueton vers 1914…année par ailleurs tristement mémorable en Europe.

 

5) La descente en rappel, à cordes croisées ventrales, dite « A la valaisanne » années 1970/80
Cette méthode, extrêmement périlleuse, avait l’avantage de voir l’alpiniste face à la vallée, dans une position de marche, mais ne convenait qu’aux pentes « raisonnables », car les cordes exerçaient une pression considérable sur l’abdomen et latéralement sur les côtes . Elle permettait aussi de « skier » sur ses semelles, moyennant un sens de l’équilibre hors-normes !
Le freinage était régulé en appliquant plus ou moins les cordes sur le tronc de l’avant vers l’arrière et/ou en faisant un entrecroisement des deux brins à un ou deux tours. Toujours aucune sécurité !
Là aussi, ne pas porter de gants pouvait se traduire par d’affreuses blessures et le risque de tout lâcher.
On ne peut que déconseiller cette pratique, ou alors « juste pour voir », avec toutes précautions prises !

 

 

 

6) La descente en rappel à cordes croisées dorsales, dite « Sud-africaine »
Les cordes passent sous les aisselles, se croisent derrière le dos et reviennent sur les hanches et repartent entre les cuisses pour ressortir derrière réunies dans une seule main. Cette méthode permet un maintien du corps sans nécessiter l’une des mains, la somme ds frottements est telle que la freinage manuel s’en trouve réduit comparativement aux autres méthodes.
Mais, comme elles, elles supposent une pente « modérée », et peuvent éroder les vêtements.
L’avantage est évidemment de garder une main libre pouvant être utilisée à diverses occupations.
A noter qu’un freinage accru peut être momentanément obtenu en repassant la double corde sur l’épaule opposée à la cuisse freineuse, mais cela ne peut être que bref car crée un garrotage.

Deux autres variations sont connues, l’une (A) avec une main enserrant les brins en amont, ce qui stabilise, réduit la masse à gérer et crée un frottement palmaire (gare aux brûlures !), l’autre (B) avec un tour mort des cordes en aval, sur l’avant-bras…là encore avec risque élevé de brûlures si la friction est durable et à même la peau comme sur la photo. Les deux sont cumulables…
Mais une fois encore, ça reste une manipulation délicate, et plus raisonnable si vêtu en conséquence…habits épais et très solides !
Cette technique est tout de même régulièrement mise en œuvre dans certains pays du fait de manque de matériel plus sophistiqué et donc coûteux, ou lorsque l’on ne dispose (plus) que d’une corde !  Les survivalistes s’en amusent aussi un peu !

B] Descentes avec appareil ou élément(s) simple(s)

On dira une fois pour toutes, ici, que les descentes avec des systèmes non auto-bloquants doivent être assurées soit par quelqu’un(e) soit par un nœud autobloquant ou appareil complémentaire (Ou « agrès » si on emprunte le vocabulaire marin, aéronautique, ou encore des Chemins de fer !).
Ceci autant que possible évidemment…
Sinon, on n’a encore qu’une assurance réduite !
de même, on admettra que la personne est doté d’un cuissard, commercial ou artisanal voire de fortune auquel un agrès est rattaché d’une façon ou d’une autre…
1) Descente sur Nœud à friction de Münter (improprement dit « demi-cabestan » ou plus correctement »Nœud Italien »)  (Congrès italien de 1974)
Ce nœud est extrêmement facile et rapide à réaliser, souvent utilisé pour assurer un grimpeur faute de mieux. Il suffit d’un mousqueton…
Son principal inconvénient est de fortement vriller la corde, ajouté à celui de l’éroder surtout si la charge est importante.
Utilisable en appui comme plein vide.
On obtient un freinage supplémentaire important en ramenant la corde aval sur la corde amont, et on parvient même à l’arrêt en les serrant l’une contre l’autre.
Il est préférable de réaliser ce nœud avec le brin aval opposé au doigt du mousqueton, comme présenté à droite du texte, ou, à tout le moins, que ce dernier soit virolé.

Avec l’exemple de gauche, on devine bien qu’il y a possibilité que la corde s’échappe du mousqueton si on vient à l’enrouler un peu sur le doigt…Brrrrrr !  Froid dans le dos !!!
Technique possible avec deux brins de corde, si 9mm par exemple…mais le frottement est énorme et il faut un mousqueton assez large.

2) Descente sur  mousquetons croisés (années 80)
C’est un système qui fut très employé, mais nécessite 4, 5 voire 6 mousquetons
Ceux à virole peuvent gêner pour ce qui est des deux mousquetons verticaux, qu’il faut veiller à croiser.
A l’horizontale, on peut imaginer 1 à 3 mousquetons, avec un freinage d’autant plus important !
Son inconvénient principal est le risque de perte des mousquetons lorsque l’on installe la corde ou détache la corde du système, surtout les horizontaux !
Les verticaux peuvent en effet être déjà relié au mousqueton destiné à supporter la charge.
Ce système est très efficace d’autant que l’on peut accroître les frottements en repassant la corde dans le mousqueton de charge.
Abîme bien moins les cordes que le Münter et meilleure préhension puisque deux cordes en main.

 

 

 

3) Descente sur « bicéphale » ou « bicéphale double »
Système réclamant 2 à 3 mousquetons ou 4 à 5 !
Des années 70, tout à fait efficace, avec le risque de perdre les mousquetons lors des manipulations.
Dans l’illustration du « simple » on note la présence d’un système autobloquant sur ficelou, avec un nœud approprié au-dessus (non visible) Machard ou Bachman ou Prusik ou Valdôtain, par exemple ! Il en existe beaucoup, qui sont pour la plupart de petites variantes de ceux de base, avec des particularités adaptées aux circonstances et activités, aux cordes utilisées…Internet pullule de sites qui en donnent moult exemples !

 

 

 

4) Descente  sur « la Fourche »
C’est le premier vrai descendeur inventé par Pierre-Allain en 1943 et qui sera dominant durant une vingtaine d’années 1955/1975 bien que son utilisation ne soit pas sans risque en cas de mauvaise manipulation (ce qui est aussi le cas de bien d’autres appareils !) Plusieurs évolutions durant les années 60 à 70…Il sera détrôné par le descendeur en huit moderne dans les années 75/80.
L’appareil est un peu lourd, encombrant, et ses formes aigües pouvaient poser problème sans diverses situations.
Mais le principe était excellent, car il permit le passage des freinages basés sur les frottements contre le corps à ceux appliqués à un objet métallique indépendant avec une dispersion de la chaleur, une finesse de régulation et une facilité de blocage avec clé simple. Qui plus est, imperdable car relié en permanence au cuissard ou au baudrier.

 

 

 

5) Descente sur le FAMAU de FAvre et MAUron
Fortement inspiré de la Fourche, et précurseur du « Huit », nous le citons pour honorer ces inventeurs et parce que la forme n’est pas sans rappeler certains modèles actuels plus ou, moins tarabiscotés…
La conformation autorisait une utilisation à un ou deux brins de corde, et avec de multiples montages plus ou moins ralentisseurs selon les diamètres de corde, la longueur pendante (donc la masse), et une facilité de blocage et déblocage par clé.
Un peu lourd et encombrant lui aussi, même si on en est aux alliages d’aluminium et plus au fer forgé !

 

 

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