Exploration de la carrière C008 621

Exploration de la carrière C008 621

30 janvier 2023 carrières diverses 0

Exploration de la carrière C008-SJV     621

En suite logique d’une opération de prospection ayant porté sur 53 ex-exploitations souterraines, SJV s’est programmé une série d’explorations de chacune d’elles, du moins celles visitables.
Pour certaines, des autorisations de propriétaires seront requises.
Par exploration, on entend une visite soignée, sachant qu’aucune de ces carrières n’est inconnue, au contraire, c’est-à-dire visant l’observation de divers éléments, notamment :
– Les éléments pétrologiques
– Les éléments stratigraphiques
– Les éléments paléontologiques
– Les éléments cristallins dont concrétions
– Les éléments techniques industriels
– Les éléments techniques agricoles
– Les éléments tectoniques
– Les éléments biologiques (Faune, Flore, Fungi )
– Les éléments de dangerosité
– Les éléments esthétiques et/ou artistiques
– Les éléments historiques
– Les éléments des marques contemporaines
– les éléments patrimoniaux
– Les éléments hydrologiques
– Le potentiel sportif spéléologique
– Et autres, le cas échéant.

L’essentiel des données est capté en jouant sur la photographie et la mémoire humaine, parfois noté et mesuré, puis transcrit sous forme de résumé illustré. Aucune coordonnée  n’est rendue publique, toute incitation à visiter étant exclue, et SJV se dégage de toute responsabilité en cas d’investigation sans son accompagnement.

 

Ces travaux, sans aucune prétention, qui côtoient d’autres publications souvent bien meilleures, ne sont publiés que pour abonder, donner aux lectrices et lecteurs des commentaires et images d’endroits où ils n’iront peut-être jamais, d’une part, mais aussi pour contribuer à la mémoire de ces lieux et de ceux et celles qui y travaillèrent durement tout ou partie de leurs vies, au service de leurs employeurs, de leurs concitoyens, de leurs villages, villes, régions et pays.
Une grande partie du patrimoine immobilier, notamment religieux, de la France leur est en effet dû.

Les sites ne seront pas nommés (quand ils ont un  nom connu et avéré) mais seulement codifié selon un référentiel SJV connu de ses seuls adhérentes et adhérents.    (C…-SJV)
Leur exploration peut être totale (généralement celles à taille « humaine ») ou partielle (Généralement celles ayant un schéma géométrique rationalisé) , ou encore périmétrique seulement (celles qui sont immenses et sans schéma géométrique régulier, d’évolution « anarchique », souvent sur un ou plusieurs siècles !)

Voyons ici la C008-SJV

Malgré ses importantes dimensions et sa visibilité majeure dans l’environnement, malgré un bon chemin très visible et fréquenté qui y mène, cette carrière n’est signalée ni sur une carte IGN « Géoportail » ni sur une carte géologique !
On parcourt donc 500 m sur un chemin carrossable stabilisé à compter d’une départementale où l’on peut se garer…ou bien un peu plus loin sur un parking de supermarché…puis 200 m sur un sentier en pente douce témoignant d’une voie d’accès aux cavages, en partie taillée dans un premier escarpement calcaire.
On débouche alors dans un vaste espace donnant sur une dizaine de cavages à niveau surmontés de presque autant à un niveau supérieur !
Une partie de la grande carrière initiale ayant été reprise à ciel ouvert, on comprend la multiplication de ces « entrées », qui sont autant de galeries secondaires ayant été retaillées. L’une d’elles a même été recoupée en deux points, laissant entre eux une sorte de tunnel dans lequel persistent des boisages de soutènement encore bien conservés.

 

Compte tenu de l’étendue de cette exploitation, il n’a été possible, lors de cette investigation, que d’effectuer un parcours périmétrique et visiter quelques courtes galeries çà et là.

 

Une revégétalisation s’est développée depuis une cinquantaine d’années environ.
Cette carrière, comme la plupart de ses voisines départementales, a exploité un bon et beau calcaire du lutétien ( -40 / -45  Millions d’années) qui l’était déjà à l’époque gallo-romaine car on a mis au jour des bâtiments et ornements de cette époque dans les proches environs, faits de pierres taillées et sculptées de  cette même roche.

En ce temps-là, l’extraction se faisait à ciel ouvert sur les flancs de colline.
Cette activité s’est surtout intensifié et est passée en cavages dès le XVIème siècle et a cessé avant la seconde guerre mondiale, durant laquelle il y eut une utilisation en tant qu’abri de la population lors d’attaques aériennes. La reprise n’a que peu duré, et ce sont les champignonnistes qui ont pris le relais avec un essor jusqu’en 1988 puis un déclin progressif pour cesser totalement en 1999.
On retrouve de nombreux éléments attestant de cela.

Concernant les carriers …
On peut effectivement observer un travail manuel à coups de pics, lances et escoudes, dont des hectomètres carrés de parois sont porteurs des marques. Des fronts de taille inachevée. Des hagues et bourrages, des pilier tournés et d’autres à bras. Quelques soutènement boisés.
Fer à cheval de petite taille.
Puis, de plus en plus de marques d’un travail mécanisé, à la haveuse notamment. Des contreforts métalliques, des boulonnages à plaques, des trous de minage.

 

On ne remarquera pas de macro-fossiles…bien que ce calcaire soit réputé pour en recéler une grande diversité.(?)
La structure tabulaire est remarquable, soulignée par des décollements en joints de stratification, soigneusement traités par des boulonnages ou des purges préventives, et bien sûr par les piliers à bras dans les galeries les plus basses et anciennes !
On n’observera pas de concrétionnements ou cristallisations visibles à l’œil nu…et par ailleurs aucune circulation d’eau actuelle, hormis de discrets suintements alors qu’il a plu dans les jours précédents. Aucune zone notoirement humide, aucune zone boueuse.

 

La hauteur des galeries va s’étendre d’à peine 2 mètres à 8 mètres environ, leur largeur oscille entre 2 et 5 mètres, section rectangulaire.
Le tracé est d’abord un peu anarchique, en partie dicté par les diaclases majeures dont certaines élargies par de très anciennes circulations d’eau puis remplies d’une glaise limoneuse. Elles n’atteignent pas des dimensions anthropiques sauf une sur quelques mètres de progression.
Par la suite, le tracé tend à devenir rationnel avec galeries rectilignes grossièrement orthogonales
Quelques aménagements, tels que salles murées, escaliers, et plusieurs beaux puits d’aérage cylindriques d’un mètre de diamètre, dénivelant environ 20 mètres et débouchant sur un plateau culminant à 85 m.

 

Concernant les champignonnistes…
Présence notoire d’une chaudière et de nombreuses canalisations d’eau plafonnières
Subdivisions de galeries en chambres par élévation de murettes en briques creuses ou en parpaings, ou par la pose de bâches en polyane
Aérateur électrique et divers éléments de lignes dont isolateurs, interrupteurs, lampes à douille et néons, tableau électrique…
Sacs plastiques à fumier-craon qui ont remplacé la culture en meules.

 

 

 

Concernant des occupations plus ou moins éphémères contemporaines…
L’excentration et l’accès pédestre ont quelque peu protégé le site.
On trouve assez peu de détritus. Deux ou trois carcasses de véhicules broyés et brûlés, et deux zones noirâtres témoignant d’incendies importants…sans pouvoir préciser l’ancienneté.
Quelques « tags » et « graffs » peu nombreux, petits, peu évolués pour la plupart et essentiellement en intérieur.

Très peu d’inscriptions déplacées, politiques, racistes, homophobes ou autres incivilités.
Rares espaces de regroupements plus ou moins festifs, marqués par quelques détritus, emballages alimentaires et récipients de boissons, parfois par des bougies chauffe-plats
Distance parcourue en visite quasi-périmétrique de 4 km…le développement total est donc certainement de plus de 10 km !

 

 

 

Concernant les occupations biologiques…
Les entrées de cavages sont classiquement ornées de lierres et de fougères scolopendres, et colonisées de mousses et d’algues aériennes dans la zone souterraine éclairée. On rencontre de nombreuses araignées Meta menardii, des papillons Scoliopteryx libatrix, Triphosa dubitata et le très coloré Aglais io.  Pas de « moustiques » repérés, sauf en bas d’un puits, ce qui est étonnant !

    

 

 

 

 

 

 Meta et Scoliopteryx                                                                        

 

 

 

 

 

Triphosa et Aglais

De rares chauves-souris ont pu être observées, mais très haut, petits murins probablement.

Cette carrière, tant en abords extérieurs qu’en intérieur peut donner lieu à de bonnes activités para-spéléologiques. Site agréable et retiré.

Quelques images…

 

 

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