Traverser la Baie de Somme sans guide 650

Traverser la Baie de Somme sans guide 650

21 mai 2023 Randonnée 0

 

Traverser la Baie de Somme sans guide     650

L’intitulé de l’article pourrait laisser penser à un torpillage de l’activité des guides professionnels ou bénévoles qui œuvrent dans la Baie de Somme, mais il n’en est rien.
Les guides sont à engager et respecter dès lors que l’on recherche une abondance de commentaires et explications dans des domaines aussi variés que peuvent être l’écologie, la botanique, la zoologie, l’Histoire et les histoires, la chasse, l’élevage, la pêche, l’économie locale, la navigation, etc.

 

En revanche, s’il s’agit d’un simple guidage topographique ou sécuritaire, ils deviennent absolument dispensables, pour le commun des mortels.
Il n’y a en effet aucune difficulté à effectuer cette traversée, et même diverses traversées, dans un sens comme dans l’autre. Elle n’a rien de mythique ni d’un exploit !

 

Et vraiment très peu de risque (mais jamais nul, car le risque zéro n’existe pas, sauf dans la tête des normalisateurs fous)

SJV étant un club d’activités de pleine nature, dans lesquelles l’aventure tient autant de place que l’évasion, ne peut qu’encourager des actions en autonomie.
Bien évidemment, quelques données et principes de base sont à observer…

 

 

  • L’horaire des marées, la marée basse étant à repérer, est primordial, même si les traversées faites en « petite baie » n’ont rien que l’on puisse redouter, la plupart de la surface étant du shorre, donc quasiment jamais immergé dans ses parties hautes (mais qui peut amener à se retrouver cerné(e) par les eaux à pleine mer, si vraiment on a tout fait pour que ça arrive !!!)

 

  • les coefficients de marée, car à partir de 85/90, les déambulations se compliquent et s’allongent à marée haute, si on ne veut pas se mouiller plus haut que les cuisses !!! De plus une certaine pression psychologique peut s’emparer des personnes.
  • les deux points classiques d’accès à l’estran : petit escalier en béton dans la digue du bassin de chasse d’eau du Crotoy (au nord de la Baie), pointe de môle avec phare à Saint Valéry (plage de La Ferté).

 

 

  • En moyenne on disposera de 2 à 3 heures avant et après l’étale de marée basse…sachant que la distance séparant l’escalier de la digue courbe de bassin de chasse du Crotoy du petit phare rouge de la digue nord de la Somme de Saint-Valéry est de 3,2 km à vol d’oiseau.

 

  • la vitesse du courant de jusant, dans la petite baie, est de l’ordre de 7 km/h dans les chenaux sablo-limoneux…soit celle d’un marcheur pressé ou d’un trotteur fatigué !
  • l’éventuelle nébulosité peut se révéler piégeuse si on n’a pas de boussole

 

 

  • en cas d’orage à éclairs de foudre, l’exposition est très grande, les abris sont rares, une solution restant de se tapir dans les chenaux creux restant sans eau…hors marée haute !
  • marcher pieds nus est une option envisageable, bien que nul ne puisse garantir de ne pas marcher sur des objets piquants, coupants, perforants plus ou moins enfouis dans le sable, la vase…ou encore de se tartiner les orteils avec de la crotte de mouton !

 

  • Sauf bévue ou intrépidité, la traversée est réalisable sans jamais se mouiller au-delà des genoux (pour les personnes de petite taille)
    On peut en ressortir chaussettes et chaussures sèches en les portant à la main ou pendus autour du cou durant quelques courts passages de flaques ou cours d’eau mineurs
  • En se portant vers l’Est, on est assuré(e) de ressortir sans aucun problème en cheminant sur les mollières.
  • plus on traverse à l’ouest, plus on se mouille !
  • les prétendus sables mouvants existent certainement çà et là, mais il suffit d’apprendre à en sortir seul(e) ou avec une aide pour n’en rien redouter. Ce qui se rencontre plus fréquemment n’est que des franchissements plus ou moins gluants de petits chenaux et rieux du  shorre à butte, dans lesquels l’enlisement ne dépasse guère la cheville (mais ça suffit pour y laisser ses chaussures ou bottes basses !!!)
  • malgré tout, mieux vaut éviter de traverser seul(e), car une éventuelle mauvaise chute justement dans un  chenal étroit rendrait la « victime » invisible des côtes, en plus d’être devenue impotente, et si ces chenaux se remplissent à marée haute…ça peut finir très mal.

Plusieurs options s’offrent donc aux promeneuses et promeneurs…

1)Traversée simple ou double traversée A/R. Dans le premier cas, il faut prévoir une navette routière ou un retour par le GR 120 (9 km), ce qui, avec divers détours entre shorre et slikke, amène à une promenade de 14 km environ.
On peut aussi utiliser le petit train à vapeur ( environ 15 euros, quand même…) du Crotoy à Saint-Valéry, soit 13 km à 25 km/h, avec 1 km de plus à pied pour gagner la gare du Crotoy. Dans ce cas, y aller en train et revenir à pied.
2)Traversée sinueuse et bouclante, au gré des chenaux de schorre, représentant une déambulation improvisée, de longueur par essence variable !
3)Traversée nocturne avec ou sans éclairage

 

 

Il est évidemment possible de suivre à distance les groupes guidés, mais ce n’est pas élégant !
Plus astucieux reste de suivre leurs traces quand ils ne sont plus là !
Mais ce n’est vraiment pas nécessaire, car, on le répète, dès lors que l’on reste dans la limite de la mollière, il est aisé et bien plus amusant de se débrouiller par soi-même, ce qui n’empêche pas des incursions dans l’estran sableux plus à l’ouest.

Hormis d’éventuels animaux domestiques (moutons, chevaux…) ce sont surtout des oiseaux que l’on peut rencontrer, mais il faut rester très discret(e) ! Ce n’est pas facilité par les groupes de marcheurs successifs…les nécessités économiques locales sont là…il faut que ça tourne durant les 5 ou 6 heures d’accès recommandé !
Faune dérangée à de multiples reprises…

 

 

La flore est essentiellement composée de plantes halophiles, supportant les immersions répétées du bas-shorre, spartines, salicornes, asters.
Le moyen-schorre est le royaume de l’obione, des salicornes encore possibles, des asters maritimes
Plus à l’est, apparaissent  de petites pelouses de graminées, des statices,

 

armoises, salicornes, arroches, arméries et puccinelles, ces dernières très appréciées des agneaux de pré-salé, représentant le haut-shorre, quasiment jamais immergé sauf aux très grandes marées d’équinoxe !

Ces végétaux pionniers commencent par la slikke, retiennent de plus en plus de sédiments, et, peu à peu, créent le bas-schorre qui évoluera.
La slikke se résorbe donc peu à peu au bénéfice du schorre
Des circulations d’eau salée persistent, dans de petits canaux très creusés, qui serpentent, ce sont les rieux.  

On rencontre régulièrement des dispositifs dédiés à la chasse des oiseaux.
Des abris camouflés (huttes), des cages d’appelants, des plateaux à piquer, des leurres…diverses techniques de chasse étant mises en application depuis plus d’un siècle, censées appartenir à la tradition et au terroir, et qui valent la mort de quelques centaines  de canards ou bécassines chaque année !

Les Corbeaux freux, les Pigeons ramiers et la Corneille noire sont d’ailleurs déclarés « nuisibles » dans toute la Somme, destructibles tous les jours de  semaine !!!

De nombreuses sentes ou de véritables larges chemins portent des traces de sabots d’ovins, mais aussi de bottes et de pieds nus !
Ils constituent un lacis méandrique qui, soit épouse le réseau de chenaux de marée, soit, au contraire, les cisaille.
Ce sont ces cisaillements qui créent les difficultés possibles et peuvent rendre les traversées nocturnes assez rocambolesques et/ou casse-binette !
Selon la saison, il est évident que les passages mouillants sont plus ou moins agréables, et que des protections en néoprène peuvent être appréciables.
Bien sûr, on ne peut occulter l’attraction locale que sont les phoques gris et les veaux marins, lesquels s’observent surtout sur l’estran sableux occidental, et favorablement aux abords du chenal de la Somme ou davantage vers Le Crotoy.
Il est interdit de s’en approcher, de sorte à ne pas les déranger…une distance de 200 m (voire 300) est ainsi préconisée.

 

Il apparaît donc pertinent d’emporter des jumelles ou un appareil photographique avec longue focale et zoom.

Une forme de traversée peut aussi être imaginée en kayak, (3 km en ligne droite) mais cette fois plutôt à marée haute ou proche, sinon ce ne serait plus une traversée mais une grande boucle nautique à l’ouest…5 à 7 km selon l’état du passage.

Et pour conclure, les friand(e)s de connaissances n’hésiteront pas à fouiner dans Internet pour y trouver des tas de renseignements.

Bonne promenade sans guide aux intéressé(e)s !

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