3 km de carrière pour étrennes !  370

3 km de carrière pour étrennes !  370

30 décembre 2020 carrières diverses 0

3 km de carrière pour étrennes !  370

En dépit d’un climat social particulier et de diverses restrictions, dont nous répétons ici qu’elles n’ont aucun sens et aucune justification du fait de la nature et des lieux de nos activités, la fin de l’année va nous voir offrir de très jolies étrennes pour 2021…
Plus exactement, va nous voir offrir d’étrenner de nouvelles galeries de carrière abandonnée !

Comme toujours dans ces situations, aucune indication ne peut être donnée quant à la localisation du site visité.

Ce joli cadeau, servi sur un plateau par un aimable passionné de milieux souterrains, (que nous remercions chaleureusement ici), commence par une chatière oblique descendante réalisée avec force grattage, piochage, dans un amas de marnes et de caillasses par notre bienfaiteur et deux de ses amis.
Lui fait suite un très long tunnel, tantôt voûté et maçonné, tantôt creusé et auto-porté en pleine roche, tantôt creusé puis soutenu par de nombreux piliers à bras.
Quelques inscriptions faites à la flamme de bougie ou de lampe à acétylène laissent à penser que les lieux ont été abandonnés aux seules ténèbres absolues depuis au moins 25 ans…mais plus probablement depuis 50 ans, toutes les dates de « visites » anciennes étant incluses entre 1932 et 1970. 
Par ailleurs, une bouteille de bière « Mort Subite » ayant été trouvée, dont la production n’a été reprise qu’après 1960 par la brasserie  De Keersmaeker pourrait indiquer une date « plancher ».
Selon nos renseignements, l’exploitation aurait démarré au début du XIXème siècle et aurait cessé dans les années cinquante…plus que centenaire donc !

Cette galerie majeure comporte de très fortes empreintes de chemin de fer, apparemment pas de type « Decauville » car il subsiste les vestiges de traverses en bois et de tirefonds ou de boulons, attestant d’une ligne fixe en rails lourds et non pas d’une ligne amovible en rails et traverses légers, en tronçons portables par deux hommes.
On recoupe bon nombre de galeries secondaires, mais aussi deux aiguillages successifs, la galerie majeure donnant naissance à des galeries ferroviarisées, elles-mêmes encore assez bien conservées…mais sans leurs voies.

L’une de ces bifurcations est confortée par la bagatelle de 110 piliers à bras, la plupart encore bien d’aplomb, ce qui a sans aucun doute permis qu’elle soit encore arpentable aisément.
Certaines de ces « cales », autre nom des piliers à bras, sont très soigneusement construites, et sont donc restées remarquablement ajustées, leurs blocs de gypse intacts…du beau travail !
On y trouve aussi des hagues et bourrages, peu nombreux.
Nombre de galeries s’achèvent sur de vastes coupoles de décollement dont certaines ont emporté la plus grande partie des strates d’entre-deux masses, remontant ainsi de plusieurs mètres et approchant de très près la base de la haute-masse du gypse. 
De fait, ces cloches de détente, que les marnes d’entre-deux masses provoquent très fréquemment créent des « ciels tombés », emportant la « planche de toit », c’est à dire l’épaisseur de gypse saccharoïde formant le ciel de carrière, que les gypsiers ménagent plus ou moins, parfois pas suffisamment surtout si la strate est fracturée.
Dans les cas présents, on remonte donc quasiment à la « planche de mur » de la haute-masse de gypse….10 à 12 mètres selon les carottages les plus proches connus.

A cette heure, on n’a pas réussi à savoir si cette première masse a été exploitée ou non, élément important à connaître, car dans l’affirmative, les galeries de seconde masse présentes seraient des sous-minages…encore plus dangereuses car sous la pression des piliers de l’exploitation supérieure !
On pourrait aussi espérer qu’un effondrement complet de la planche de ciel à la planche de mur supérieure donnerait accès ar en-dessous aux galeries de première masse si tant est qu’elles existent. Mais on ne trouvera rien de tel.
Nous ne découvrirons pas non plus une possible « sortie » de cavage, pas plus qu’un puits d’aérage dont la base serait encore en place…on ne peut pas tout avoir le même jour !

Dans chacun de ces immenses vides, on est accompagnés des couches de gypse pied d’alouette et fibroïde qui miroitent en tous sens, et on rencontre régulièrement des conglomérats de macles en fer-de-lance dans leur strate marneuse génératrice de prédilection comprise dans le banc séparatif des masses.
Les éboulements restent des structures instables, s’y déplacer réclame grande attention, d’autant que les blocs marneux sont eux-mêmes glissants s’ils sont humidifiés.
Quelques éléments métalliques épars émaillent les fonds clairs du gypse, un seau, une pelle, boîtes de conserve, canette de bière, divers couvercles de boîtes, un coin, petit pot de peinture jaune canari qui a servi à dessiner des marques de voies, en triangle, en carré, ou en croix grecque …

Il persiste quelques éléments de soutènement en fer, fortement oxydé, essentiellement des rails, et la plupart sont décorés de petites stalactites rouillées, parfois de concrétions ferriques bivalviformes.


Les éléments de bois ne manquent pas, mais sont tous très fortement décomposés.
Traverses, étais, cales sont sous forme d’un terreau noirâtre grumeleux.
Nous ne remarquerons aucune trace de forme animale ayant vécu là, ni empreinte, ni squelette ou coquille ou plume ou cadavre , pas plus que marques de griffe, de patte, de reliefs de nourriture, d’excréments…

Il nous aura fallu plus de deux heures pour parcourir l’ensemble, et il nous en faudra beaucoup plus pour en lever la topographie et en caractériser les éléments particuliers…mais nous avons été très heureux de découvrir cette carrière oubliée, et de pouvoir la faire revivre de notre présence active.
De bien belles étrennes, vraiment !

 

 

 

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