Visite de la carrière MSC N°1 644

Visite de la carrière MSC N°1 644

14 avril 2023 carrières diverses 0

 

Visite de la carrière MSC N°1       644

En suite logique d’une opération de prospection ayant porté sur 53 ex-exploitations souterraines, SJV s’est programmé une série d’explorations de chacune d’elles, du moins celles visitables.
Des explorations supplémentaires à celles-ci ou visites guidées par d’autres subterranologues peuvent opportunément venir s’ajouter !

Pour certaines, des autorisations de propriétaires seront requises.
Par exploration, on entend une visite soignée, sachant qu’aucune de ces carrières n’est inconnue, au contraire, c’est-à-dire visant l’observation de divers éléments, notamment :
– Les éléments pétrologiques
– Les éléments stratigraphiques
– Les éléments paléontologiques

– Les éléments cristallins dont concrétions
– Les éléments techniques industriels
– Les éléments techniques agricoles
– Les éléments tectoniques
– Les éléments biologiques (Faune, Flore, Fungi )
– Les éléments de dangerosité
– Les éléments esthétiques et/ou artistiques
– Les éléments historiques
– Les éléments des marques contemporaines
– les éléments patrimoniaux
– Les éléments hydrologiques
– Le potentiel sportif spéléologique
– Et autres, le cas échéant.

L’essentiel des données est capté en jouant sur la photographie et la mémoire humaine, parfois noté et mesuré, puis transcrit sous forme de résumé illustré. Aucune coordonnée  n’est rendue publique, toute incitation à visiter étant exclue, et SJV se dégage de toute responsabilité en cas d’investigation sans son accompagnement.

 

 

Ces travaux, sans aucune prétention, qui côtoient d’autres publications souvent bien meilleures, ne sont publiés que pour abonder, donner aux lectrices et lecteurs des commentaires et images d’endroits où ils n’iront peut-être jamais, d’une part, mais aussi pour contribuer à la mémoire de ces lieux et de ceux et celles qui y travaillèrent durement tout ou partie de leurs vies, au service de leurs employeurs, de leurs concitoyens, de leurs villages, villes, régions et pays.

 

 

Une grande partie du patrimoine immobilier, notamment religieux, de la France leur est en effet dû.

Les sites ne seront pas nommés (quand ils ont un  nom connu et avéré) mais seulement codifié selon un référentiel SJV connu de ses seuls adhérentes et adhérents.    (C…-SJV)

 

 

Leur exploration peut être totale (généralement celles à taille « humaine ») ou partielle (Généralement celles ayant un schéma géométrique rationalisé) , ou encore périmétrique seulement (celles qui sont immenses et sans schéma géométrique régulier, d’évolution « anarchique », souvent sur un ou plusieurs siècles !).

Voici donc la Carrière MSC N°1

Nous avons bénéficié de l‘accompagnement de Nicomor déjà un peu familier des lieux.
Après une petite heure de route, nous voici dans les bois à la recherche de bâtiments ruinés, mais dont les dimensions originelles étaient telles qu’il en reste encore de gros murs !

Il semble qu’il n’y ait plus aucun document relatif à cette exploitation, notamment pas de plan des cavages...donc on navigue à vue et à la boussole si nécessaire !
Il s’agit d’une plâtrière dont il reste une partie des fours dont les bouches d’enfournement du bois à brûler pour déshydrater le gypse en morceaux.
Nous cherchons un peu une hypothétique entrée à proximité, sans succès, ce qui nous amène à une plâtrière voisine, encore plus imposante, dotée d’une grande cheminée et de deux fours.


Tout près d’elle, une entrée ne peut être ratée, avec sa grille à demi-dégondée et butée de terre, qui donne sur une descenderie encore bien conservée, avec des rails Decauville, inclinée de 25 à 30° environ, une rampe en main courante, conduit bien voûté, d’une quarantaine de mètres, et qui débouche sur une plaque tournante.
Une ligne électrique y était tendue, dont persistent les isolateurs en céramique.
On débouche alors sur une avenue à peu près rectiligne orientée au NNO.
Une longue déambulation périmétrique
à main droite dans des galeries hautes de 5 à 6 m et de largeurs variables (entre 3 et 6 m), développées selon une géométrie plus ou moins aléatoire, amène à des observations intéressantes qui ne seront pas pour autant stupéfiantes.

 

 

Le cheminement est relativement aisé, carrière qui fut bien entretenue, et dont l’abandon a laissé un ensemble plutôt « rangé », avec quelques galeries d’exploitation maîtresses et d’autres plus étroites destinées au roulage dont plusieurs tronçons possèdent encore les rails en place.
Nous rencontrerons deux petites stalles pour petits chevaux ou mulets, encore munies des auges en fer émaillé, des bases circulaires à roulettes qui permettaient la rotation des wagonnets sur les plaques directionnelles aux croisements des voies ferrées.

 

 

Les galeries sont toutes réalisées à l’explosif, avec des parois très inégales, seules quelques saignées réalisées à la scie circulaire témoignent d’une période mécanisée, très peu étendue, qui marquent la fin d’exploitation, et on ne trouvera d’ailleurs aucun bloc ou morceau de bloc aux faces bien planes et striées, aux arêtes vives, typiques des exploitations à la haveuse.

 

Plusieurs endroits permettent de constater des pendages marqués, inclinés à 25 voire 30 °, qui révèlent des phases tectoniques mouvementées, et une inter-strates mince de marne brune « visqueuse » signe une limite de faiblesse et de fluage dans la série stratigraphique, responsable de nombreux décollements et de descentes de voûte, notamment et classiquement aux croisements, lesquels peuvent dégager des portées diagonales de plus de 10, voire 15 mètres.
Ces zones de dégradation du ciel de carrière laisse apparaître des niveaux de ripple-marks dont un de couleur ochracée, bien dessiné.
Des lits de cristallisation en pied d’alouette sont observables, peu épais, le plus souvent déformés.
Plusieurs centaines de mètres de galeries plus ou moins confluentes peuvent être parcourues aisément, laissant apparaître des diaclases plus ou moins ouvertes, mais aucune circulation d’eau active ne semble attestée.

 

 

On ne verra pas de poinçonnement, pas d’écaillage ni boursouflure, très peu de concrétionnement, mais des marques de karstification de petites dimensions.
Il ne persiste quasiment rien de l’industrie plâtrière dans ces galeries, hormis un petit coin éclateur et quelques étançons ou « brindilles » de ciel.
Cà et là, de petites galeries aux dimensions humaines relient des secteurs plus vastes, relevant le caractère encore très artisanal de l’exploitation en chambres et piliers du XIXème siècle, et début du XXème.
On observera une seconde descenderie, plus modeste que la première, mais malheureusement obstruée par une coulée marneuse
De même pour deux puits d’aérage. Le gypse étant remonté par la descenderie, il n’y avait pas de puits d’extraction, de grandes dimensions.
Trois petits tunnels maçonnés ont été réalisés pour conforter les zones très fracturées.
Il y en a peut-être d’autres, on n’a pas tout parcouru…c’est un peu labyrinthique !!!

 

Les occupations anthropiques « modernes » semblent très rares, on ne trouve en effet quasiment aucun graff et un seul endroit organisé en lieu de pique-nique arrosé sera dépisté.
Une seule Chauve-souris sera aperçue, près de la descenderie. Très peu ou pas d’insectes, arachnides, mollusques ou autres formes de vie animale visibles à l’œil nu.
Nous ressortons, estimant alors à une vingtaine de mètres l’épaisseur de la couverture marno-gypseuse puis marno-calcaire.
L’œil de descenderie n’étant plus défendu que par une antique grille de fer garnie de petites pointes, très affaissée, est aisément franchi, pour donner accès à une très grande bâtisse abritant deux gros fours à plâtre, à quelques mètres seulement.

 

Le bâtiment est très dégradé, à deux ou trois étages, séparés par des planchers sur voûtes de briques et poutrelles métalliques dont plusieurs ont cédé à la rouille et au poids, et y circuler présente de sérieux risques…
A l’étage inférieur on peut encore apprécier l’installation de seize trémies métalliques d’ensachage du plâtre moulu, plutôt bien conservées.
Il ne reste rien de et dans la salle de moulinage dont le sol sur petites voûtes briquetées est en grande partie effondré, les lierres y ayant élu domicile.

Il n’apparaît pas clairement comment était chargés les fours, ni comment on en retirait le gypse déshydraté après chauffage (???)
Ces plâtrières sont des vestiges industriels de près de 1,5 siècle d’exploitation locale du gypse, qui, sur cette commune, comptait 6 puits d’extraction, employait une cinquantaine d’ouvriers. Tout cela s’est terminé vers 1930, ces bâtiments ruinés ont donc plus d’un siècle quand même !
Selon divers intervenants, techniciens, scientifiques, historiens, le fonds d’archives est quasiment inexistant, et d’éventuels témoins crédibles de l’activité de cette carrière auraient aujourd’hui au moins 100 ans…

 

La poudre noire, elle, connue depuis 14 siècles environ, fut utilisée dès le XIVème siècle en France…et au XIXème siècle on en maîtrisait très bien l’usage dans les carrières…en plus de tous ses usages dans les Génies militaires et civils.
Elle fut un élément essentiel de la prospérité locale, aux côtés d’une activité vinicole, encore présente ! (Appellation « Champagne » !!!)

  1. on sort le gypse en petits blocs   2) on remplit le four   3) on crée le feu dans les bouches inférieures  4) on broie finement le gypse déshydraté en le moulinant  5) on l’ensache sous des trémies  6) on le charge dans des charrettes et on l’exporte.

 

 

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