Le Ru du Creux de Varreddes 716
Le Ru du Creux de Varreddes 716
27347 ruisseaux et rus…c’est leur nombre en France, selon la base de données « Carthage » de l’IGN !
Parmi eux se trouve rangé le Ru du Creux de Varreddes…que bien peu connaissent ! Et c’est dommage…
Son cours aérien visible est de 450 m, suivant un cours souterrain drainé dans le plateau de Montgagnant, cours dont la longueur n’est pas connue, mais certainement très faible.
Il permet l’écoulement des eaux de pluie ou neige qui viennent buter sur une couche de marne formant alors une nappe temporaire…ce qui en fait un ruisseau lui-même intermittent, qui va se jeter dans la Marne. (C’en est donc un affluent !)
Son cours inférieur, arbitrairement défini à partir de la D 121, sous laquelle il passe dans une buse, d’une longueur de 120 m, se développe en surface avec un étalement variable en petits bras plus ou moins visibles dans la végétation, pour une dénivellation approximative de 5 à 6 mètres, soit une pente moyenne de 5%. Il s’écoule sur une couche marneuse.
Son cours supérieur défini ici entre la D 405 (altitude 100 m) la D 121 (altitude 52 m) s’étire sur 330 mètres et dénivelle 46 m (il passe 2 m sous la route) soit une pente moyenne de 14 % environ.
Son parcours s’étant trouvé en travers de celui du Canal de l’Ourcq creusé entre 1800 et 1820, il a bénéficié d’un beau tunnel pour passer en dessous.
Ce besoin d’un écoulement sans entrave a été renforcé par l’existence d’une source pérenne (mais inégale) qui sourd quelques mètres en amont du tunnel. Quand le Ru coule, ses eaux viennent donc s’ajouter à celle de cette source, qui met au jour des eaux pluviales accumulées sur une couche de marnes plus profonde que celle alimentant le Ru.
Ce ruisseau, depuis quelques millions d’années, a échancré le bord sud-est du plateau, creusant peu à peu un canyon de plaine, ni plus ni moins !
Un canyon est en effet une vallée creuse plus ou moins profonde créée par un cours d’eau dans un massif, le plus souvent calcaire.
Certes, ici, la profondeur de la gorge est modeste, les parois sont peu escarpées, les ressauts sub-verticaux limités à quelques mètres, et les cascatelles peu impressionnantes (quand ça coule), mais on a bien un canyon devant soi.
Il s’est formé grâce au travail de la Marne, qui a elle-même creusé une large vallée, entaillant les plateaux, et donc, sectionnant les strates marneuses imperméables, provoquant ainsi l’écoulement à l’air libre des nappes d’eau les plus superficielles qu’elles supportent.
Ce faisant, il donne une coupe stratigraphique locale, en partie masquée par des glissements et éboulements.
En remontant depuis la source du tunnel, on traverse ainsi environ 12 mètres de marnes et calcaires/caillasses du lutétien supérieur (e5b) (- 43/-41 Ma), puis 32 m d’un ensemble de sables et calcaires du bartonien inférieur (e6a) (-41 /-40 Ma) pour atteindre l’étage marno-calcaire du bartonien moyen (e6b) ( -40 / -38 Ma), majoritairement marneux, et c’est la couche marneuse du plateau qui crée la nappe phréatique alimentant le Ru lors de pluies soutenues et durables et/ou très répétées.
Sur le flanc nord, donc rive gauche, il y a eu une carrière de sable et grès dans le niveau des sables de Bauchamps, ici très clairs et azoïques, avec des blocs gréseux lenticulaires, exploitation abandonnée depuis des décennies. On peut en trouver un petit gisement dans un des ressauts, et constater manuellement la grande finesse du grain, presque « farineux ».
Il y a eu aussi malheureusement un épisode tristement « moderne » de décharge publique sauvage qui voit désormais la berge gauche encombrée de déchets divers et carcasses métalliques encore bien visibles sur une cinquantaine de mètres enchevêtrés dans une végétation anarchique.
Le lit du ru est peu encombré, glaiseux ou rocheux, formant un ravin végétalisé, où mousses, fougères et arbustes divers se développent à la faveur d’un contexte écosystémique protégé des vents et soleil, et le plus souvent humide.
Au printemps, les fleurettes classiques profitent de ces conditions favorables.
Sur le flanc nord, un sentier tortueux permet la jonction avec la RD405, il commence à droite du tunnel par un escalier en pleine terre et démarre peu après sur la gauche du sentier PR.
Voir plan ci-dessous. (En noir)
Parcours non garanti, peut en effet être encombré de végétaux, et peu fréquenté.
Mais, sauf jour exceptionnel, il est très facile et plus original de remonter dans le lit à sec du Ru.
Le tunnel inférieur, (D121), construit en 1812, est remarquable, 30 mètres, 2 m de largeur, 3 m de hauteur sous une voûte plein cintre.
Tout est en moellons de calcaire coquillier soigneusement appareillés, sauf le sol réalisé en pavés de grès formant caniveau central
Le tunnel supérieur, (D405), construit plus tard (date inconnue) est lui aussi d’une très belle facture, 12 mètres de longueur, 1,2 m de largeur et 1,4 m de hauteur. Il comporte un épaulement longitudinal sur les parois.
Au-delà d’un lourd réceptacle en béton moulé amovible, en bordure de champ, on peut voir le débouché du drain de nappe de plateau.
Tout ceci est installé dans un bois protégé, (Cité au PLU de la commune en Zone Naturelle), le ruisseau et le flanc de rive droite étant varreddois.
La rive gauche (comprenant donc l’ex-carrière) est iléo-meldoise.
Au final, une courte promenade instructive et dépaysante pour ce ruisseau et ses deux tunnels, en petite boucle, montée dans le lit du Ru, descente par le chemin latéral !
Il mérite d’être connu et reconnu, à défaut de valoir un grand déplacement pour lui seul.
Peut être intégré dans une randonnée bien classique qui longe le canal successivement sur ses deux berges, PR rive droite/GR 1B rive gauche, la boucle décrite représentant environ 800 m seulement, de la source à la source.
Bonne promenade !